Tout le monde le pensait chouchou des festivals (peut-être pas à Cannes, étant donné les relations entre Netflix et l’institution, mais au moins à Venise), puis favori des Oscars 2022. Entre l’amour des prix pour les biopics, et son sujet qu’on sait fougueux, tout était en effet réuni. Mais Blonde, le film sur Marilyn Monroe de Netflix avec Ana de Armas, ne sera pas de la partie cette année.
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Variety nous informe que le film, attendu au départ pour la fin d’année, sortira finalement en 2022, le rendant inéligible aux prix à venir. Pour le décaler ainsi et se passer de potentielles statuettes, on se doutait que Netflix avait de bonnes raisons. Jusque-là, Variety indiquait qu’aucune information n’était sortie sur cette décision. Mais il semble que l’on doive cela à un gros désaccord entre le réalisateur et la plateforme.
Une mésentente assez surprenante
World of Reel, le site tenu par le journaliste bien renseigné et souvent dans le vrai Jordan Ruimy, indique que ce sont des scènes de sexe qui mettraient mal à l’aise Netflix. En l’occurrence, une scène de viol et une scène de cunnilingus menstruel, et donc sanglant, gêneraient le studio qui n’est pas connu pour être spécialement pudique vu certains de ses contenus (Sex/Life, pour commencer). La plateforme aurait ainsi demandé un nouveau montage.
Mais c’est mal connaître Andrew Dominik, car le cinéaste australien derrière le projet ne veut rien lâcher. Le réalisateur, connu pour des films assez violents (Chopper, L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford et Cogan : Killing Them Softly), n’allait pas passer par quatre chemins. Surtout quand on sait que le livre sur lequel est basé le script, à savoir le roman faussement biographique signé Joyce Carol Oates, est assez cru. Le script est donc, on l’imagine, du même acabit et Netflix aurait pu deviner l’ampleur qu’allaient avoir certaines scènes au vu du scénario.
D’autant plus que la plateforme racontait il y a un an tout juste qu’elle avait vu des premiers rushs du film et que c’était “surprenant, brillant, très perturbant et (peut-être ce qu’il y a plus étonnant) une interprétation vraiment féministe”, précisant même qu’elle n’était “pas sûre qu’un réalisateur homme ait déjà réussi à accomplir quelque chose comme ça”. Donc cela semble coller avec le livre.
Mais tout cela cache peut-être autre chose. World of Reel raconte que le film tend plus vers le cinéma d’art et d’essai, ce qui va avec la déclaration que le réalisateur avait faite il y a quelques années, dans laquelle il confiait que son scénario contiendrait très peu de dialogues. Plus que les scènes de sexe, c’est peut-être le rendu global qui a rendu sceptique Netflix.
Cela donne l’impression qu’on n’est pas sur un long-métrage facile, accessible et si oscarisable que prévu. Tout cela ne fait qu’attiser notre curiosité envers ce projet, qui semble tout réunir pour être un grand film malgré tout. Il faudra cependant rester patient.