Ce samedi 11 novembre à 16 h 30, heure locale, huit grandes bannières ont été déployées à l’intérieur du célèbre musée Guggenheim de New York. Déroulés depuis le troisième étage du musée d’art contemporain, les tissus présentaient deux œuvres montrant des Palestinien·ne·s pleurer la mort de leur enfant, leur cadavre dans les bras, à la suite de bombardements israéliens. Les peintures, signées du street artiste espagnol Escif, reproduisent des images prises par Mahmoud Bassam et Belal Khaled, deux photographes palestiniens qui documentent les atrocités subies par leurs compatriotes. Au centre des portraits, le dessin d’un bouton “Mute”, sous la forme d’un haut-parleur barré, illustre le silence du monde face à ces atrocités et la censure qui les entoure.
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L’action, menée par un groupe de “huit artistes et acteur·rice·s du monde culturel” anonymes, visait à dénoncer le risque de “nettoyage ethnique palestinien“. Dans un communiqué, intitulé “Le génocide doit prendre fin” et consulté par Hyperallergic, le groupe en question demande un “cessez-le-feu attendu depuis longtemps” ainsi que des aides humanitaires. Les militant·e·s appellent l’opinion publique à “délégitimer les gouvernements” qui soutiennent les meurtres de Palestinien·ne·s – soit, pour parler clairement : les États-Unis, qui bloquent “l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies d’une résolution sur le conflit entre le Hamas et [l’État d’Israël]“ : “Nous devons faire valoir notre pouvoir en tant que travailleurs, que contribuables, que citoyen·ne·s afin de voir s’effectuer le changement que nous voulons voir”, affirment les activistes.
Une action menée comme un devoir
L’action aurait été accueillie par les applaudissements du public du Guggenheim, avant qu’un membre du personnel du musée ne commence à vouloir décrocher les bannières, sous les huées d’une partie des visiteur·se·s, rapporte Hyperallergic. “Pourquoi vous voulez les enlever ?”, se serait exclamé quelqu’un. À 17 heures, les bannières avaient été complètement retirées malgré la “désapprobation de la foule”, et le musée avait temporairement fermé ses portes tandis que la police arrivait sur les lieux. Personne n’a été arrêté et le public n’a pas été obligé d’évacuer le bâtiment.
Ce n’est pas la première fois qu’un événement militant a lieu au Guggenheim de New York : on se souvient de l’action coup de poing menée par Nan Goldin, pour dénoncer la responsabilité de la famille Sackler dans la crise des opiacés, ou encore de celle menée en soutien à Mahsa Amini, en octobre dernier. Cet événement en soutien à la Palestine rappelle à quel point les musées sont des lieux politiques – en témoignent les actions effectuées au quai Branly, pour ne citer qu’elles. Le Guggenheim aurait ici été choisi par les activistes en raison de l’exposition qui y est actuellement présentée. Jusqu’au 7 avril 2024, “Going Dark: The Contemporary Figure at the Edge of Visibility” s’intéresse à ce qui est dissimulé, se cache en pleine vue ou souhaite se faire voir.
Une situation qui ne cesse de se dégrader
Le musée n’a pas réagi à l’action, alors que la situation ne cesse de se dégrader à Gaza. Ce lundi 13 novembre, le vice-ministre de la Santé du Hamas a annoncé la mort de “sept bébés prématurés et de 27 patient·e·s en soins intensifs” depuis samedi 11 novembre en raison du manque d’électricité à l’hôpital Al-Shifa, le plus grand de Gaza, pilonnée et assiégée par l’État d’Israël, a rapporté l’AFP.
“Au moins 11 180 personnes, essentiellement des civil·e·s incluant 4 609 enfants et 3 100 femmes, ont été tuées dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. L’attaque du Hamas a fait environ 1 200 morts du côté israélien, en majorité des civil·e·s tués le 7 octobre, selon les chiffres officiels israéliens”, dresse l’AFP.