Le photographe Jean-Luc Chapin et l’écrivain Jean-Marie Laclavetine publient ensemble Natures, un livre de photographies aux allures de recueil poétique. Deuxième collaboration entre les deux hommes, l’ouvrage parcourt les forêts, les montagnes et les plages à la recherche des derniers tableaux d’une nature à contempler.
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Photographe de l’agence VU, Jean-Luc Chapin a pour habitude de photographier la région d’Aquitaine, ses paysages, ses vignobles et ses canards pour lesquels il entretient une fascination particulière. En 2011, il publie une première collaboration avec Jean-Marie Laclavetine, Descente au paradis, qui explore les recoins de la Touraine et rend hommage à ses habitants, les “fainéants sublimes” comme les décrivait Balzac.
Avec Natures, ils offrent cette fois-ci une déambulation rêveuse dans des paysages français non identifiés qui incitent l’imagination des lecteurs à se déployer. En plan large ou en plan serré, de loin ou de près, les éléments naturels sont saisis en noir et blanc par l’argentique de Jean-Luc Chapin, qui renforce leur apparence lunaire, soulignée par les mots que choisit Jean-Marie Laclavetine.
Une œuvre musicale et lunaire
Ces derniers n’ont pas vocation à commenter les photographies mais à les compléter pour qu’ensemble, poèmes et photographies deviennent un tout orchestral. Natures est une suite presque musicale où photographies et textes se répondent, se font écho et s’embellissent mutuellement.
Les photographies de Jean-Luc Chapin correspondraient à l’instrumental de la partition tandis que les mots de Jean-Marie Laclavetine font figure de chant. Ensemble, ils forment une harmonie parfaite qui oublie sa technique pour dériver vers d’autres mystères.
Bien que le titre de l’ouvrage et les photographies renvoient effectivement à des éléments naturels (paysages, arbres, animaux, matières minérales), on quitte bientôt le terre à terre d’un art illustratif pour se tourner vers une contemplation extralucide.
Découvrant comme pour la première fois l’image d’un canard, d’une feuille morte ou d’un arbre en hiver, on se sent étranger à ses spectacles pourtant si banals. Et devenant étrangers à ces scènes originelles, on sent que l’individu contemporain s’éloigne de la nature, et donc de lui-même.
Le voyage que proposent Jean-Luc Chapin et Jean-Marie Laclavetine est donc celui du retour à la connaissance du monde. Ensemble, ils peignent une nature éprouvée mais pugnace qui n’attend pour métamorphose que celle que le temps voudra lui offrir.
Exposition des photographies de Jean-Luc Chapin jusqu’au 13 janvier 2018 à la galerie Gallimard, Paris.