“Le hasard ou la chance”: premier succès international
À voir aussi sur Konbini
Konbini | Salut Sopico ! Comment te sens-tu en cette fin d’année ?
Sopico | Ça va très bien. Plus le temps passe, plus les projets deviennent concrets, et plus je prends du plaisir à dévoiler une partie de mon travail aux gens qui me suivent. J’ai sorti un petit projet il y a à peu près un mois et là, je m’apprête à dévoiler un autre projet en 2018. Je ressens un mélange entre impatience et stress positif.
2017, c’était une année intermédiaire entre deux projets : le premier Mojo et le prochain Yë. Qu’est-ce qui s’est passé pendant un an ?
Essentiellement du travail créatif. Durant la première partie de l’année 2017, j’étais assez calme, j’ai surtout défendu le projet Mojo (sorti en 2016) à travers des clips. J’ai aussi participé aux projets de certains artistes comme L’Ordre du Periph ou Sheldon.
J’ai pu commencer à faire un peu de live et surtout beaucoup de taf en studio pour affiner ce que je voulais faire au niveau de la production. J’ai appris avec l’aide de producteurs et d’artistes à utiliser le studio de manière plus approfondie.
Un des gros moments de cette année, c’était ta session Colors qui a déjà été visionnée plus de 2 millions de fois. Comment cela a-t-il changé tes perspectives ?
C’était une expérience de fou. Les équipes de Colors m’ont contacté pour que je réalise une session. Je me suis déplacé à Berlin et j’ai tout de suite senti quelque chose de très naturel dans le contact qu’ils peuvent avoir avec les artistes. Cet aspect instinctif, j’ai essayé de le traduire dans ma session.
Le fait que la vidéo ait beaucoup tourné, ça a permis aux gens en France de me découvrir : les professionnels, les maisons de disques, les labels, les tourneurs. Cela a apporté quelque chose de très valorisant pour ma musique, j’en suis fier et heureux.
Aujourd’hui, j’ai ma passion entre les mains et j’ai envie de la manipuler le plus possible car c’est quelque chose qui nourrit mes états d’âme et ma façon de vivre. Le Colors m’a donné une grande force à ce niveau. La possibilité de faire un deuxième est complètement ouverte.
Hors du rap : l’écriture de la campagne Walk In Paris
En 2017, tu as été l’auteur et le narrateur d’une campagne vidéo pour la marque Walk In Paris, qu’est-ce qui t’a séduit dans ce projet ?
Les gars qui ont créé la marque Walk In Paris sont des amis et des personnes que je respecte énormément. Quand ils m’ont contacté pour me dire qu’ils voulaient que je participe à l’élaboration d’une campagne à travers l’écriture et la narration, j’ai accepté. Je me suis mis dans ma bulle pour écrire le texte. Ça a été quelque chose de super spontané.
J’aime quand le travail est instinctif. Bien sûr, il y a toujours un gros effort de réflexion sur les directions artistiques quand tu composes un morceau. Il y a aussi une dose d’impulsivité qui est importante pour imposer sa singularité. Ce projet allait dans ce sens. Il m’a motivé du début à la fin.
A l’heure actuelle, je suis en train de tafer sur différents projets de ce type. Je prends beaucoup de plaisir à m’écarter du rap pur et dur. C’est une part de mon ADN de réfléchir comme ça car j’ai un problème avec les carcans et les cases. J’ai tendance à vouloir en sortir, à vouloir y être de temps en temps, mais surtout à vouloir en sortir.
Ëpisode 1, un projet intermédiaire et autoproduit
Peux-tu nous parler d’Ëpisode 1, qui est un projet intermédiaire entre deux autres plus longs ?
Ëpisode 1 est le premier acte de la série “Ëpisode” qui interviendra entre mes projets plus longs. C’est un avant-goût de Yë et le projet Ëpisode 2 sera un avant-goût du projet qui viendra juste après. Le premier titre, “Étrange enfant”, est un morceau très rap, “Garance” est un morceau hybride qui dure 7 minutes – d’abord assez sombre et puis très clair sur la deuxième partie. Le dernier, “La nuit”, est un guitare-voix aussi triste que plein d’espoir. Dans l’ensemble, ces trois titres représentent bien cette nuance dont je veux imprégner ma musique.
Je veux partager les émotions que je ressens et que beaucoup peuvent ressentir à travers des thèmes comme la famille, les amis, le sentiment de confiance en soi, le désir mais aussi les états d’âme sombres. Il ne faut pas avoir peur d’exprimer ses peurs, ni ses envies.
Ëpisode 1 était aussi ton premier projet complètement autoproduit ?
L’année dernière, je ne faisais pas de prod’. Le fait de m’impliquer désormais dans la production m’a permis d’avoir une plus grande liberté. Quand je décide d’impliquer une émotion dans les paroles, je peux aussi contrôler la musique qu’il y a derrière. Je me sens aussi plus à l’aise quand je travaille avec un beatmaker car j’ai plus de certitudes quant aux éléments qu’on va pouvoir utiliser dans un morceau.
Dans ce projet, on a l’impression que la guitare ressort plus que dans les précédents…
Dans Ëpisode 1, il y a de la guitare sur tous les morceaux. Je voulais la remettre en avant sur ce projet car c’est mon instrument de prédilection. Je pourrais lui donner plein de noms. C’est un pilier, une amie quand je suis dans un mood un peu triste, l’outil qui me permet de composer et de faire passer mes émotions … Cet objet fétiche m’accompagnera toute ma vie et en 2018, je compte la mettre en avant sur scène.
Le projet Unplugged, inspiré de Nirvana
Tu as sorti le morceau “Bonne étoile”, sous forme de session Unplugged, raconte-nous…
Je défends un projet qui s’appelle Unplugged. C’est une série de vidéos qui va sortir tous les premiers du mois — de décembre à juin — qui mettra en valeur mon rapport au guitare/voix, à la réédition de morceau et à la chanson. Mes influences sont très larges et très diverses. Elles vont de la chanson au rap, en passant par la musique électronique, le rock et le reggae. Je n’ai jamais été fixé dans mes goûts musicaux et cela se ressent dans ma musique, notamment dans cette série Unplugged. J’aime les contre-pieds, les surprises et c’est ce que je souhaite défendre à travers ce projet.
Unplugged, ça rappelle forcément Nirvana. De plus, un des morceaux de ton prochain projet se nomme “Nevermind”, quel est ton rapport à ce groupe ?
J’ai adoré Nirvana. C’est un groupe de rock qui a fait des morceaux très puissants mais qui a aussi produit des titres très doux, en même temps que violents. J’apprécie cette dualité que le groupe proposait au public. Kurt Cobain était un chanteur rempli de force et de brutalité tout en restant une personne très fragile. Je respecte énormément les nuances dans la musique.
Leur concert MTV Unplugged reste une référence live énorme pour moi. Il m’a aussi donné envie de faire de la guitare tout comme celui de Lauryn Hill dont je considère la performance comme incroyable et indémodable.
Yë, le projet mère
Ton futur projet, dont est extrait le morceau “Arbre de vie”, se nomme Yë, qu’est-ce que cela veut dire ?
Yë, ça veut dire plein de choses pour moi. Ca vient en partie de l’onomatopée américain “yeah”. En dehors de ça, je suis Algérien kabyle. Dans le dialecte kabyle, “Yemma”, ça veut dire “maman”. C’est donc un mélange des deux.
Pour moi, c’est mon projet “mère”, c’est celui qui va vraiment faire naître ma musique de manière entière. Je produis tout, j’interprète tout, j’écris tout et je défends le cadre créatif dans lequel il sort car je suis impliqué corps et âme dans les clips, leur écriture, le graphisme, la com’. Je suis la mère ou plutôt le père de ce projet.
Je l’ai aussi appelé Yë car quand je réécoutais les premiers morceaux de la maquette et que je n’avais pas encore de nom pour le projet, je me suis rendu compte que je disais “yeah” une phrase sur deux. C’est devenu le mot récurrent et du coup, il lui a donné son nom au projet.
Qu’est-ce que tu peux me dire sur ce projet ?
Sur Yë, il y a 14 morceaux avec 14 couleurs, parfois complémentaires, parfois opposées. “Bonne étoile” est un guitare-voix quand “Arbre de vie” est un morceau sombre qui a cependant un rapport au rythme qui est assez dance hall, assez caribéen dans le drum rack et la constitution des batteries.
Cela me permet d’apporter une nuance car la plupart du temps, les morceaux avec ce type de rythme sont fait pour danser. Je ne sais pas si “Arbre de vie” est fait pour danser car il reste un morceau assez triste dans le propos. Pour autant, il ne l’est pas complètement car il porte une petite lueur d’espoir.
A contrario, dans “Bonne étoile”, je parle plus d’espoir que de tristesse mais il y a quand même un peu de mélancolie. Je ne saurais pas quantifier les niveaux de positivité ou de négativité du projet. Tout s’y mélange.
En 2018, tu vas donner plusieurs concerts à l’étranger à partir de janvier, comment appréhendes-tu cela ?
C’est une volonté ultra-forte pour moi de ne pas me limiter aux frontières hexagonales. J’ai toujours eu envie de jouer dans la francophonie, en Belgique, en Suisse, au Canada, mais j’ai aussi la volonté de défendre la langue française dans des endroits où les gens ne la parlent pas. En ce moment, on est en train de préparer un parcours live qui va dépasser cette francophonie. On va faire des concerts en Angleterre, en Allemagne, en Espagne.
Ça ne te fait pas peur de jouer dans un pays où les gens ne peuvent pas comprendre ce que tu rappes ?
Un des trucs qui me fait sans doute le plus plaisir à l’heure actuelle, c’est d’avoir la chance et la possibilité de me représenter dans des endroits où je ne suis pas forcément attendu et de pouvoir jouer mes morceaux face à des gens qui seront sûrement surpris de voir un artiste développer des sons qui ont des couleurs différentes que ce qu’ils peuvent entendre dans le paysage musical de leur pays.
J’ai toujours eu envie de faire ça. Pour moi, le prisme artistique ne peut se limiter qu’à la compréhension de la langue. En France, on écoute des artistes venus de tous les horizons. Personnellement, j’écoute beaucoup d’artistes italiens e asiatiques… Cette capacité d’appréciation de la musique étrangère, je la ressens et si j’ai la possibilité de la faire ressentir ailleurs, ce serait une chance et un plaisir.
Tu parlais de projet hors rap, t’as le droit d’en parler ?
Je suis en train de travailler sur un gros projet textile, entre le merch et la marque de vêtements. On a déjà les premières pièces de ce projet qui va représenter mon état d’esprit. Je bosse aussi sur des projets créatifs qui n’ont aucun rapport avec la musique. J’aime l’image, je suis fan de cinéma, de littérature, de mangas et de bandes dessinées. En ce moment, je bosse dans ces divers domaines, et ils verront le jour durant l’année 2018.
Dans Ëpisode 1, tu parles de rêve dans chaque morceau, quel est ton rêve, du moins pour 2018 ?
Je suis en plein dedans puisque mon rêve premier, c’était faire de la musique. Ce n’est cependant pas le seul. Un de mes rêves les plus forts, c’est de voyager. Je vois des choses sur Internet, dans les magazines, les livres, des choses que je n’ai jamais pu voir de mes propres yeux et que j’ai envie de découvrir pour en faire la base de ma musique dans le futur.
Je pense que c’est bien de réaliser que les rêves se mélangent, qu’avoir un seul rêve et y aboutir, ce n’est pas une finalité. Le tout, c’est de réussir à faire en sorte que d’un rêve à l’autre, la magie se passe. Aujourd’hui, la musique me permet de voyager puisque j’ai l’occasion de pouvoir me représenter dans d’autres endroits. C’est une expression de mes rêves qui me réussit beaucoup.
Sopico sortira son projet Yë le 26 janvier prochain.