L’Académie vient d’annoncer quelques nouveautés pour les éditions à venir, dont la création d’une catégorie pour les films populaires. Mais quid du reste ?
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Le grand monde du cinéma est en émoi. Les journalistes spécialisés sont outrés, les petits acteurs de l’industrie n’arrivent pas à y croire et certains mastodontes, dont un aux grandes oreilles, se frottent les mains. L’Académie des Oscars va suivre le modèle des César et offrir une récompense pour des films dits “populaires”.
Logiquement, certains s’offusquent. Cela signifierait-il, en creux, qu’un succès populaire n’a actuellement aucune chance de gagner un Oscar ? Si oui, peut-être serait-ce davantage instructif sur la qualité des films à succès que sur le snobisme de l’Académie. Cela ressemble en tout cas à un joli cadeau aux grands blockbusters de Disney et autres producteurs majeurs de l’industrie.
La réalité est un poil différente. La pression proviendrait de la chaîne ABC, du fait d’audiences en chute libre de la grand-messe du septième art. Petit détail qui n’a probablement rien à voir avec cette décision : ABC est une des propriétés de Disney. Bref, l’Académie a décidé de raccourcir la cérémonie et de créer une catégorie plus populaire, qui parlera peut-être un peu plus à son public.
Ceci étant, d’autres aspects qui caractérisent les productions de l’industrie mériteraient d’être mis en avant, y compris ceux jouent directement sur la popularité d’un film. Voilà les catégories que nous aurions préféré voir s’ajouter à la liste des Oscars distribués durant la fameuse cérémonie :
Un Oscar pour les cascadeurs
Ce n’est pas nous qui le disons, mais un certain Edgar Wright. Le cinéaste de Baby Driver a réagi au très bon Mission Impossible : Fallout, expliquant qu’il était la preuve que les cascadeurs méritaient autant d’être présents aux Oscars que les autres. Beaucoup l’ont suivi et difficile de les contredire. D’ailleurs, les Screen Actors Guild Awards le font déjà, alors pourquoi pas les Oscars ? Mais, attention, il faudrait alors récompenser aussi le chorégraphe, le chef des cascadeurs, etc., bref tout le staff qui rend nos films de plus en plus incroyables sur ce point de vue.
Un Oscar du premier film
Les César ont eu une bonne idée en récompensant les premiers films. Se jeter à l’eau n’est pas toujours facile et il y a souvent des coups d’éclat. Côté français, on pense bien évidemment à Grave, mais on aurait complètement pu voir les années passées côté américain un Get Out, Lady Bird, The Witch, Ex Machina, et bien d’autres. D’xcellents films qui mériteraient d’avoir un prix mais qui sont face à des monstres difficiles à battre.
Un Oscar de la révélation masculine et féminine, comme aux César
Il est assez étonnant qu’une telle catégorie n’existe pas encore. En France, c’est un moment plébiscité des Césars qui a permis de lancer de nombreuses carrières, à l’image de celle de Tahar Rahim, meilleur espoir masculin en 2010 pour Un prophète ou Adèle Exarchopoulos pour La vie d’Adèle en 2014. Elle a un temps existé dans une autre cérémonie américaine : les Golden Globes, et a été sporadiquement décernée de 1948 à 1983. Arnold Schwarzenegger l’a notamment reçu pour Stay Hungry (1977).
Une telle catégorie aurait d’autant plus de sens aux Oscars qu’il est parfois difficile pour les acteurs débutants de faire le poids face à leurs aînés. Dernier exemple en date : Timothée Chalamet nommé pour Call Me by Your Name face à Daniel Day Lewis (oscarisé trois fois) et Gary Oldman, qui a finalement remporté la statuette. Au même âge, Jennifer Lawrence avait toutefois réussi à décrocher l’Oscar de la meilleure actrice pour Happiness Therapy, même s’il faut bien avouer que la concurrence était un peu moins rude.
Un Oscar pour les bandes originales façon compilation
Jusque-là, nous récompensions les mixages sonores, les montages de son, les chansons originales et les bandes originales. Mais quid des soundtracks version compilation, qui deviennent la norme depuis quelque temps ? La B.O. de Pulp Fiction est certes aussi iconique que celle du Roi Lion, qui repartit en 1995 avec la statuette dorée, mais c’est loin d’être tout le temps le cas. De Marie-Antoinette à Baby Driver, en passant par les Gardiens de la Galaxie ou Drive, il y a de quoi faire. Surtout lorsque ces morceaux font l’âme d’un film.
Un Oscar du meilleur monologue
“On est les enfants oubliés de l’histoire mes amis. On n’a pas de but ni de vraie place. On n’a pas de grande guerre, pas de grande dépression. Notre grande guerre est spirituelle, notre grande dépression c’est nos vies.”
Ci-dessus un morceau choisi du célébrissime monologue délivré par Brad Pitt aka Tyler Durden dans Fight Club. Il y a au cinéma des tirades tellement mythiques qu’on se les passe et les repasse. Savant dosage entre le jeu d’acteur, les plans du réalisateur et le travail ciselé des dialoguistes, on en connaît même certains par cœur. Pourquoi donc ne pas imaginer une récompense pour ces moments mythiques du cinéma ? Et pour être parfaitement juste il faudrait décerner ce prix au trio sans qui rien n’est possible : auteur, acteur, cinéaste.
Un Oscar pour la meilleure voix
Depuis 2001, l’Académie des Oscars a créé un prix pour récompenser les meilleurs films d’animation. Et bien que derrière chaque personnage animé se cache la voix d’un acteur, aucun comédien n’a encore été nommé pour sa contribution dans un film d’animation. À tel point qu’on peut se demander s’il ne faudrait pas créer une catégorie à part pour ces performances un peu spéciales. On pense à George Clooney dont la voix a permis de donner vie au Fantastic Mr Fox ou encore Ellen DeGeneres qui en a ému plus d’un dans la peau de l’adorable Dora (Le monde de Dory).
Mais les films d’animation ne sont pas les seuls cas où un acteur prête uniquement sa voix à un film. Scarlett Johansson a proposé une intelligence artificielle plus vraie que nature dans Her, sans jamais apparaître à l’écran. De même, James Earl Jones, dont le nom vous échappe peut-être, est l’une des voix les plus célèbres de l’histoire du cinéma : Dark Vador dans le premier Star Wars.
Un Oscar pour la meilleure affiche
Alors oui, peut-être que de nos jours l’affiche d’un film est un peu moins importante qu’avant. D’autant que les studios en balancent toujours plus pour teaser la sortie de leurs productions. Il n’empêche que certaines d’entre elles sont inoubliables.
D’autres sont presque des œuvres d’art, tellement belles qu’elles mériteraient leur propre récompense. Récemment une des affiches d’Alien : Covenant présentée en noir et blanc et dans un clair-obscur rarement égalé a su conquérir le cœur des fans.
Les affiches de Moonlight (2016) ou encore Get out (2017) sont également de celles qu’on n’oublie pas.
Un Oscar de la meilleure bande-annonce
L’exercice de monter un trailer n’est pas aisé. Résumer un film de 2 h 30 en 2min30, tout en donnant envie aux spectateurs de se rendre dans les salles obscures, en en dévoilant assez mais pas trop non plus, et tout en se différenciant de la masse de bandes-annonces qui affluent nos réseaux est vraiment un exercice difficile. Mais certains sortent vraiment du lot et valent de recevoir une statuette dorée — on pense notamment à celle-ci !
Article écrit par Clothilde Bru & Arthur Cios.