Pour nombre de personnes à travers le monde, le 28 décembre 2023 marquera les livres d’Histoire. Ce jeudi-là, Gypsy Rose Blanchard, Américaine de 32 ans, a été libérée de prison après huit ans d’enfermement. Que vous soyez incollable sur les faits divers ou pas, vous n’avez pas pu passer à côté du parcours digne d’une série, aussi invraisemblable que sordide, de la jeune femme – et justement adapté dans le programme The Act avec Joey King et Patricia Arquette. Dans le cas contraire, on vous explique dans les grandes lignes pourquoi vous la voyez h24 sur sur vos différents feeds TikTok, X/Twitter et Instagram.
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Dans les faits
Toute son enfance, Gypsy Rose Blanchard a été maltraitée par sa mère, Clauddine “Dee Dee” Blanchard, atteinte du syndrome de Münchhausen par procuration. Cette maladie provoque la folle nécessité de s’inventer un mauvais état de santé qui attirera à la fois attention, pitié et compassion. Sauf que pour cela, Dee Dee passe par sa fille et lui invente de toutes pièces de dures pathologies (une leucémie ou une dystrophie musculaire.) Les traitements que Gypsy subit sont, eux, toutefois bien réels. Le crâne de la fillette est régulièrement rasé. Elle passe son temps dans un fauteuil roulant et est privée de presque toute nourriture solide. Enfin, elle est même obligée de faire des interviews pour témoigner de son état de santé, afin qu’elle et sa mère récoltent toujours un peu plus de lumière des projecteurs et de sympathie.
Quand Gypsy comprend la supercherie et les années de manipulation que cela sous-entend, elle orchestre le meurtre de sa mère avec la complicité de son petit ami de l’époque, Nicholas Godejohn, rencontré sur Internet. Il sera condamné à la prison à vie pour meurtre au premier degré – il a assené de nombreux coups de couteau à la victime, tandis que Gypsy prendra pour une décennie d’enfermement pour complicité. Sa libération anticipée est, pour le public américain, hautement symbolique car même une fois derrière les barreaux, elle n’a jamais cessé de faire parler d’elle.
Victime et bourreau ?
Phénomène médiatique oblige, Gypsy Rose a donné quelques interviews, notamment pour People, où elle évoquait sa participation dans le meurtre. Si elle a souvent relaté le fait de se sentir “plus libre en prison” qu’avec sa propre mère, ce n’est pas sans peine. “Personne ne m’entendra jamais dire que je suis heureuse qu’elle soit morte. Ou que je suis fière de ce que j’ai fait. Je le regrette chaque jour. Elle ne méritait pas ça […]. C’était une femme malade et malheureusement, je n’étais pas assez instruite pour voir ça.” C’est peut-être pour ça que l’histoire tragique de la trentenaire a autant fasciné – et fascine toujours. Il ne s’agit pas d’un énième, morbide et malsain culte pour un tueur en série. Gypsy Rose n’est pas Ted Bundy. Même s’il est évidemment impossible de justifier ou valider ses méfaits, il paraît évident qu’elle est à la fois victime et bourreau et son histoire remet en question tout le système judiciaire américain.
À peine sortie, elle est déjà partout sur les réseaux sociaux. Elle s’exhibe avec son époux Ryan Anderson, un professeur rencontré en prison, qui a commencé à lui écrire de manière régulière. Le 21 juillet 2022, ils se sont mariés en prison et sans invités.
Aussi, elle l’embrasse à pleine bouche dans un selfie posté sur son compte Insta suivi par 5,8 millions d’abonnés. Sur TikTok, elle en a 6 millions. Sa vidéo “Happy New Year”, où elle nous souhaite une bonne nouvelle année, a été vue plus de 65 millions de fois.
@gypsyroseblanchard727 Happy New Years Eve. #ThePrisonConfessionsOfGypsyRoseBlanchard ♬ original sound - Gypsy Rose Blanchard
Certains diront qu’il s’agit d’un excellent coup marketing de sa part au regard de la nouvelle série documentaire de Lifetime, justement nommée… Les Confessions carcérales de Gypsy Rose Blanchard. Qu’on le veuille ou non, et aussi problématique l’histoire soit-elle, l’intéressée fait partie, à l’instar de l’arnaqueuse Anna Sorokin, de notre pop culture. Reste à voir comment Gypsy Rose va désormais user de sa notoriété.