Généralement, on raconte des histoires aux enfants, tranquillement au lit, en lisant des livres ou en inventant si on a la force. Michel Gondry, après sa séparation avec sa conjointe, alors que sa fille vivait loin de lui, a trouvé une autre astuce pour lui raconter des histoires.
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Le cinéaste derrière les films comme La Science des rêves, Soyez sympas, rembobinez, ou encore Eternal Sunshine of the Spotless Mind, demandait à sa fille Maya de lui donner un titre, une phrase, un bout d’histoire. Lui, en quelques jours, réalisait un court-métrage d’animation, où il imaginait l’histoire, en stop-motion. Des petits films de carton-pâte, mignons comme tout.
Au bout de six ans, alors que Maya s’approchait de ces 10 ans, le réalisateur a décidé de les réunir dans un long-métrage narré par Pierre Niney, qui montre son ingéniosité et la mignonnerie de sa relation avec sa fille.
Alors que le film sort en salle, on a échangé rapidement avec le père et la fille au téléphone, pour en savoir un peu plus sur ce drôle d’objet.
Konbini | Bonjour à vous deux, je voulais commencer en te demandant, Michel, quel était ton rapport à l’animation au départ, comment ça s’est manifesté pour la première fois chez toi ?
Maya | C’était avec “Popcorn”, non ?
Michel | Non, bien avant. Petit, je faisais des flipbooks en dessinant sur le bord des cahiers de mes parents. Avec mon cousin, à 12 ou 13 ans, on a fait un zoetrope compliqué pour diffuser des bandes sur des caisses enregistreuses.
Et le stop-motion, là-dedans ?
Michel | C’est venu un peu plus tard. En fait, je me suis acheté une caméra 16 mm à 18 ans, et avec cette caméra, j’ai commencé à faire des images animées comme ça, effectivement. J’ai pu faire des clips pour mon groupe. Ma première commande, c’était un clip de commande : “Popcorn”.
Maya | Il est très amusant, ce clip !
Est-ce que tu te souviens de la toute première histoire, Maya ?
Maya | Non, je ne me souviens plus. C’était il y a vraiment longtemps, je sais que je donnais les titres. Dans le film, il y a un petit clip de moi au début, on voit bien que j’étais toute petite.
Michel | Ce qu’il s’est passé, c’est que le démarrage de ces petits exercices a été en synchronisation avec l’évolution du langage et de la mémoire de Maya, donc c’est assez logique qu’elle ne se souvienne pas des premiers [elle avait 3 ans, ndlr]. Au début, je lui ai demandé des histoires sans titre et quand j’ai vu qu’elle réagissait bien, on a eu l’idée ensemble de ne donner que les titres et je les fasse. C’était tout naturel. Je lui demandais, elle me les donnait.
Cela prenait combien de temps à faire, ces histoires pour Maya ?
Michel | Entre 10 jours et trois semaines.
Ce n’est vraiment pas beaucoup !
Michel | Peut-être qu’au début, j’y passais trois jours entiers, mais comme je ne dors pas bien, je me levais la nuit pour avancer dessus et vu que j’ai un travail épisodique, alors j’ai du temps entre les projets pour pouvoir m’y atteler.
Il y en a eu combien au total ?
Michel | Une cinquantaine, je pense ?
Tous ne font pas la même durée par contre, on est d’accord ?
Maya | Il y en a des plus courtes, mais il y en a qui font 11 minutes quand même ! Par exemple, celui à Stockholm, il est bien plus court.
Michel | Festoon est encore plus court, celui qui commence dans la baignoire.
Maya | Ce n’est vraiment pas mon préféré.
Ah bon ? C’est lequel que tu préfères alors ?
Maya | J’aime bien Maya et les animaux magiques, parce que mon père, il dit qu’il chante très mal alors que c’est faux.
Michel | [rires]
Maya | L’oiseau, je le connais par cœur, je pourrais le réciter par cœur, comme une poésie.
Est-ce que ce processus fait encore partie intégrante de votre relation ?
Maya | Là, mon père avait moins le temps, mais je crois qu’il va continuer.
Michel | [Rires]. On va voir, je me suis arrêté pour me consacrer à les réunir pour en faire un film donc je n’en ai pas fait depuis un an, mais je fais d’autres choses, des dessins, des BD… mais j’en referai, oui.
Maya, voir le film en entier, ça n’a pas été trop bizarre pour toi ?
Maya | Ça me faisait plaisir, ça, j’en suis sûre.
Michel | Hum… Tu n’étais pas un peu jalouse que tout le monde les voie ?
Maya | Pas du tout ! Ça me fait plaisir de partager mon bonheur avec tout le monde.
Maya, donne-moi un titre, est en salle.