La première édition aura lieu ce samedi au Théâtre de la Concorde et récompensera les danseurs hip-hop dans 16 catégories. Bien plus qu’une cérémonie, les Étincelles Awards ont pour intention de mettre en lumière la culture hip-hop dans sa pluralité. C’est ainsi que l’événement s’étendra sur trois jours : le vendredi 14 juin aura lieu une conférence dansée ainsi qu’une jam ; le samedi 15 juin auront lieu des stages de danse et la cérémonie de récompenses ; et enfin, le dimanche 16 juin aura lieu un battle freestyle 1 vs 1. Les événements qui entourent la cérémonie sont gratuits et accessibles à tous, et toutes les informations sont disponibles sur la page de l’événement.
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Pour l’occasion, on a rencontré Kanon du collectif Ghetto Style qui est à l’initiative des Étincelles Awards pour en savoir plus sur cette première édition.
Konbini | Est-ce que tu peux nous expliquer l’objectif de la cérémonie ?
Kanon | C’est tout simplement une remise de prix pour les danseurs hip-hop par les danseurs hip-hop. La cérémonie est à l’initiative de GS Movement mais c’est vraiment pour la communauté. GS Movement, c’est un collectif d’artistes pluridisciplinaires dans lequel on retrouve des danseurs, des rappeurs, des graffeurs, des DJ, toutes les branches du hip-hop. C’est un collectif qui a été créé par un groupe d’amis et qui existe depuis 2010 pour faire des choses ensemble, s’amuser et vivre le présent. C’est parti d’un délire très simple.
Les Étincelles Awards, c’est vraiment pour la communauté de la danse. On s’est rendu compte qu’on n’avait pas ce genre de chose. La musique, le sport ont ce genre d’événements, mais pas les danseurs. Et personnellement, j’aime pas attendre que ça se fasse à notre place, parce que la danse mérite d’être reconnue par nous-mêmes, mais aussi à l’extérieur de la communauté d’autre part. Si on se remet des prix, on montre à tout le monde que, dans la danse, il y a aussi des personnes qui brillent. Et ces personnes brillent dans l’année mais aussi depuis des décennies.
Il y a des danseurs emblématiques qui aujourd’hui ont disparu, comme Babson, paix à son âme, et qui de leur vivant auraient mérité de participer. Je pense que c’est avec ce genre de cérémonies qu’on peut célébrer les artistes de leur vivant, sans attendre qu’ils partent. Babson a donné sa vie pour la communauté, c’était un passionné, il fait partie des gens qui ont sauvé des vies et c’est dommage que, de son vivant, il n’ait pas eu une reconnaissance significative sur scène, qu’on puisse le big up.
Pourquoi c’est important que cette cérémonie de récompenses soit à l’initiative des danseurs hip-hop ?
Pour la crédibilité et la légitimité. Nous, les danseurs hip-hop, on a connu tellement d’opportunistes venus de l’extérieur qui ont tenté de dénaturer ce qu’on fait qu’aujourd’hui, il faut que ce soit fait par nous, pour nous. Parce que c’est nous, les passionnés qui pratiquons cet art depuis des années et qui le connaissons. Je suis persuadé que les meilleurs discours sont les actions. Il faut faire les choses. La meilleure façon de conserver notre patrimoine, c’est de créer des choses. Et puis, le hip-hop, c’est aussi la débrouillardise. C’est ça, la base. On s’est toujours débrouillés quitte à danser sur des cartons. On a toujours été dans l’innovation pour s’améliorer.
Est-ce que l’objectif, c’est aussi d’apprendre aux gens qu’il y a une diversité de styles de danse dans le hip-hop ?
Oui, ça fait partie des objectifs d’éduquer. D’ailleurs, dans la cérémonie, avant de remettre le prix dans chaque catégorie, on explique l’histoire du style avec une vidéo, une démo pour que le monsieur Tout-le-Monde puisse mieux comprendre le travail de l’artiste. L’objectif, c’est aussi de réunir les différentes communautés du hip-hop sous une même étoile. C’est notre mission depuis longtemps, même avec le battle Fusion Concept [dont Kanon est aussi à l’initiative, ndlr]. On a toujours voulu réunir les gens. Dès la naissance même du hip-hop, les cyphers regroupaient tous les styles. Le terme de “bboy” était employé pour tous les danseurs, c’était un seul cercle pour tout le monde. Nous, aujourd’hui, on revient juste à l’origine.
Comment les catégories ont été pensées et choisies ?
Cette année, on a fait simple ! On retrouve toutes les branches du hip-hop : popping, bboying, locking, le hip-hop freestyle, la house dance et aussi le krump. Mais il y a aussi des catégories plus spécifiques, comme celle du meilleur duo freestyle, parce qu’il y a beaucoup de formats de battle différents et on voulait vraiment ramener une petite diversité parce que le danseur peut être récompensé sous plusieurs angles. Un danseur peut participer à un battle, pas forcément le gagner, mais briller et inspirer les gens, et je pense que ça a aussi le mérite d’être récompensé. C’est pas forcément les gagnants des battles qui inspirent. Il y a des danseurs qui ramènent des tendances, des danseurs qui représentent la France à l’étranger, des gens qui fédèrent, et ces danseurs-là sont aussi méritants.
D’ailleurs, au début, on avait 26 catégories, on a dû réduire, mais de toute façon, on a pour projet de changer les catégories chaque année parce que c’est aussi indispensable pour nous d’écouter la communauté. On va faire des sondages et vraiment essayer d’être à l’écoute. Nous, on est au service de la communauté quand on fait ça.
Comment ont été sélectionné·e·s les nommé·e·s et le jury ?
On a sélectionné une quinzaine de jurés à qui on a envoyé une fiche pour qu’ils puissent donner leurs avis et des noms. Le jury a été sélectionné par nous car on est dans la communauté et on sait qui est qui dans le monde de la danse, mais on a aussi voulu sélectionner des jurés qui sont dans les médias parce qu’ils regardent tout et savent qui font la tendance. Comme médias, on retrouve notamment HippoH, Stance, FCD Krump, mais aussi Yard et Booska-P par exemple pour faire un lien avec les Flammes parce que c’est logique qu’on soit connectés. Ensuite, les nommé·e·s sont sélectionné·e·s par ce jury et soumis·es aux votes du public. À la fin, c’est le choix du public et le choix du jury qui sont combinés pour sélectionner le gagnant.
Retrouvez l’ensemble des membres du jury sur la page des Étincelles Awards.
Tu parlais de faire un lien avec les Flammes, le nom “Étincelles” vient d’ailleurs en résonance avec cette autre cérémonie. Il y a en effet la même volonté de mettre en lumière les cultures populaires !
Oui, c’est la même volonté. Quand on a choisi le nom “Étincelles”, il avait une volonté de faire écho à la cérémonie des Flammes. Mais même sans l’existence des Flammes, on serait aussi partis sur le côté Étincelles, parce qu’un danseur brille en un instant mais c’est quelque chose d’intense. On travaille toute notre vie pour briller un instant et c’est ça aussi la magie d’un danseur.
Pour participer aux événements gratuits qui entourent la cérémonie, rendez-vous dans les liens en biographie sur la page Instagram des Étincelles Awards.