À partir de décembre 2023, un trio d’artistes est attendu à la triennale d’art de la National Gallery of Victoria pour peindre une toile sur quatre mois. Le trio se singularisera de la centaine d’artistes et collectifs invités pour l’événement australien puisque les robots-chiens ne pèsent que 25 kg chacun, sont faits d’acier et ne sont pas doués de conscience. En effet, ce sont trois robots-chiens, dirigés par l’artiste Agnieszka Pilat, qui peindront pendant près de 120 jours.
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Munis de peinture à l’huile et d’acrylique, les robots seront programmés afin de “comprendre un ensemble de commandes”, déterminées par Agnieszka Pilat, qu’ils pourront “exécuter dans l’ordre qui leur va mieux”, explique The Guardian. L’artiste appelle ses robots-chiens ses “apprentis” et n’hésite pas à comparer leur relation de maîtresse et disciples à celle des peintres d’antan et leurs maîtres, citant même Léonard de Vinci : “Reconnaissant la valeur de l’apprentissage pour les artistes prometteurs, la peintre Agnieszka Pilat a offert un apprentissage [aux deux chiens] Digit et Spot”, peut-on lire sur son site.
L’artiste précise que les “gestes de [ses] apprentis” sont inspirés de leur propre “contrôle moteur”, ce qui révèle leurs “limitations mécaniques”. Et c’est là que le projet d’Agnieszka Pilat donne le tournis : elle ne cherche pas la perfection, la rapidité, la facilité qui semblent aller de pair avec la robotique. Au contraire, elle interroge les points de friction entre l’humain et la machine, affirmant que quand elle contrôle les robots, c’est pour développer “un commentaire sur le manque d’autonomie des humains”.
Décrite par le Guardian comme l’artiste favorite “des milliardaires de la Silicon Valley spécialisés dans la tech et dans les capitaux risqueurs”, Agnieszka Pilat a fait de l’art robotique son fonds de commerce, écrivant que “pour comprendre le futur, nous devons comprendre les machines” dès la page d’accueil de son site.
La machine s’enlise cependant lorsque l’artiste compare son “techno-optimisme” au travail de l’époux de Frida Kahlo : “J’aime à dire que je fais la même chose pour les machines que ce que Diego Rivera a fait pour la classe ouvrière.” Habituellement, Agnieszka Pilat présente au public les toiles de ses compagnons d’acier, qu’elle compare au travail de Jean-Michel Basquiat ou de Cy Twombly, seulement une fois qu’elles sont terminées.
La triennale australienne sera l’occasion de voir les robots travailler en direct, de s’attendrir ou de prendre peur face à leurs mouvements et leurs velléités artistiques. Qui sait, peut-être finiront-ils même par se rebeller contre leur maîtresse – qu’on imagine d’ores et déjà se réjouir d’une telle éventualité.