Quatre grandes maisons d’édition japonaises de mangas ont annoncé lundi qu’elles allaient poursuivre en justice une entreprise américaine qu’elles accusent d’héberger des serveurs de sites proposant leurs œuvres piratées, un phénomène mondial en très forte augmentation depuis la pandémie.
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Leur plainte devrait être déposée cette semaine devant un tribunal à Tokyo, a déclaré à l’AFP un porte-parole de Kōdansha. Cette maison d’édition nippone et trois autres – Shūeisha (Dragon Ball, Naruto ou One Piece), Shōgakukan et Kadokawa – accusent l’Américain Cloudflare de violation de propriété intellectuelle en tant qu’hébergeur de sites proposant des mangas piratés.
L’un de ces sites distribue 4 000 mangas piratés et enregistre 300 millions de vues par mois, selon une source proche du dossier. Les quatre plaignants vont réclamer au total 400 millions de yens (3,1 millions d’euros) de dommages-intérêts à Cloudflare, selon cette même source.
Un montant très symbolique, tant le piratage de mangas sur Internet est devenu massif, ayant entraîné un manque à gagner d’au moins 780 milliards de yens (6 milliards d’euros) sur la période janvier-octobre 2021 pour les éditeurs nippons, selon des estimations le mois dernier d’ABJ, une organisation de défense de leur propriété intellectuelle.
C’est près de quatre fois plus que le manque à gagner estimé pour l’année 2020, et c’est aussi un montant supérieur aux ventes légales de mangas au Japon l’an dernier.
“Tous les profits réalisés par ces sites pirates vont directement à leurs opérateurs illégaux, ne laissant rien aux librairies, aux éditeurs et aux auteurs de mangas qui consacrent leurs vies à créer ces œuvres”, a dénoncé le porte-parole de Kōdansha interrogé par l’AFP.
“Nous devons mettre un terme aux sites pirates afin de protéger la culture japonaise du manga”, a-t-il encore insisté. Sollicité lundi par l’AFP, Cloudflare n’était pas joignable dans l’immédiat pour réagir aux accusations le concernant au Japon.
Mais ce n’est pas la première fois que cette entreprise est dans le collimateur de l’industrie du manga : en 2019, les quatre mêmes grands éditeurs nippons avaient conclu un accord à l’amiable avec elle après un engagement de celle-ci à cesser de fournir ses services à un site pirate.
Konbini avec AFP