Un coin de toile, des coulures de peinture, des motifs vibrants mais avortés… Voilà à quoi ressemble la toute dernière œuvre de Keith Haring, réalisée en 1989 et sobrement intitulée Peinture inachevée. L’artiste a volontairement suspendu la création de ce tableau pour symboliser le funeste destin qui l’attendait alors qu’il souffrait de complications liées au sida.
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Les ultimes tableaux de Keith Haring regorgent de son sentiment d’attente face à la mort. Certains présentent des squelettes éjaculant sur des plantes ou de grands triangles roses. D’autres dépeignent une paire de ciseaux coupant un fil ou un bouquet de fleurs sectionné. À seulement 32 ans, le génie de la peinture succombera des suites de sa maladie le 16 février 1990, soit un an après sa Peinture inachevée.
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Quand il a entamé cette œuvre, l’artiste new-yorkais savait qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre. Par ce vide, par ce blanc laissé sur plus de la moitié de sa toile, il témoignait de sa vie et de toutes les autres vies que la sienne condamnées, avortées, inachevées et perdues à cause du VIH.
Ses célèbres corps vibrants revêtent ici un violet clair et foncé, dont les teintes seraient inspirées d’un code foulard renvoyant au sexe pénétratif – que cette épidémie a fini par diaboliser. Dans Peinture inachevée, le vide que Keith Haring a laissé résonne dans ce blanc maculé, comme une vie fauchée. Le peintre ne terminera jamais sa toile et l’œuvre ne cessera jamais de le pleurer en mauve.