Matt Damon a raison : le monde du cinéma allait mieux quand les DVD étaient des choses courantes, qui se vendaient en millions d’exemplaires, permettant aux studios de rentabiliser des films non bénéficiaires lors de leur sortie en salle. On ne dit pas qu’acheter du format physique est une forme de militantisme, mais presque.
À voir aussi sur Konbini
Ne croyez pas ce qu’on peut lire ici et là : collectionner n’est pas une forme de fétichisme. Qu’il s’agisse de vouloir garder près de soi les films qu’on aime, d’être sûr de pouvoir les visionner quand on le veut (n’oublions pas que les plateformes peuvent lourder à leur bon vouloir les films de leur grille, même les leurs), que ce soit parce qu’on aime l’objet, que l’on veuille soutenir une industrie, que l’on aime prêter des films… Qu’importe. Acheter des films fait toujours du bien.
Tous les mois, nous reviendrons désormais sur les sorties les plus marquantes de ces derniers jours. Depuis la rentrée, un paquet de belles éditions a fait surface, avec des nouveautés, des ressorties en 4K ou encore des films plus rares enfin remis au goût du jour. Que l’on aime les blockbusters ou les propositions d’auteurs, les films français, américains ou d’ailleurs, d’horreur ou de comédie, les documentaires ou les nanars : il y en a pour tous les goûts.
L’un des plus beaux films de l’année, à l’intro mémorable et qui brise le cœur de tout le monde sur son passage. Il ne méritait pas moins qu’une belle édition Blu-ray. Mais l’argument qui pourrait davantage justifier cet achat serait peut-être la présence, dans les bonus, de Columbus, le premier long-métrage de Kogonada, petite pépite inédite en France jusque-là. Un très beau coup de Condor, qu’on ne pouvait pas ne pas souligner.
L’un des meilleurs films de l’année, porté par un immense Denis Ménochet et réalisé par le futur très grand Rodrigo Sorogoyen. Il mérite bien un Blu-ray, que ce soit pour sa propre bibliothèque de DVD ou pour celle de quiconque pour qui vous n’avez pas d’idée de cadeau de Noël. Un grand film ne mérite pas mieux que cela.
Il paraîtra sans doute présomptueux d’écrire ceci, mais on met notre main à couper que vous n’avez jamais vu Casablanca. Et jamais comme cette version UHD, ça, c’est évidemment certain. Ce nouveau scan 4K, célébrant les 80 ans d’un des films les plus culte de l’Histoire, lui offre une profondeur inédite. On redécouvre le vrai noir et blanc (les anciennes versions étaient plutôt grises), on découvre une profondeur de champ, des textures, qui ne font qu’accentuer la beauté évidente de ce long-métrage si important. Tout cela en plus d’être contenu dans un coffret avec carte postale, poster, livret, et plus encore.
Six ans après son dernier chef-d’œuvre, le réalisateur derrière Old Boy ou JSA est revenu sur la Croisette avec un sublime thriller hitchcockien. Récompensé pour sa mise en scène (qui est tout bonnement incroyable), il ne faudrait pas retenir uniquement ça. Le casting, porté par une Tang Wei en grande forme, et son intrigue scindée en deux en font un des meilleurs longs de 2022, du genre qu’il faut avoir dans sa bibliothèque à tout prix.
Depuis quelques mois, les restaurations 4K se multiplient. Celles-ci ayant un certain coût, on doute que tous les films y aient droit (tout de suite, pour l’instant) sachant que certains d’entre eux, édités en DVD, ne l’ont jamais été en Blu-ray… On ne peut donc qu’être ravis de voir des comédies, culte, certes, mais toujours mésestimées avoir le même sort que des drames. Didier méritait bien cette édition Pathé assez sublime, qui nous rappelle le génie de Chabat et à quel point Bacri nous manque.
Au milieu des années 1970, un certain Walter Hill est recruté par la Fox pour réécrire le script prometteur mais visiblement boiteux d’un film qui deviendra par la suite Alien. L’homme fut le favori de la Fox pour réaliser ce film devenu culte. Mais face au budget et à l’ampleur des effets spéciaux, il préfère se retirer et laisser la place à Ridley Scott. La version officielle est qu’il voulait réaliser un autre film : Driver. L’un est devenu culte, l’autre est tombé dans l’oubli – ou presque. On pourrait dire que le calcul n’a pas été très bon pour Hill. Il faut pourtant voir cette version restaurée pour comprendre l’intérêt de son entreprise, que ce soit pour Isabelle Adjani dans un de ses rares rôles hollywoodiens ou pour une séquence de course-poursuite qui a influencé des tas de cinéastes, Winding Refn et son Drive en particulier. Un peu culte aussi, donc.
Il fallait bien un grand cinéaste comme Tornatore (Cinema Paradiso, Malèna) pour s’attaquer au mythe, à la légende Ennio Morricone. Ce dernier, parti il y a plus de deux ans déjà, est sublimé dans ce long documentaire rempli de témoignages qui conte la grande histoire de ce musicien dont le parcours fut chahuté – que ce soit par son père, son affront des aînés, et ses expérimentations. La plus belle déclaration d’amour à la musique et au cinéma qu’il soit.
Les tribulations de Zendaya et la clique d’Euphoria ont encore foutu une claque à quiconque a regardé la deuxième saison de l’excellente série HBO, critiquée, loin d’être parfaite, mais importante malgré tout. Et qu’on serait fiers de montrer à nos grands-parents à Noël.
Jim Jarmusch a toujours abordé un genre avec sa propre patte, son rythme, son amour de l’image, et le décalage évident entre les codes dudit genre et son ADN. Repensez à son approche du western (Dead Man), du film à sketch (Night on Earth), ou du film de vampire (Only Lovers Left Alive). Une de ses plus belles œuvres, son film sur la mafia – qu’il tourne autour d’un criminel discret et mutique ne jurant que par le livre phare des samouraïs de Yamamoto Tsunetomo, Hagakure –, s’offre enfin un remaster en 4K. On aurait aimé l’avoir en UHD, mais ce sera pour une prochaine fois. L’édition en place est suffisamment belle pour être vue et revue, encore et encore.
Un des derniers rôles d’un Humphrey Bogart vieillissant (et un de ses meilleurs, sans l’ombre d’un doute), un des films les plus importants de Mankiewicz – le seul qu’il a écrit, produit et réalisé –, une critique acerbe de Hollywood qui ne montre que l’envers du décor d’une industrie qui se moque des individualités, un drame beaucoup plus profond et intelligent qu’il n’en a l’air. Un film méconnu et qui méritait depuis fort longtemps une aussi belle édition.
Alors qu’il démarre sa carrière à une époque où le long-métrage n’est pas la forme privilégiée, John Ford enchaîne les tournages. Rien qu’entre 1917 et 1920, le cinéaste aurait réalisé plus de trente films. Il n’en reste aujourd’hui que trois, réunis dans un très beau coffret indispensable aujourd’hui en Blu-ray, que vous soyez un aficionado du western, de Ford ou de l’histoire du cinéma, ou tout simplement curieux. Car on y retrouve déjà l’ADN de ce que fera le cinéma de John Ford, de la rédemption du bad man aux larmes devant la tombe, sans parler des images qu’il reprendra quasiment à l’identique à l’avenir. On vous conseille de démarrer par le très beau Ranch Diavolo, de lire sur le sujet, avant de vous embarquer dans un marathon John Ford qui sera dès lors incontrôlable. Un coffret important, donc.
On résume bien trop souvent l’horreur italienne à Dario Argento ou Mario Bava. Ce serait oublier le grand Fulci, dont la filmographie contient son lot de pépites. Frayeurs, L’Au-delà… Mais aussi La Maison près du cimetière, peut-être un peu moins connu des non-aficionados. Sorti peu après Amityville ou Shining, ce film de maison hantée habitée par une famille dont l’enfant a des facultés extralucides est néanmoins à part, rien que pour la monstruosité des images, que ce soit grâce aux effets gores ou la représentation de l’ancien médecin, Freudstein, qui hante la cave – et qui est tout bonnement horrible, notamment en 4K. Un grand film d’horreur, malgré les apparences.
Un de nos plus gros coups de cœur de l’année, et l’un des succès surprise de 2022 au box-office. Ce film méritait bien une sortie en Blu-ray. L’enquête autour d’un féminicide qui ne sera jamais résolu (ce qui est indiqué dès les premières secondes du film) met le spectateur dans la peau d’un enquêteur, fouillant tout le long-métrage à la recherche du moindre indice – en vain. Porté par un grand Bastien Bouillon, ce thriller français a toute sa place à côté de votre télé, sous le sapin, et dans votre cœur.
Un réalisateur culte (l’homme derrière Citizen Kane, La Soif du mal ou Othello), un livre culte (signé Kafka), un casting XXL – comprendre Anthony Perkins (Psychose), Romy Schneider ou encore Jeanne Moreau –, et maintenant une version UHD absolument sublime. Vous n’avez aucune excuse pour passer à côté, vraiment aucune.
Vous connaissez la série culte Il était une fois… la Vie et toutes celles qui ont suivi – son dessinateur Jean Barbaud était venu nous raconter sa folle histoire il y a quelques semaines. Saviez-vous néanmoins que les créateurs ont également fait un film de SF dans l’espace ? Oui, un film d’animation, dans les années 1980, ambiance Star Wars, avec des personnages chers à notre cœur, et totalement tombé dans l’oubli. Carlotta l’a ressorti en salle en octobre 2022 en version remasterisée et dans une version Ultra Collector un mois plus tard, comprendre un coffret avec plein de petits bonus (comme des stickers ou le fac-similé de l’album du film). Il vous faut quoi de plus ?
L’ultime saison de la célèbre série de Tommy Shelby et consorts mérite bien une version physique. Et tandis que les coffrets de cette saison, désormais complète, sortent pour les fêtes, il se peut que certains d’entre vous, comme l’auteur de ces mots, aient déjà les précédentes en Blu-ray. Arte a pensé à tout, à vous, et on les remercie bien chaleureusement. De la part des Peaky fucking Blinders.
Un de nos gros coups de cœur du Festival de Gérardmer, un des trucs les plus craspouilles qu’on ait pu voir en 2022. Il se devait évidemment d’être sur notre étagère. Néanmoins, quelle ne fut pas notre surprise quand ESC a dévoilé que non seulement le film sortirait en Blu-ray 4K (chose rare pour des sorties horrifiques non issues de gros studios américains), mais de surcroît dans un coffret en édition limitée contenant des photos, affiches et un carnet du storyboard de la meilleure scène du film. Non pas qu’il ne le mérite pas, au contraire, mais parce que ce genre d’opérations demeurent trop rares pour l’instant. On applaudit et encourage toute entreprise de ce type – qui n’arrivera que si le public est là.
Deux militaires traumatisés par le conflit au Viêt Nam, interprétés par JCVD et Dolph Lundgren, s’entretuent avant d’être ressuscités vingt-cinq ans plus tard par le gouvernement dans le but d’en faire des soldats du futur. Sauf que leurs souvenirs vont revenir et vont péter à la tronche du gouvernement, les deux s’affrontant comme s’ils étaient encore sur place. À première vue, vous vous dites “Pourquoi s’infliger ce nanar ?”. Ce serait passer à côté de tout l’intérêt du film : un des tout premiers de Roland Emmerich (Independence Day, Godzilla, 2012), un des meilleurs rôles de Van Damme, plus sobre et moins caricatural que ce que vous connaissez de lui, un petit brûlot politique contre la déshumanisation de la guerre poussé par les États et enfin une remasterisation 4K assez sublime. Et c’est sans parler du magnifique packaging façon VHS d’ESC contenant, en plus du poster, des photos. Indispensable, donc.
S’il travaille depuis près de vingt ans, il est possible que vous découvriez seulement le nom de Tetsuya Mariko. Le cinéaste japonais issu de cette nouvelle scène que l’on ne connaît que trop peu par ici a des choses à raconter, que ce soit avec l’escalade de violence dans Destruction Babies récompensé à Locarno ou avec l’amour destructeur dans Becoming Father. Deux longs inédits, accompagnés des premiers courts, d’un futur grand.
L’annulation qui nous a le plus brisé le cœur, la saison 4 de la série ne concluant vraiment pas le grand récit entamé il y a des années. Le show aurait mérité une dernière aventure pour terminer cette belle histoire. Maintenant que tout est fini pour Dolores et compagnie, ne nous reste plus qu’à revoir, en 4K cette fois, les quatre saisons – et les nombreux bonus. Encore, et encore.