L’histoire vraie derrière le film Reality (et pourquoi son procédé est dingue)

L’histoire vraie derrière le film Reality (et pourquoi son procédé est dingue)

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(© Metropolitan FilmExport)

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Par Arthur Cios

Publié le , modifié le

Porté par l’impressionnante Sydney Sweeney, ce film sur l’histoire de Reality Winner, ancienne salariée d’une boîte travaillant pour la NSA, est une claque à bien des égards.

On est le 3 juin 2017. Reality Winner rentre du travail et voit deux personnes devant chez elle : deux agents du FBI qui vont l’interroger pendant plus d’une heure. En dehors de quelques interruptions, il durera 82 minutes précisément. En cause ? On lui reproche d’avoir fait fuiter des documents prouvant l’implication d’interférences russes sur l’élection de Donald Trump en 2016.

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C’est un entretien enregistré et qui révèle une personnalité complexe. C’est cet enregistrement qui a poussé Tina Satter à l’exploiter, d’abord pour en faire une pièce de théâtre, puis un film (son premier), Reality, avec un procédé particulier : tous les dialogues proviennent, à la virgule près et avec l’intonation la plus juste possible, de cet enregistrement du FBI, presque temps réel.

Le meilleur thriller de l’été ?

Ce qui aurait pu n’être qu’un exercice de style se révèle être en réalité le thriller de l’été, haletant comme pas deux, et porté par une très grande Sydney Sweeney (que l’on connaissait principalement pour Euphoria et The White Lotus, et qu’on découvrira prochainement dans un nouveau spin-off de Spider-Man chez Sony).

L’actrice incarne à la perfection cette madame tout le monde, vétéran devenue prof de yoga, qui ne comprend pas bien ce qu’elle fait là, fait l’innocente, avant de se révéler être une personnalité bien plus complexe. Fausse ingénue, vraie whistleblower ?

Le suspens est tenace tout du long de ces 82 minutes, que l’on suit comme une conversation normale, avec un retour parfois à la vraie discussion, le vrai audio et la vraie retranscription, prouvant encore une fois que le réel demeure plus puissant que la fiction — et puis, avec ce nom, ça ne s’invente pas.

C’est aussi un jeu de mise en scène extrêmement tenu et minutieux de Satter qui, avec un dispositif restreint (uniquement du dialogue entre trois protagonistes en huis clos), réussit à faire jaillir une tension rare. Un vrai film de cinéma, que l’on a la chance d’avoir dans nos salles obscures — aux États-Unis, le film n’a été diffusé que sur HBO, et ce malgré des sélections dans divers festivals.

Reality est actuellement au cinéma.