“On a fait ça à l’instinct” : les 14 clips de BDLM VOL.1 de Tiakola racontés par leur réalisateur, Alex Haze

BDLM TV+ (les coulisses de la série)

“On a fait ça à l’instinct” : les 14 clips de BDLM VOL.1 de Tiakola racontés par leur réalisateur, Alex Haze

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© Chaîne Youtube de Tiakola. Réalisation par Alex Haze.

Faire 14 clips en trois semaines, le défi était de taille, et il a été relevé avec brio afin de concocter une mixtape visuelle inédite.

Vendredi 20 septembre, Tiakola dévoilait sa mixtape BDLM VOL.1, et comme si ce n’était pas suffisant, il sortait, dans la surprise la plus totale, 14 visuels sur sa chaîne YouTube. Un événement dans l’événement qui a forcément joué sur la réception du projet sur les réseaux sociaux. 14 miniclips accompagnant tous les titres du projet, c’est un beau coup de projecteur supplémentaire et une idée un peu folle quasiment jamais vue dans le rap français (le rappeur Keeqaid l’a récemment expérimentée, mais sous forme de boucle, à l’occasion de la sortie de son projet PARTICIPE). Il fallait donc qu’on se penche sur la réalisation de ces visuels, et qui de mieux que leur réalisateur, Alex Haze, pour nous parler des coulisses d’un travail réalisé en trois (courtes) semaines.

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Tiakola et Alex Haze se côtoient depuis plusieurs années déjà. En 2018, Alex réalisait le clip du freestyle “Boosk’À Coeur Ouvert” alors que Tiako faisait encore ses armes dans son groupe de l’époque, la 4Keus. Alors quand on lui propose de travailler une nouvelle fois avec lui, Alex ne se pose pas vraiment la question. Au départ, l’idée est simplement de créer des visualizers pour YouTube (fameuse boucle de plans qui permet d’apporter de l’image à moindre coût). Mais rapidement l’idée grandit, en même temps que l’ambition. Le réalisateur se souvient : “On s’est rendu compte qu’on avait le potentiel pour faire plus que des boucles de 30 secondes, donc ensuite, on s’est donné quatre heures pour faire un miniclip et ainsi de suite.”

Côté timing, c’était chaud. Alex a fêté ses 28 ans le 16 septembre sur le tournage du clip de “Y.J (C’EST KO)” en collaboration avec Ronisia ; quant à “1h55” en featuring avec Hamza et Rsko, il a été tourné le mercredi 18 septembre au soir, soit deux jours seulement avant la sortie des visuels : “On a commencé les tournages fin août, c’était sport de tout rentrer dans les temps, tout s’est vraiment enchaîné hyper vite, mais il y avait tellement d’euphorie communicative et de bonnes énergies que je n’ai même pas ressenti la fatigue.”

Il raconte que les tournages démarraient vers 17 heures, parfois plus tard. Dès que les rushs étaient en boîte, Alex rentrait dans la nuit afin de se mettre directement sur le dérushage et monter le plus rapidement possible : “En fait, quand on tournait, le lendemain, il y avait déjà quasiment une V1 de prête à chaque fois, et à 17 heures, on repartait sur un nouveau tournage. Même s’il était 3 heures du mat’, j’avais directement envie de rentrer et de me mettre sur le montage parce que je savais qu’on avait capté des images, un mood, que je voulais tout de suite retranscrire.”

Tiakola m’a dit : “Faut juste laisser vivre le moment, que ça transpire”

Pour réaliser un projet de cette ampleur, il fallait évidemment un Tiakola ultra impliqué. “Il n’était jamais crevé et toujours dispo, une dinguerie.” Mais également une équipe solide, comme l’explique Alex : “Gros big up à l’équipe de Tiako mais aussi à Mylan Aké, à chaque fois c’est mon nom sur les visuels mais il n’y a vraiment pas que moi, tout le monde apportait sa pierre.” Si Tiakola est ce qui se fait assurément de plus professionnel dans le milieu, Alex le concède, il y avait aussi une part de débrouillardise, de fait maison, de feeling. “On ne peut pas dire que c’était réalisé à l’arrache, mais tout était quasiment fait à l’instinct, et c’est ça qui donne ce charme aux visuels.”
 
Pour imager son propos, Alex nous propose de regarder le clip de “PONA NINI” :
 

“Ce clip a vraiment été un déclic en termes d’énergie. Alors qu’il n’y a que quatre prises ! On a mis quatre fois le morceau à la station-essence et tout est là-dedans. Ce qui fait la force des visuels, c’est la sincérité qui en ressort. Parfois, dans le montage, j’ai laissé des play-back un peu bancals (cf. : ‘PLAISIR NOCIF’ feat. SDM et Liim’s) car on a voulu garder l’ambiance intacte. Pour ‘PONA NINI’, de base, je voulais faire un plan unique au trépied et c’est Tiako qui m’a dit : ‘Non, il faut qu’il y ait du monde, que ce soit en détente, faut juste laisser vivre le moment, que ça transpire.'”

Avoir réussi à retranscrire cet esprit sincère dans tous les visuels de BDLM VOL.1, c’est une chose. Avoir pu compter sur tous les invités de la mixtape dans les visuels, c’en est une autre. Une victoire sûrement aussi belle que celle d’avoir envoyé 14 clips en même temps. Alex raconte la pression qui a opéré sur les équipes pendant toute la durée des tournages : “Tout le monde a joué le jeu. On chamboulait tous nos plannings quasiment du jour au lendemain pour pouvoir s’adapter au calendrier de chacun.”

Un investissement de la part de tous les artistes qui démontre que tous ont donné du leur pour un projet qu’ils savaient fort et mené par un artiste qui semble faire l’unanimité, qui a toujours fait preuve de respect pour ses pairs et qui continue de le faire via cette mixtape collaborative mêlant artistes bien installés et espoirs de la musique française (Merveille, Jolagreen23, Saaro, Ryflo, Oskoow…). “Au final, c’est trop bien que les artistes moins identifiés puissent aussi profiter de la visibilité apportée par un visuel.” Une phrase prononcée par Alex Haze qui résonne avec une autre rappée par Tiakola dans son featuring avec Saaro :

“Avant d’partager des milliers, j’partageais même les centimes”

Lorsqu’on questionne Alex sur le marché du clip fortement décrié ces dernières années, voilà ce qu’il répond : “Il y a de moins en moins de clips forts, on sent que ça s’essouffle un peu, je pense que là, le gros coup qu’on a fait, c’est de sortir les 14 d’un coup, c’est un peu une stratégie inversée car quand tu regardes les visuels, c’est l’énergie qui fait tout et tu ne peux pas mettre ‘Clip officiel’ à côté.” Serait-ce la solution pour relancer l’avenir du clip ? Alex n’en est pas complètement certain et se demande encore si cette idée sera reproduite par d’autres artistes séduits par l’idée. L’impact réel de ces 14 clips auprès du public et de l’industrie est encore difficilement quantifiable. Un bruit soudain et déjà lointain ? Ou encore bien présent dans la tête des gens ?