Irrévérencieux, trash, jouissif, cathartique, enragé… les qualificatifs ne manquent pas quand il s’agit de définir le ton de The Boys. Mais “subtil” n’en fait pas partie et c’est très assumé. La série showrunnée par Eric Kripke, en érigeant en faux sauveur le psychopathe narcissique et fasciste qu’est Homelander, est un énorme doigt d’honneur à tout ce que l’alt-right américaine représente et à sa figure messianique autoproclamée Donald Trump.
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Pourtant, aussi ridicule et colérique que soit ce Superman nazillon, il reste admiré, au premier degré, par des hordes de fans qui partagent sa vision du monde. Une vision du monde qui peut se résumer à : “Je suis un dieu, obéissez-moi ou mourez”. Il faut croire que certains aiment lécher le talon de la botte qui leur piétine le visage.
“Certaines personnes qui regardent pensent que Homelander est le héros. Qu’est-ce que je peux répondre à ça ? Cette série est beaucoup de choses. La subtilité n’en fait pas partie. Si c’est ça, la leçon que vous en tirez, je ne peux rien faire pour vous”, a déclaré Eric Kripke au Hollywood Reporter.
Mais quelque chose s’est produit en saison 4, lancée ce 13 juin sur Prime Video. Comme un murmure sur les forums de masculinistes et de suprémacistes blancs qui aurait fini par atteindre les réseaux sociaux mainstream (comme X/Twitter, où ces mêmes individus vivent leur meilleure vie depuis la prise de pouvoir d’Elon Musk). Tout d’un coup, ces mêmes fans qui pensaient que The Boys glorifiait leur idéologie… comprennent que la série se foutait de leur gueule depuis le début. Dur.
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“The Boys est devenue trop woke !”, c’est un peu la plainte qui revient ad nauseam dès qu’une œuvre n’est pas assez raciste/sexiste/LGBTphobe à leur goût. L’épisode 3 a été l’affront de trop, apparemment. Déjà parce qu’il révèle la bisexualité d’un des protagonistes masculins (Maeve qui roule une pelle à une autre femme, c’est OK, mais un de leurs “bros” qui fait la même chose avec un mec, c’est la fin du monde).
Mais surtout, une bonne partie de l’épisode se déroule dans une convention de l’alt-right, où l’on trouve, pêle-mêle, des suprémacistes blancs, des malades des armes à feu, des survivalistes, des complotistes, et une youtubeuse/influenceuse venue mettre le feu aux poudres. Si ce n’est la présence de Supes dans les rangs, on n’est pas très éloigné de la réalité.
Bon sang, qu’ils ont l’air con… C’est sans doute face à ce reflet peu flatteur que ces quelques fans, un peu longs à la détente, ont compris. Peut-on espérer qu’a minima, grâce à cette prise de conscience tardive, on verra moins de gifs de Homelander en arme de destruction massive sous chaque post lié de près ou de loin aux questions de race, de sexisme, ou de queerness ? Laissez-nous rêver une seconde.
Bref, l’Amérique est divisée et cette polarisation est soigneusement orchestrée par Vought International qui se frotte les mains à l’idée que tout pète. Parce que, comme tout bon dictateur, la firme ne peut vendre ses services et son idéologie sécuritaires au peuple que s’il est terrifié.
Eric Kripke l’a réaffirmé il y a quelques jours dans l’interview au Hollywood Reporter, la série est “à l’intersection de la célébrité et de l’autoritarisme, et comment les réseaux sociaux et l’industrie du divertissement sont utilisés pour vendre le fascisme”.
La saison 4 de The Boys est en cours de diffusion sur Prime Video.