Dans son livre Khichdi, l’objectif de Nick Sethi est le témoin privilégié du temps qui passe : pendant dix ans, le photographe a capturé l’Inde et son évolution.
À voir aussi sur Konbini
Foyer de civilisations parmi les plus anciennes du monde et pays en proie à l’appel inévitable de la modernisation, l’Inde est fascinante. Elle l’est plus particulièrement encore aux yeux de Nick Sethi, qui a immortalisé son évolution fulgurante et inégale sur une décennie. Appareil photo autour du cou (ou entre les mains de ses rencontres), le photographe américain a parcouru les terres de son pays d’origine pour immortaliser la complexité de sa culture à travers des portraits intimistes et des perspectives multiples.
Une expérience “très excitante, mais également assez effrayante” condensée aujourd’hui dans le livre photo Khichdi (Kitchari), qui explore, loin des sentiers battus, l’essence d’un pays en constante mouvance. Au magazine Homegrown, Nick Sethi explique sa démarche :
“Je m’investis totalement dans les situations que je photographie en y participant, non comme quelqu’un d’extérieur. J’espère pouvoir un jour aider ces gens d’un point de vue financier, mais pour le moment je ne peux qu’espérer avoir passé un bon moment ensemble et peut-être ouvrir les yeux du monde sur eux, et les leurs au monde.”
À travers ces instants volés dans les rues de New Dehli, Nick Sethi capture la réalité sans filtre ni mièvrerie. Les clichés délaissent l’esthétique lisse et conventionnelle pour une mission de vérité : au milieu des sourires et des tissus colorés, le portfolio relate une pauvreté criante face à laquelle il est difficile de détourner le regard.
Reportage percutant à l’aspect brut et parfois sulfureux, Khichdi − nom symbolique rendant hommage au plat national indien, qui existe en autant de versions qu’il y a de foyers − témoigne de l’absence d’uniformité de l’Inde, pays aux visages multiples et parfois contradictoires. Chaque page de la monographie, qui challenge la précédente, reflète ainsi un pays tiraillé entre un traditionalisme ancré et l’influence de la culture occidentale. Et si l’étranger semble plus familier une fois le livre refermé, nous continuons pourtant de tout ignorer de ses secrets.
Khichdi (kitchari), de Nick Sethi, aux éditions Dashwood Books (432 pages, 846 photos, 50 dollars, soit 43 euros environ), est à retrouver ici.