Ninja Turtles : Teenage Years, c’est quoi ?
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Créée par Kevin Eastman et Peter Laird dans les années 1980, la franchise des Tortues Ninja a connu des hauts et (surtout) des bas au cinéma. Si on retient évidemment les comics incroyables et des dessins animés nostalgiques, Leonardo, Donatello, Michelangelo et Raphaël n’ont pas vraiment brillé sur grand écran. La faute à des adaptations en live action kitsch voire cheap, qui ont plombé l’aura des frangins à carapace. Aussi, on attendait beaucoup de ce reboot façon coming-of-age, baptisé Ninja Turtles : Teenage Years, pour offrir à la génération Z le plaisir d’entendre à nouveau les protecteurs de New York crier “Cowabunga”.
Lancé et produit par Seth Rogen, mais surtout réalisé par Jeff Rowe et Kyler Spears, un duo prolifique du côté de Netflix avec la série animée Désenchantée et le film d’animation Les Mitchell contre les machines, Ninja Turtles : Teenage Years s’ouvre sur une courte origin story des quatre tortues et de leur mentor, Splinter. Une bref ellipse et nous voilà plongés quelques années plus tard, alors que les frangins sont en pleine puberté. Leur désir de découvrir le monde extérieur est freiné par leur maître qui craint pour leur vie et continue de les entraîner aux arts ninja en secret.
Mais au cours d’une sortie courses, la bande tombe sur la jeune reporter April O’Neil, qui enquête sur une sombre histoire de manipulations expérimentales. La ville est sous le joug d’un puissant syndicat du crime qui utilise ses mutations animales à son avantage. Pour les stopper et mieux comprendre leur origine, les Tortues Ninja vont sortir des égouts et tenter de s’imposer comme des héros plutôt que comme des parias aux yeux des citoyens de New York.
Pourquoi c’est bien ?
On ne le dira jamais assez, mais la sortie de Spider-Man: New Generation en 2018 a créé une petite révolution au sein de l’industrie d’animation américaine. Après Disney, DreamWorks ou encore le Studio Ghibli et Madhouse de l’autre côté du Pacifique, Sony et leurs animateurs ont clairement insufflé une nouvelle tendance et direction artistique dans le milieu. On l’avait déjà remarqué avec Les Mitchell contre les machines mais aussi avec l’excellent Le Chat Potté 2 : La Dernière Quête, et Ninja Turtles : Teenage Years ne fait que confirmer la tendance. On dit ça avec une forme de soulagement et d’excitation parce que le retour des Tortues Ninja sur grand écran est sacrément réussi.
L’animation par ordinateur fait des prouesses dans ce reboot inspiré des comics originaux, avec une touche de pastel très agréable à l’œil. Le monde des Tortues Ninja prend vie dans un univers à la fois coloré et crépusculaire, sorte de rencontre entre le New York du Tisseur et la Gotham City de Batman. C’est beau mais c’est aussi frénétique et ultra-rythmé, point d’orgue de ce style d’animation dont on ne se lasse pas. Jeff Rowe et Kyler Spears y glissent bon nombre de références à la pop culture, du film noir au film de Kaijū en guise de conclusion épique.
Mais le point fort de ce fond spectaculaire, c’est aussi la forme et l’écriture. Peut-être que les studios américains ont finalement entendu les doléances de Guillermo del Toro, en prenant enfin en compte le sérieux et la qualité de cette industrie. Finis les blagues peu inspirées et le manichéisme habituel, Ninja Turtles : Teenage Years témoigne, comme les films Spider-Man, d’une certaine maturité et d’une envie de cinéma dans la mise en scène et les ambitions narratives.
Il est plus familial que son confrère, certes, mais les couches de lecture sont malignes et très contemporaines. Le parcours des Tortues évoque les affres de la jeunesse actuelle, avec de la diversité au programme et une certaine tendance à se moquer des réseaux sociaux comme TikTok. On rit souvent et le personnage d’April, libre et inspirante, s’impose comme une sorte d’anti-Rue Bennett pleine d’espoir et de bienveillance.
On retrouve aussi dans le film un humour bête mais jamais vraiment méchant, inspiré du travail de Taika Waititi et James Gunn avec Thor et Les Gardiens de la Galaxie. Les Tortues rencontrent une poignée de mutants aussi atypiques que déjantés, piochant dans les Mighty Mutanimals de la franchise et enrichissant l’univers parfois redondant (Shredder, Shredder et encore Shredder) d’Eastman et Laird.
Que les puristes se rassurent, l’ombre du Clan des Foot plane toujours sur New York, mais l’histoire de ce Ninja Turtles est franchement plaisante à suivre et pleine de rebondissements réussis. Bref, ça se mate comme une bonne pizza pepperoni, quand on a vraiment la dalle et qu’on se demande pourquoi on n’en a pas commandé une deuxième directement.
© Paramount Pictures
On retient quoi ?
L’acteur qui tire son épingle du jeu : Ayo Edebiri, découverte dans la série The Bear, brillante en April O’Neil (et la voix de Paul Rudd en Mondo Gecko, hilarante)
La principale qualité : son animation sublime et frénétique
Le principal défaut : ça manque de pizzas !
Un film que vous aimerez si vous avez aimé : Spider-Man: New Generation, Spider-Man : Across the Spider-Verse, Godzilla
Ça aurait pu s’appeler : Young, Turtles & Free
La quote pour résumer le film : “Le monde des Tortues Ninja prend vie dans un univers à la fois coloré et crépusculaire, sorte de rencontre entre le New York du Tisseur et la Gotham City de Batman.”