Natalie Malisse documente ses cauchemars dans une série photo puissante

La grande maison. Voilà le titre du livre photo de Natalie Malisse, publié aux éditions du Caïd. Ce recueil bouleversant nous invite dans l’univers nocturne des cauchemars récurrents de la photographe. Les images monochromes et la variation de leur format au sein du livre rythment les pages lors de la lecture et nous interpellent sur les blessures de l’enfance.

Entre mémoire traumatique et résilience, la photographe dirige l’objectif de son appareil vers des objets du quotidien et des silhouettes silencieuses : une étreinte, les marches d’un escalier… La symbolique des images, la raideur des corps et l’étrangeté des ombres révèlent l’inexprimable, l’indicible, avec courage.

“La séquence mêle photographie argentique et Polaroid”, nous raconte la photographe. “J’utilise en effet le Polaroid parce que cette technique permet de privilégier un certain lâcher-prise sur l’image finale et révèle une réalité alternative plus floue, faillible. Comme la mémoire.” Le choix du noir et blanc nous plonge dans les cauchemars dont elle voudrait se débarrasser. Les couleurs deviennent presque annexes : “Mes cauchemars étaient complètement désaturés.”

La grande maison témoigne d’une réalité qu’on laisse souvent sous silence. Interrogée à propos de l’œuvre de Natalie Malisse, l’autrice et curatrice Léa Mahdadi explique : “La grande maison relate un drame personnel mais se fait aussi symbole d’une réalité politique et d’un fait sociétal, celui de la banalité des violences intrafamiliales. La grande maison est le décor des souvenirs de Natalie, mais elle prend une telle importance qu’elle semble devenir un personnage à part entière dans ce récit.” La grande maison n’est alors plus seulement un lieu mais devient un “espace mental qui s’étend au-delà de ses murs”.

La grande maison est visible jusqu’au 29 septembre 2024 au Musée de la Photographie de Charleroi, en Belgique, dans le cadre du Prix national Photographie Ouverte. Le projet de Natalie Malisse a aussi été publié aux éditions du Caïd.