“Ma mode est pour les femmes qui cherchent une expression intellectuelle qui va au-delà de la beauté”, résume la couturière néerlandaise Iris van Herpen, qui a habillé Beyoncé, Lady Gaga ou Björk et dont cent robes haute couture s’exposent à Paris. La créatrice de 39 ans a droit à une exposition dédiée au Musée des Arts Décoratifs, “Iris van Herpen. Sculpting the Senses”, jusqu’au 28 avril 2024. “Pour moi, la haute couture est une forme d’art. C’est vraiment important et cela peut transformer un être humain”, confie à l’AFP la couturière, pionnière dans l’usage de nouvelles technologies et qui transgresse les codes du vêtement conventionnel.
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Ses créations “peuvent être connectées à toutes les couches de la vie. Cela peut être lié à l’architecture, à la science, à la biologie, à la nature, à tout ce qui compte”, poursuit-elle. Les robes futuristes dialoguent avec des œuvres d’art contemporain et des pièces provenant des sciences naturelles, comme des coraux et des fossiles. De l’univers aquatique au cosmos, en passant par le thème des racines et du squelette : le parcours accompagné d’une composition sonore créée par son compagnon, Salvador Breed, invite à un voyage immersif.
Approche de danseuse
Un ensemble blanc en polyamide imprimé en 3D, éco-cuir et nylon, issu de la collection Crystallization faite en collaboration avec l’architecte Daniel Widrig et présenté dans le cadre de cette exposition, lui tient particulièrement à cœur. “C’est la première pièce que le musée a acquise et, pour moi, c’est une pièce très importante car c’était la première véritable impression que j’ai faite en 2010. Avant, je me concentrais uniquement sur l’artisanat traditionnel. Mais c’est à ce moment-là que j’ai commencé à collaborer avec architectes et scientifiques”, raconte Iris van Herpen.
“J’ai commencé non seulement à m’inspirer de ces disciplines, mais à travailler avec ces disciplines et cela a vraiment élevé” le niveau du vêtement, estime-t-elle. Avant-gardistes et ne ressemblant à aucune autre, ces robes ont une ligne harmonieuse qui embellit le corps. Est-ce important de penser à les rendre portables pour cette créatrice qui défile depuis plus de dix ans à la semaine de la haute couture à Paris ?
“Oui, absolument”, assure celle qui a grandi dans le village de Wamel, aux Pays-Bas, en osmose avec la nature, et qui a pratiqué les danses classique et contemporaine dès son plus jeune âge. “Il est très important pour moi que cela ait un rapport direct avec le mouvement. J’ai une formation en danse, donc je pense vraiment au mouvement lorsque je crée, il s’agit d’une transformation du corps.” Une approche qui a séduit des méga-stars comme Beyoncé ou Lady Gaga.
“Ce sont des femmes très puissantes qui possèdent leur propre univers. Elles dansent sur scène. Alors j’aime penser à leur façon de bouger, leur façon de danser.” Avec Björk, c’était différent, “on a beaucoup discuté et elle a partagé avec moi ses inspirations”, se souvient-elle. “Iris van Herpen nous fait rêver. Elle nous emmène entre les fonds sous-marins et les étoiles, ce n’est pas donné à tout le monde”, s’enthousiasme Christine Macel, directrice du Musée des Arts Décoratifs, à l’AFP.
Pour l’historienne du design Cloé Pitiot, elle “tient une place résolument à part dans l’histoire de la mode”, avec ses recherches sur le corps entre “tension dynamique et fluidité, finesse et complexité, mais aussi poésie et philosophie”. “Elle marquera l’histoire de la mode comme Alexander McQueen”, chez qui elle a été formée, “avec un univers extrêmement fort et signé et qui ne peut pas avoir d’imitateurs”, avance Christine Macel.