Pendant une dizaine d’années, Bob Ross, son afro, son débit tranquille, ses mantras zen, sa chouette et son écureuil ont régné en maîtres sur le petit écran états-unien. En moins de trente minutes, tous les jours entre 1983 et 1994, le peintre enseignait à son public des techniques permettant de peindre des paysages tous plus bucoliques les uns que les autres. Au fil des 403 épisodes de The Joy of Painting – disponibles sur YouTube et comptabilisant au total plus de 10 millions de vues –, Bob Ross a peint des milliers de toiles : trois versions d’une même peinture par épisode ainsi que des flopées d’œuvres réalisées avant la célébrité.
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Malgré cette abondance de toiles signées Bob Ross, il est très difficile de mettre la main sur l’une d’elles. C’est sans doute pour cela que l’annonce de la vente de sa première toile réalisée pour The Joy of Painting, intitulée Promenade dans les bois et mise en vente 9,85 millions de dollars (environ 9,20 millions euros) par la galerie Modern Artifact de Minneapolis, a excité les esprits.
Promenade dans les Bois. (© Bob Ross/Modern Artifact)
L’entreprise qui gère la succession du peintre décédé en 1995, la Bob Ross Inc., a raconté à Hustle recevoir “des demandes constantes de gens qui cherchent à acheter des œuvres d’art. Mais elles ne sont pas à vendre”. La seule mission d’Annette Kowalski, l’étudiante qui a convaincu l’artiste de se lancer dans l’art, est de “préserver la merveille mythologique [sic] qu’était Bob Ross”.
En plus de quelques toiles exposées dans des musées (à la Bob Ross Art Workshop & Gallery de Floride, à la Bob Ross Experience de l’Indiana et au Smithsonian National Museum of American History de Washington), un certain nombre d’œuvres est quand même accroché chez des particulier·ère·s, puisque l’artiste en faisait régulièrement don et les vendait parfois, “à des prix très raisonnables”, note la Bob Ross Experience. Promenade dans les Bois avait été achetée par sa propriétaire actuelle pour une centaine de dollars.
Bob Ross et sa devise : “Il n’y a pas d’erreurs ; il n’y a que d’heureux petits accidents”, devant une de ses œuvres.
Avant de devenir une star du petit écran, et après avoir passé des années à travailler en tant que sergent instructeur dans l’armée de l’air, Bob Ross vendait ses toiles sur les marchés et vide-greniers – de l’Alaska notamment. C’est ainsi que nombre de familles lambda se sont retrouvées en possession d’œuvres aujourd’hui pistées par des collectionneur·se·s, bien au courant des belles plus-values qu’il est possible d’effectuer.
Désormais, Bob Ross a dépassé le cadre du simple sympathique professeur d’art, il est devenu une icône du kitsch, qui plaît à un public qui n’était même pas forcément né pendant son âge d’or. Aujourd’hui, il est un roi de la pop culture et ses œuvres s’arrachent sûrement plutôt pour leur qualité culturelle que plastique.