Au milieu des remous adolescents, la chambre peut devenir un “sanctuaire”, un endroit “où on grandit, où on apprend à se connaître, où on tente des trucs avec son style, où on écoute la musique qu’on aime. C’est vraiment un espace où on peut exprimer qui on est de la façon la plus pure qui soit”, s’épanche Daisy Davidson. La photographe a elle-même sanctuarisé sa chambre, et ce, dès son plus jeune âge, lorsque Pokémon, Hamtaro ou Sofia Coppola – et tout ce que la réalisatrice a de plus “tumblrien” – ont eu raison des murs de sa chambre : “Adolescente, j’ai toujours fait en sorte que ma chambre reflète extrêmement précisément mes centres d’intérêt et mon style”, se remémore auprès de nous l’artiste.
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Fascinée par les façons dont s’expriment les individualités, Daisy Davidson est parvenue à s’incruster dans les chambres d’inconnu·e·s afin d’immortaliser leur cocon et les histoires qu’il renferme. C’est après quelques mois passés à pratiquer la photographie de rue que la styliste passe des espaces publics et la mode du bitume aux chambres à coucher et à la décoration d’intérieur – deux faces d’une même pièce.
Hysteric Rooms. (© Daisy Davidson)
“Inspirée par les magazines japonais tels que Cutie et Kera, qui présentaient souvent une section sur les chambres du lectorat”, elle demande à ses modèles de rue si elle peut les photographier dans l’intimité de leur chambre : “Ces endroits sont toujours tellement intéressants et donnent un super aperçu de leur propriétaire, dressant souvent un lien entre le style vestimentaire et la décoration de la chambre.” Après quelques sessions photo, elle décide de faire de son projet un zine dédié aux “hysteric rooms”, en écho à son compte Instagram Hysteric Fashion, notamment repéré par Dazed.
Bien qu’elle ait remarqué certaines tendances récurrentes, Daisy Davidson souligne le caractère unique de toutes les chambres qu’elle a photographiées, reflets des individualités rencontrées : “Chaque chambre de ma série est unique parce que l’expression de chaque modèle est tellement différente.” Plus que de célébrer des passions et des passionné·e·s, la photographe a à cœur de “documenter l’espace de chaque personne à un moment unique de leur trajectoire d’expression de soi” : “D’un point de vue superficiel, j’aime ces images parce qu’elles sont riches de spécificités et qu’il y a tant à voir et à découvrir dans chaque cliché, mais au-delà de ça, j’adorerais que mes photos capturent quelque chose d’encore plus profond. J’aimerais que mes modèles puissent revoir ces images plus tard dans leur vie et qu’ils ressentent de l’affection pour ce moment de leur vie et la façon dont ils s’exprimaient à l’époque.”
Ce travail de célébration des identités se pare d’un versant documentaire, une quête d’archives prenant la forme de capsules temporelles à l’attention du présent et du futur. L’autoproclamée “maximaliste” poursuit sa tournée des chambres à coucher, tout en soufflant que la sienne est restée “le même genre de chambre, remplie de plushies et de figurines”. Et ça donne pas mal envie de recréer la chambre idéale de ses 15 ans, d’autant que, maintenant, on a le droit d’avoir cette peluche trop grosse et des livres qui traînent.
Hysteric Rooms. (© Daisy Davidson)
Hysteric Rooms. (© Daisy Davidson)
Hysteric Rooms. (© Daisy Davidson)
Hysteric Rooms. (© Daisy Davidson)
Vous pouvez retrouver Daisy Davidson sur son compte Instagram Hysteric Fashion.