En 1967, le Velvet Underground & Nico sortait son premier album éponyme : The Velvet Underground & Nico. Pour cet opus, le groupe états-unien composé de Lou Reed, John Cale, Sterling Morrison et Maureen “Moe” Tucker a collaboré avec la mannequin et actrice allemande Nico pour quatre morceaux : “Femme Fatale”, “I’ll Be Your Mirror”, “All Tomorrow’s Parties” et “Sunday Morning”. Figurent aussi les célèbres titres “Venus in Furs” et “Heroin”.
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Produit par Andy Warhol lui-même, car tou·te·s évoluaient au sein de sa Factory, cet album enregistré en quelques jours dans un petit studio de Broadway ne fut pas un succès commercial. Pourtant, il a marqué l’histoire de la musique. L’enregistrement s’est déroulé dès 1966 à travers plusieurs séries de performances artistiques menées par Warhol et réunies sous le nom d’Exploding Plastic Inevitable Now. Le groupe s’est produit tous les soirs pendant un mois au Dom dans l’East Village. À côté, des performances BDSM se tenaient et des films de l’artiste plasticien étaient projetés.
Il n’y a pas que les chansons qui ont été produites par Warhol mais également la pochette, mythique, élue meilleure cover de tous les temps par Billboard. En deuxième position, on retrouve d’ailleurs Abbey Road des Beatles qui a fêté ses 54 ans cette année. Cette banane est probablement, avec celle de Maurizio Cattelan, la banane la plus célèbre au monde. Et vous remarquerez qu’en haut de l’image, figure une inscription : “Pelez doucement et voyez.” La version originale comportait un sticker à décoller, laissant apparaître le cœur d’une banane couleur chair. Un symbole très phallique.
Pochette de l’album <em>The Velvet Underground & Nico</em> du Velvet Underground & Nico. (© Andy Warhol)
MGM Records eut du mal à produire la pochette : l’autocollant était une sacrée contrainte. C’est pourquoi le label a fini par penser à une alternative statique, sans autocollant. Un portrait du danseur Eric Emerson (de la Factory) apparaissait au dos de l’album, alors qu’il n’avait donné aucune autorisation pour la reproduction de son image, Warhol estimant qu’il avait les droits sur tou·te·s les artistes de son écurie. Le performeur l’attaqua en justice et le label fut contraint de masquer d’un autocollant son image et de rééditer le vinyle en 1973. Cette affaire n’aida pas la large distribution du vinyle, d’autant plus que les thèmes abordés dans les titres étaient très sulfureux pour l’époque et, donc, peu diffusés à la radio.
Il faut aussi noter que le nom du groupe ne figurait qu’au dos de la pochette, avec leurs portraits pris par Paul Morrissey. Le nom d’Andy Warhol était celui qui trônait en couverture, si bien que le public pensa qu’il était devenu chanteur. Warhol est largement intervenu sur leur création : il guidait l’écriture, les mélodies et la durée des chansons, en plus de vouloir y placer ses muses – Edie Sedgwick avait été initialement choisie à la place de Nico.
Le Velvet voulait exister seul, et ne pas être réduit à l’accompagnement des divas et muses érigées par Warhol. De moins en moins libres et rendus de plus en plus invisibles, ils finiront par se séparer d’Andy Warhol et de Nico. Ils sortiront après ça leur album White Light/White Heat, qui regroupe des titres moins mélancoliques et pop que leur précédent opus, et qui ne remportera pas un grand succès. Les thèmes resteront les mêmes, à savoir la sexualité, l’amour et les drogues. Le Velvet Underground resta vraiment underground, avec 58 476 exemplaires vendus pour son premier album.
Outre le classement de Billboard, le groupe est aujourd’hui reconnu à sa juste valeur. De son côté, Nico s’est lancée dans une carrière de chanteuse solo avec Chelsea Girl. The Velvet Underground & Nico occupe la 13e place du classement des 500 plus grands albums de tous les temps des Rolling Stone (datant de 2003) et le groupe a été élu parmi les plus influents de tous les temps. Cette œuvre musicale figure parmi Les 1 001 albums qu’il faut avoir écouté dans sa vie, de Robert Dimery, et est dans le top 5 des albums les plus appréciés par la critique, d’après Acclaimed Music.