Mais c’est quoi Ne Zha 2, ce film d’animation chinois qui explose tous les records au box-office ?

Mais c’est quoi Ne Zha 2, ce film d’animation chinois qui explose tous les records au box-office ?

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© Beijing Enlight Pictures

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Par Adrien Delage

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Le phénomène chinois pourrait très rapidement devenir le film d'animation le plus rentable de l'histoire du cinéma.

Avatar, Star Wars ou même Autant en emporte le vent n’ont qu’à bien se tenir, un film d’animation chinois pourrait bientôt les détrôner du podium des films les plus rentables de l’histoire du cinéma. En seulement 2 semaines, Ne Zha 2 du réalisateur Jiaozi a récolté plus d’un milliard de dollars de recettes (soit 10 milliards de yuans) depuis sa sortie le 29 janvier, et ce uniquement sur le marché chinois, son pays d’origine.

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De fait, le film est déjà le plus rentable de 2025, et même le plus rentable de tous les temps en langue non anglaise. Selon certaines prévisions, Ne Zha 2 pourrait même devenir le film d’animation le plus rentable de l’histoire, dépassant les 1,7 milliards de dollars engrangés par Vice-versa 2 l’année dernière. Mais comment un film d’animation parvient à rivaliser avec Pixar et Disney, et tout ça en étant distribué pour le moment sur un unique marché ?

L’histoire de Ne Zha 2 s’inspire librement de la mythologie chinoise, en adaptant le récit d’un jeune garçon mi-homme, mi-dieux, relaté dans L’Investiture des dieux, un roman attribué à Xu Zhonglin et paru pendant la dynastie Ming vers la fin du XVIe siècle. Malgré son ancienneté, le livre et son adaptation moderne permettent de traiter des thématiques très contemporaines, comme la justice sociale, la résilience et l’autorité du pouvoir étatique, qui fait forcément écho au régime socialiste à tendance totalitaire imposé par le président Xi Jinping.

Au-delà de son sous-texte socio-politique, Ne Zha 2 est une petite prouesse technologique en terme d’animation. En dépit d’un budget de production moindre au vu de ses résultats gargantuesques en salle (80 millions de dollars, alors que Vice-versa 2 a coûté 200 millions de billets verts à Disney), le film de Jiaozi a demandé plus de 2 000 plans avec effets visuels et le travail de 138 (!!!) studios d’animation différents pour donner vie à l’épopée du jeune héros. Chengdu Coco Cartoon, les producteurs du long-métrage, vante les mérites de leur bébé qui allie la puissance collective et créative de l’écosystème chinois, ainsi qu’une fusion parfaite entre prouesse artistique et technologique.

Un contexte socio-culturel propice à l’explosion du cinéma chinois

Certains médias locaux pensent également que le contexte culturel actuel pèse dans la balance. Les spectateurs et spectatrices chinois seraient de plus en plus friands des productions locales qui parlent de leur culture, et ce dans tous les domaines culturels (d’où le succès massif du jeu vidéo Black Myth: Wukong l’année dernière par exemple, produit par le studio chinois Game Science).

Par ailleurs, le marché chinois a toujours été très important pour l’industrie du cinéma puisque la Chine reste le deuxième pays le plus peuplé de la planète après l’Inde. Alors que les salles obscures ferment de plus en plus en Europe et aux États-Unis, le nombre de salle de cinémas a été multiplié par 20 depuis 2007 dans l’Empire du Milieu, ce qui représenterait plus de 70 000 salles réparties dans le pays (contre à peine 5 200 en France par exemple). Et contrairement aux marchés occidentaux, le cinéma chinois n’a pas ralenti et a même continué de grandir après la pandémie de Covid-19, jusqu’à devenir une arme de soft power pour rivaliser avec Hollywood.

Si Ne Zha 2 s’apprête à sortir aux États-Unis, au Canada, en Nouvelle-Zélande et en Australie dans les prochains jours, il n’a malheureusement aucun distributeur français connu pour le moment. Nul doute qu’une plateforme profitera de ce trou en salle pour le proposer en streaming dès que possible.