Love sera bel et bien interdit aux moins de 18 ans

Love sera bel et bien interdit aux moins de 18 ans

La décision finale a été prise : Love est désormais interdit aux moins de 18 ans. 

En trois temps : voilà comment a été gérée la diffusion de Love sur le sol français. Depuis sa sortie en mai 2015, le dernier film de Gaspar Noé a fait des allers-retours entre déclarations de Fleur Pellerin, interdiction aux moins de 16 ans, interdiction aux moins de 18 ans, portraits de Patrice André dans la presse, l’avocat d’extrême-droite à l’origine de la demande, saisie du Conseil d’État par Fleur Pellerin et, enfin, aujourd’hui, le dernier acte : la décision finale du Conseil d’État.
Ce dernier a confirmé l’interdiction du film aux moins de 18 ans. Il vient donc valider la décision du tribunal administratif prise le 31 juin dernier. La raison ? Les scènes de sexe non simulées. Le Conseil d’État vient donc d’entériner une décision… quatre mois après la sortie du film et alors qu’il est aujourd’hui visible en France dans seulement quatre cinémas, tous parisiens.
Une décision plus que tardive qui n’aura pas empêché le film d’être le deuxième plus gros succès du cinéaste argentin en France : avec 50.000 entrées, il est derrière le sulfureux Irréversible et ses 600.000 entrées mais devant Enter The Void (49.000 entrées). Paradoxalement, la polémique autour de son interdiction n’est pas étrangère à son succès.

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Patrice André a gagné

Patrice André, avocat d’extrême-droite connu aussi sous le nom d’André Bonnet, est président de Promouvoir, une association proche des milieux catholiques traditionnalistes connue pour être habituée à s’opposer à des visas délivrés aux films par le CNC. Lors de l’interdiction, Vincent Maraval, producteur du film de Gaspar Noé, avait écrit à son propos sur Twitter :


Patrice André ne s’est pas seulement fait connaître pour ses positions contre Tomboy“un film pervers”, mais surtout pour s’être battu pour que Baise-moi ou Nymphomaniac vol.1 voient leur visa d’exploitation être retirés. En juin 2015, cinq ans après sa sortie dans les salles obscures en France, Saw 3D connaît le même sort, fruit d’un acharnement et symbole d’une asso qui n’en démord pas.
Voyez plutôt :

  • Décembre 2011 : le tribunal administratif rejette la demande de Promouvoir qui fait appel ;
  • Juillet 2013 : l’asso est déboutée par la cour administrative d’appel de Paris. Conséquence : Promouvoir se pourvoit en cassation devant le Conseil d’État ;
  • 1er juin 2015 : le Conseil d’État annule le visa d’exploitation de Saw 3D.

Dans une interview parue en juillet dernier sur Première, le cofondateur et avocat de Promouvoir expliquait son objectif :

Son objet est, en résumé, de défendre la dignité de la personne humaine et de protéger les mineurs, à travers la “promotion des valeurs judéo-chrétiennes”, d’où son nom.

Patrice André poursuit :

Pourquoi les producteurs de ces films aujourd’hui en débat veulent-ils absolument montrer des scènes destructrices aux plus jeunes ? […] Si le sujet d’un film est adulte, et qu’il est tourné pour des adultes, avec des scènes à l’égard desquelles seuls des adultes peuvent adopter la distanciation nécessaire, il doit faire une carrière en accord avec ce choix initial.