Mais c’est quoi, ce tableau à 24 millions d’euros qui a failli finir à la poubelle ?!

Mais c’est quoi, ce tableau à 24 millions d’euros qui a failli finir à la poubelle ?!

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© Cimabue/Musée du Louvre

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Par Lise Lanot

Publié le

"Rarissime", le tableau marque "un jalon crucial dans l’histoire de l’art", s’enthousiasme le musée du Louvre.

Au beau milieu de la vaste demeure d’une nonagénaire de l’Oise qui l’avait appelée pour estimer ses biens, une commissaire-priseuse laissa traîner ses yeux sur une petite œuvre, pas plus grande qu’une feuille A4, nonchalamment posée près du poêle de la cuisine. C’était en septembre 2019, Philomène Wolf venait de repérer La Dérision du Christ, un tableau de Cimabue à deux doigts de rejoindre la benne à ordures, qui “appartenait à sa famille depuis très longtemps”, rapporte l’experte.

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Prise d’une intuition, Philomène Wolf fait expertiser le tableau et se rend compte, qu’effectivement, le tableau, daté de 1280, est bien l’œuvre de Cimabue, “le premier peintre de l’art occidental”, note Radio France. Le mois suivant, le tableau file aux enchères et un couple de collectionneur·se·s chilien·ne·s, Álvaro Saieh et Ana Guzmán, aligne 24 millions d’euros (19,5 millions sans les frais, sachant que le tableau était estimé pour 15 millions de moins) pour le récupérer.

Hélas, le duo fan des peintres primitifs italiens ne repartira jamais avec l’œuvre dans ses valises puisque le tableau est fissa classé trésor national par le ministre de la Culture, ce qui interdit sa sortie du territoire pour trente mois. Cela laisse au Louvre le temps de réunir assez d’argent pour s’offrir La Dérision du Christ, tant pis pour Álvaro Saieh et Ana Guzmán, note La Tribune de l’art.

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Trois ans plus tard, la directrice du musée du Louvre, Laurence des Cars, a annoncé l’entrée de l’œuvre dans les collections de son musée. Il sera visible au printemps 2024, après restauration, et permettra au public d’admirer “un jalon crucial dans l’histoire de l’art, marquant la fascinante transition de l’icône vers la peinture”, décrit Laurence des Cars. Le tableau, “rarissime”, devient “l’œuvre la plus ancienne” du département des Peintures, a tweeté le Louvre.

Le tableau montre l’épisode biblique durant lequel le Christ est moqué et outragé, un thème régulièrement convoqué dans l’art médiéval. Entouré par une foule qui l’oppresse, Jésus Christ oppose au groupe qui l’encercle une mine sereine. Bientôt, son visage calme rencontrera les foules du Louvre, venues admirer une œuvre à la folle histoire, à deux doigts de finir au fond d’une poubelle.