Une œuvre d’art estimée à 1,5 million de dollars flotte encore en ce moment autour de la Terre. Le projet, œuvre de Trevor Paglen et nommé Orbital Reflector, devait être un moyen de questionner le monde sur l’espace. L’artiste souhaitait envoyer un satellite dans l’atmosphère qui se déploierait en un ballon de 30 mètres, en forme de diamant composé de polyester argenté. Mais le shutdown opéré par le président des États-Unis est venu jouer les trouble-fêtes en paralysant le pays entre décembre 2018 et janvier 2019. Ainsi, lancée le 3 décembre par SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk, la fusée est restée introuvable depuis, comme le relate le site Artnet News.
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<em>“Orbital Reflector”. </em>(© Trevor Paglen/Nevada Museum of Art)
Le lanceur Falcon9 qui transportait donc l’œuvre de l’artiste, avec 64 autres orbites pour différents usages, devait être envoyé à plus de 500 kilomètres dans l’atmosphère. Une fois en orbite, le ballon devait se gonfler avant de dériver et de se séparer des autres satellites pour éviter la collision.
Le diamant aurait ensuite gravité autour de notre planète pendant plusieurs mois, en étant visible depuis la Terre, jusqu’à être brûlé par l’atmosphère. Une application d’observation du ciel aurait permis de suivre sa trajectoire. Trevor Paglen voulait ainsi encourager les gens à “réenvisager l’espace comme un lieu de possibilités”. Le projet historique avait demandé dix ans de développement et il s’agissait du premier satellite envoyé dans l’espace dans un but uniquement artistique.
Communication bloquée avec les autorités
Selon le Nevada Museum of Art qui collabore avec l’artiste, deux événements ont perturbé le bon déroulement des opérations. L’US Air Force n’aurait, d’une part, pas pu distinguer l’œuvre des autres satellites en raison de leur nombre. D’autre part, les autorités fédérales auraient dû donner leur feu vert au lancement de l’Orbital Reflector.
Or, en pleine période de shutdown, faute d’accord avec le Congrès sur le budget de l’administration américaine, une partie des fonctionnaires s’était retrouvée au chômage technique. En conséquence, la communication n’a pu être établie et les ingénieurs ont manqué le bon moment pour déployer l’Orbital Reflector.
Quand le contact a été rétabli avec l’administration, le satellite était perdu. Malgré ces échecs, le musée américain considère que l’œuvre de Trevor Paglen est toujours un succès : “Paglen voulait que le monde se pose des questions sérieuses sur qui contrôle l’espace : est-ce que quelqu’un le possède ? Et qui décide comment il est utilisé au final ?”, a déclaré la porte-parole du musée, Amanda Horn dans un communiqué, considérant l’objectif atteint.