Le retour du maître de l’animation japonaise après dix ans d’absence est imminent. Le 1er novembre prochain sortira dans les salles françaises Le Garçon et le Héron, la dernière production de Hayao Miyazaki. Sorti le 14 juillet au Japon, le film a reçu de premiers avis très élogieux ; il est plein de poésie et beaucoup de larmes ont été versées devant ce film qualifié de “point culminant” de la carrière de Miyazaki et de “mélange fou de tous les films de Ghibli”.
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Ce retour en fanfare nous a donné l’envie de nous replonger dans la filmographie du maestro de l’animation pour une tentative de classement.
#12. Kiki la petite sorcière (2004)
Dans ce long-métrage, Miyazaki pose un regard innocent et bienveillant sur la sorcellerie. Kiki, jeune sorcière célébrant ses 13 ans, doit, dans le respect de la tradition familiale, s’éloigner de son domicile pendant un an. Accompagnée de Jiji, son fidèle chat noir, elle part à la découverte d’un monde nouveau, les conduisant à une succession de péripéties truffées d’émotions et d’embûches.
Principalement basé sur l’émancipation de son héroïne, ressort surtout destiné à un public en bas âge, Kiki la petite sorcière peut être perçu comme plus léger que le reste de la filmographie de Miyazaki et ne parvient pas toujours à susciter les émotions souvent éprouvées face aux œuvres du cinéaste.
#11. Le Vent se lève (2014)
Pour son avant-dernier film, Miyazaki s’est risqué à l’exercice du récit biographique. Librement inspiré de la vie de Jiro Horikoshi, concepteur des chasseurs-bombardiers japonais, le long-métrage plonge dans la vie d’un personnage frappé dès son plus jeune âge par la fièvre de l’aviation. Devenu ingénieur en aéronautique, il bâtira sa renommée sur la conception d’un modèle d’avion utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale.
Bel hommage à l’histoire japonaise, Le Vent se lève peine lui aussi à solliciter notre corde sensible.
#10. Le Château de Cagliostro (2019)
Le premier film du cinéaste met en scène les aventures de Lupin III, gentleman cambrioleur à l’immense renommée. Témoin d’un trafic de faux billets impliquant l’enlèvement d’une princesse orchestré par le maléfique comte de Cagliostro, le rusé malfaiteur s’engage dans une enquête afin de résoudre ce lot de mystères.
Adaptation d’un manga populaire lui-même inspiré des aventures d’Arsène Lupin, Le Château de Cagliostro met en scène les aventures du petit-fils de l’authentique personnage créé par Maurice Leblanc en 1905. L’architecture du château est un clin d’œil assumé à Le Roi et l’Oiseau, une œuvre qui a beaucoup inspiré le cinéaste. Si ce film est une belle entrée en matière, nous n’y retrouvons pas toute la magie de Miyazaki.
#9. Le Garçon et le Héron (2023)
Hanté par la disparition tragique de sa mère lors d’un incendie, Mahito, un enfant de 11 ans, déménage avec son père et sa nouvelle compagne dans un vieux manoir. Sur place, le jeune homme prend ses marques, défie l’autorité de sa nouvelle belle-mère et fait la connaissance d’un héron cendré doté de la parole. L’animal s’obstine à le suivre, et lors d’une de leurs excursions, ils vont découvrir une tour abandonnée, qui est un accès direct à un monde parallèle et fantasmagorique.
Si l’on ne boude pas notre plaisir face au retour du cinéaste, qui s’est inspiré du classique de la littérature japonaise Et vous, comment vivrez-vous ? de Genzaburo Yoshino publié en 1937, le manque de clarté scénaristique du long-métrage lui octroie la neuvième place de ce classement.
#8. Mon voisin Totoro (1999)
Deux sœurs, Mei et Satsuki, déménagent avec leur père dans une maison de campagne afin de se rapprocher de l’hôpital où séjourne leur mère. Les deux enfants, émerveillées par la nature environnante, vont rapidement rencontrer leurs nouveaux voisins, des créatures merveilleuses. Mei, la plus jeune des sœurs, fait la connaissance de Totoro, un gardien de la forêt au ventre généreux, à l’immense sourire et surtout à la capacité de défier les lois de la gravité.
Inspiré de la maladie de la mère de Miyazaki, qui a passé trois ans à l’hôpital pour lutter contre une tuberculose, Mon voisin Totoro repose sur l’imaginaire d’un personnage réconfortant pour affronter une réalité difficile et saura toucher son public.
#7. Ponyo sur la falaise (2009)
Sosuke, 5 ans, habite une maison construite au sommet d’une falaise. Lors d’une de ses excursions vers l’océan, il découvre une fille poisson piégée dans un pot de confiture. Il sauve la créature et décide de la renommer Ponyo ; elle lui renverra l’ascenseur en le soignant d’une légère blessure. Une fascination et une affection réciproques vont s’installer entre Sosuke et Ponyo, qui n’a qu’une seule chose en tête : devenir humaine.
La beauté de l’univers marin de Ponyo sur la falaise est la véritable force de ce long-métrage, dans lequel nous vous conseillons de vous (ré)immerger.
#6. Le Château dans le ciel (2003)
Dans ce long-métrage, Miyazaki nous raconte les aventures de Sheeta, une jeune fille possédant une pierre dotée d’un pouvoir qui attire les convoitises des pirates du ciel et de Muska, un agent des services secrets épaulé par une flotte de l’armée. Avec Pazu, un garçon de son âge, ils vont vivre une incroyable aventure à la recherche du légendaire château dans le ciel.
Inspiré une nouvelle fois de Le Roi et l’Oiseau, que le cinéaste a qualifié “d’œuvre prémonitoire et extrêmement pertinente, à laquelle il convient de se référer”, Le Château dans le ciel regorge d’idées architecturales et de trouvailles qui émerveillent à chaque visionnage.
#5. Porco Rosso (1995)
Dans les années 1920, un ancien pilote émérite de la flotte italienne se voit transformer en cochon. Il accepte sa nouvelle condition et se reconvertit en chasseur de primes sous le nom de Porco Rosso. Retranché sur une île déserte, le pilote au grand cœur fait face à des pirates de l’air.
Un long-métrage rarement cité dans la carrière de Miyazaki alors que la fable politique (Porco Rosso qui déclare préférer être un cochon qu’un fasciste, quel roi) est toujours aussi puissante. Visuellement, c’est également l’une des plus belles créations du cinéaste japonais.
#4. Le Château ambulant (2005)
Alors qu’elle souhaite se rendre chez sa sœur, Sophie se fait importuner par des militaires dans la rue. Un beau magicien du nom de Hauru vole à son secours. Une sorcière jalouse transforme la jeune fille en femme de 90 ans. S’ensuit alors une longue épopée faite de rencontres, à commencer par un épouvantail surnommé Navet, sans oublier Calcifer, le feu et garant du château ambulant dans lequel elle trouve refuge.
Dans ce film d’aventures et d’amour fantastique, comique, tragique et complètement fou, Miyazaki raconte le traumatisme de la guerre au Japon. Un véritable chef-d’œuvre.
#3. Nausicaä de la Vallée du Vent (2006)
Dans cette œuvre postapocalyptique, Nausicaä tente de défendre corps et âme son territoire face à un conflit opposant son peuple aux intentions écocides. La jeune femme n’a d’autre choix que de faire valoir son intégrité et sa ruse afin de mettre un terme à ce conflit.
Sans doute inspiré par la nouvelle Le Voyage de Shuna qu’il venait de terminer d’écrire, Miyazaki délivre pour la première fois une œuvre particulièrement personnelle. C’est après la sortie couronnée de succès du film en salle au Japon, en 1985, que sera fondé le futur Studio Ghibli. C’est également la première collaboration de Miyazaki avec le compositeur Joe Hisaishi. Ce n’est pas rien, donc.
#2. Le Voyage de Chihiro (2002)
La jeune Chihiro déménage à la campagne avec ses parents mais le voyage prend une nouvelle tournure lorsque ces derniers se retrouvent transformés en cochons après s’être jetés sur un buffet avec un appétit vorace. Prise de panique, la jeune fille s’enfuit. Elle fera la rencontre de l’énigmatique Haku, qui va lui transmettre les clés concernant cet univers magique qu’elle vient d’intégrer.
Dans les années 2000, Miyazaki avait réalisé des films pour les adultes et des films pour les enfants mais pas encore d’entre-deux. Le Voyage de Chihiro est plus qu’un film pour les préadolescents et est peut-être même le plus riche, le plus profond, le plus dense et le plus compliqué du cinéaste. C’est également le long-métrage qu’il l’a rendu célèbre pour toute une génération. Pour beaucoup, c’est son meilleur. Ce n’est d’ailleurs pas loin d’être notre cas.
#1. Princesse Mononoké (2000)
Ashitaka est un jeune archer faisant face à une malédiction infligée par un dieu sanglier devenu démon. Afin de défaire ce maléfice, il se met en quête du dieu cerf, une entité régissant l’esprit de la forêt, en mesure de le libérer de cet ensorcellement. Lors de son périple, il rencontrera San (Princesse Mononoké), jeune femme élevée par une louve, défendant corps et âme une forêt en voie d’extinction face aux activités humaines.
Le féminin a toujours eu une importance capitale dans les films du réalisateur, mais ce long-métrage est la quintessence de l'”empowerment” des femmes chez Miyazaki, presque à égalité avec l’écologie, la cruauté humaine, l’amour de la spiritualité et des créatures ou de l’impossibilité de résoudre un conflit sans violence. Tous ses thèmes de prédilection sont ici à leur paroxysme. Un récit initiatique, poétique et tragique, autant qu’un film de guerre ou qu’une histoire d’amour. Un alliage d’une grande subtilité et d’une grande profondeur qui ne pouvait atterrir qu’à la première place.
Article coécrit avec Arthur Cios et Manon Marcillat.