En février dernier, le mot était lâché : on apprenait que le paternel de Lana Del Rey allait se lancer dans les pas de sa fille avec un premier album intitulé Lost at Sea. Entre curiosité et amusement, la fanbase de Lana s’est empressée de soutenir la jeune pousse musicale de 69 ans pour ses premiers pas en musique, faisant de lui le premier nepo daddy de l’Histoire, un titre que le pianiste s’est réapproprié, jusque dans son merch.
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Alors qu’on avait l’espoir que Robert Grant nous mette les mêmes claques que sa fille Elizabeth Grant (vrai nom de Lana Del Rey), on reste un peu sur notre faim face à ce recueil de mélodies au piano, bien produites, bien écrites, bien exécutées, mais trop peu stimulantes, pour ne pas dire un peu barbantes.
Du piano scolaire
“Je sais que je ne suis pas Joni Mitchell. Mais j’ai un père qui joue comme Billy Joel” chante Lana Del Rey sur l’album. Et il faut se le dire : elle n’a pas tout à fait tort. Car Rob Grant est un bon joueur de piano, il maîtrise l’instrument, mais ça s’arrête là. Les émotions, elles, peinent à nous atteindre, bloquées par le côté “scolaire” des enchaînements de notes, prévisibles et pas vraiment excitants, ou le côté trop classique d’un genre qui a déjà du mal à se refaire sa place aujourd’hui.
Même l’apport électronique des producteurs Jack Antonoff et Luke Howard, qui insuffle un esprit ambient et enrobant à l’ensemble, ne suffira à nous convaincre. La démarche est sympa, tout l’univers autour de sa passion pour la voile et l’océan, on accroche, mais le produit final risque de se faire oublier trop rapidement, à l’exception de quelques montages nunuches de jeunes marié·e·s auxquels les morceaux s’associeront parfaitement.
Lana sauve la mise
C’était sans compter sur Lana Del Rey. Les deux vraies forces de l’album sont “Lost at Sea” et “Hollywood Bowl”, qui ravivent toute l’alchimie piano-voix/père-fille qu’on retrouvait déjà entre Rob Grant et Lana Del Rey sur le morceau “Sweet Carolina” de la chanteuse.
Dessus, on retrouve une Lana en zone de confort, qui pose sa voix et ses lignes pleines d’onirisme sur les fluctuations de piano de son père, traduisant mieux que le reste l’esprit maritime et flottant de l’album. “Lost at Sea”, morceau éponyme, nous happe ainsi par la voix de Lana, avant de nous faire apprécier complètement les arrangements de piano et d’autres instruments à cordes sur le final orchestral grandiloquent.
“Hollywood Bowl”, notre coup de cœur de l’opus, aurait tout aussi bien pu figurer sur un disque de Lana Del Rey. À la fois mélancolique et emprunt d’un sentiment d’espoir chaleureux, le titre revient sur les deux fois où la chanteuse a performé au mythique Hollywood Bowl, revenant par la même occasion sur son évolution en tant qu’artiste et en tant que femme. Elle s’autorise à livrer ce récit personnel sur la quiétude du piano de son père, pour un rendu céleste et envoûtant, qui nous fera revenir à l’album au moins pour ça. Rob Grant tout seul ? Mouais. Rob Grant avec sa fille Lana Del Rey ? Tous les jours.