De Renoir, vous connaissez sans doute le Bal du moulin de la Galette ou Le Déjeuner des canotiers. Peut-être connaissez-vous ses sculptures ou quelques-uns des 4 000 tableaux qu’il estime avoir réalisés au cours de son existence, de son adolescence à sa mort – survenue en 1919, à ses 78 ans. Peintre prolifique, l’impressionniste a continué de créer jusqu’à disparaître et alors qu’il souffrait d’une polyarthrite chronique qui raidissait ses articulations et ankylosait ses mains de façon “irrémédiable”, explique une séance de l’Académie des sciences et lettres de Montpellier intitulée “Pierre-Auguste Renoir – Un rhumatisant exemplaire”.
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Malgré des “exercices d’entraînement” effectués “dans son atelier”, le peintre ne disposait alors pas de traitement adapté. “Il se bourrait d’antipyrine et de drogues diverses”, note tout de même l’Académie, et voyait sa maladie inflammatoire gagner du terrain. Pas suffisamment, cependant, pour le forcer à arrêter la peinture. Au galeriste Ambroise Vollard, il aurait un jour déclaré, goguenard : “On n’a pas besoin de la main pour peindre ! La main, c’est de la couillonnade.”
Une légende tenace raconte qu’on lui coinçait ses pinceaux entre des bandelettes pour qu’il continue de peindre. La rumeur est infondée, affirme Radio France, qui explique que les bandelettes en question servaient “à protéger ses paumes de la douleur des ongles qui s’enfonçaient dans la chair sous l’effet de sa maladie” et que Renoir tenait plutôt ses pinceaux entre ses doigts recroquevillés.
Une vidéo de 1915, qui montre le peintre face à son chevalet, confirme la théorie. Très maigre et raide, il peint grâce à l’aide de son jeune fils Claude, alors âgé de 14 ans, qui place différents pinceaux entre les doigts de son père. Se décalant d’avant en arrière, le vieil artiste se concentre uniquement sur sa toile, heureux d’avoir au moins “gardé ses yeux”. Pendant près de trois minutes, le réalisateur Sacha Guitry filme l’artiste chez lui, tout à son œuvre.
L’extrait provient des pellicules du cinéaste français, alors en pleine réalisation de son film documentaire Ceux de chez nous, un projet imaginé “en réaction à une proclamation des intellectuels allemands exaltant la culture germanique”, note Unifrance. Le moyen-métrage rassemble de grandes personnalités inspirantes pour le réalisateur, à l’instar de Sarah Bernhardt, Edgar Degas, Jane Faber, Auguste Renoir, Camille Saint-Saëns ou encore Claude Monet, dans son jardin à Giverny.