“Cela fait des années que la cérémonie n’a pas été aussi courte, c’est vraiment super.”
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Il ne faut pas mal interpréter la phrase la plus répétée à notre arrivée au dîner officiel des César. Ce n’est pas tant que le public présent, des professionnels principalement et quelques invités, s’ennuie pendant la remise de prix — objectivement, quand on est assis dans l’Olympia, le temps passe bien plus vite que devant le téléviseur. Non, et puis, cette année, cela s’est terminé littéralement une heure avant l’édition 2022 (23 h 40 contre 0 h 30). Non, c’est que tout le monde a hâte d’arriver à la suite.
La suite, c’est un rendez-vous au Fouquet’s, privatisé à l’occasion comme tous les ans depuis 1977 — c’est bien ce qu’il faut pour accueillir les 750 chanceux invités à festoyer communément. Tous les récompensés et nommés (ou presque) se donnent rendez-vous pour profiter, certes, d’un menu de reine et de roi signé Pierre Gagnaire, mais pour se retrouver, et célébrer ensemble.
Brad Pitt saluant le chef Pierre Gagnaire (© Arthur Cios)
Forcément, devant l’entrée du restaurant, des centaines de fans, prêt à dégainer leur portable pour un selfie. Certains joueront le jeu plus que d’autres. Puis, en entrant dans l’antre, c’est une tout autre ambiance. Les 150 serveurs sont placés à gauche, à droite, attendant que les nombreux invités — on est arrivés tôt, il est vrai — débarquent.
Un repas pas comme les autres
Au départ, l’ambiance est à la fête et aux retrouvailles. Ça s’enlace, ça se félicite. Tous·tes les récompensé·e·s, portant la récompense sacrée avec eux, se font congratuler de toutes parts. L’apéritif s’étire un peu, car il manque encore certains convives de marque. Puis, débarque un certain Brad Pitt, qui arrête tous les regards sur son passage. À commencer par la nommée aux espoirs féminins, notre chouchoute Mallory Wanecque, qui a du mal à y croire.
Il se trouve que la table à laquelle nous sommes conviés, la 14 en l’occurrence, est littéralement à une table (à 10 mètres certes, mais tout de même), de celle d’honneur. On y voit donc David Fincher, Virginie Efira (enfin récompensée), le président Tahar Rahim, et donc ce cher Brad Pitt. Une fois cette tablée installée, le menu peut débarquer.
Il est 1 heure passée quand on goûte à une entrée comme pas deux : sous un voile blanc se cache une chiffonnade de volaille fermière hyper fondante en bouche, accompagnée d’une purée d’épinards aux navets superbe. Le tout entouré d’un velouté de topinambours. Si l’on doit être honnête deux minutes, à la table des journalistes à laquelle je suis convié, tout ceci est gobé à vitesse grand V. Parce qu’on veut se mélanger, certes, mais surtout parce que c’est particulièrement exquis.
(© Arthur Cios)
On m’avait prévenu : “Tu verras, au moment du fromage/dessert, c’est là que ça devient rigolo, chacun se lève et va à la table de son voisin.” Cela s’est produit bien plus vite que prévu car, à peine ma dernière cuillère de velouté en bouche, on aperçoit Benoît Magimel sortir de table, éviter la horde de personnes venues se prendre en photo avec l’invité VIP de la soirée, et s’installer à une table, puis à une autre à notre droite — spoiler : il y passera la soirée.
Le plat principal ne se fait malgré tout pas attendre. Car dans le brouhaha actuel, l’alcool coulant encore, les estomacs ne sont pas encore remplis. Malgré les errances d’Alice Diop ou Audrey Diwan, que l’on a beaucoup vue avec sa future Emmanuelle et sa fraîchement couronnée Noémie Merlant, l’attitude est encore “scolaire”, en attendant de voir débarquer le plat de résistance.
En l’occurrence, une endive farcie d’une mousseline de pomme de terre aux câpres. Du genre à réconcilier tous les récalcitrants traumatisés des chicons de cantine. Avec une légère trace d’amertume en fin de bouche, le plat est d’une douceur étonnante — contrecarré par des petits croûtons très bien vus, la petite acidité des câpres, et des petits bouts de carmine. Un régal.
(© Arthur Cios)
Effectivement, comme prévu, le repas prend alors une tout autre tournure. Tandis que la moitié des convives enchaîne les pauses clope devant le restaurant, profitant pour les plus aimables pour faire quelques selfies avec les plus courageux restant malgré le froid glacial, l’autre bouge sans cesse. On croise Pio Marmaï, qui lui traîne à la table du film En corps avec François Civil, et Marion Barbeau, ou Irène Drésel, justement récompensée pour sa sublime musique d'”À plein temps”.
Certaines tablées ne bougent pas. À commencer par celle de La Nuit du 12, grand gagnant de la soirée, où il fait bon de passer une tête de temps à autre — rien que pour les blagues de Bouli Lanners, particulièrement en forme. Marina Foïs, bien qu’elle se balade partout, ne s’éloigne jamais trop du réalisateur Rodrigo Sorogoyen, césarisé pour le grand As Bestas.
À croire que le dessert n’intéresse plus autant que le reste du repas. À tort, puisque ce croquant caramel, avec la dacquoise noisette et son jus de clémentine est à tomber. Bon, ne nous leurrons pas : il n’en restera pas une bouchée, ou presque. Tout part à une vitesse grand V, mais pour mieux repartir.
(© Arthur Cios)
C’est le départ de Brad Pitt qui va relancer le bal. Une fois la grande star partie, l’ambiance peut redevenir bon enfant, moins tendue. On peut enfin approcher la grande table et discuter sereinement avec les invité·e·s, remercier Virginie Efira d’avoir cité le sublime film de Rebecca Zlotowski dans son discours, échanger avec Niels Schneider sur des films à venir, et plus encore.
Les plus courageux se dirigeront, une fois les 3 heures pointant le bout de leur nez, vers un club du 9e arrondissement. On rentrera de notre côté, avec le ventre plein et le souvenir d’une soirée peu commune.
On ne sait pas si le cinéma français est bel et bien une grande famille, mais ce repas ressemblait à une bien belle réunion.
Article rédigé dans le cadre d’une invitation par le groupe Barrière et l’agence Pascale Venot.