Les émotions qui nous traversent au cinéma capturées par Julien Mignot, dans la pénombre des salles

Les émotions qui nous traversent au cinéma capturées par Julien Mignot, dans la pénombre des salles

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© Julien Mignot

En plein Festival du cinéma américain de Deauville, le photographe est discrètement venu rendre hommage au public – et oui, c’est bien Francis Ford Coppola sur la photo d’aperçu.

Planches Contact, le festival de photographie de Deauville, revient pour une quinzième édition du 19 octobre au 5 janvier 2025, et donne à voir des expositions disséminées dans toute la ville. La série Temps Écran, du portraitiste Julien Mignot, en fait partie. Coup de projecteur sur ces images extirpées de l’obscurité des projections et capturées durant le Festival du cinéma américain de Deauville, qui rendent hommage aux amoureux⸱ses du grand écran.

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Avant Temps Écran, il y a d’abord Temps Présent, une série réalisée par le photographe lors de sa résidence pour Planches Contact en 2023. Hors de l’agitation parisienne et de l’emploi du temps compacté du quotidien, Julien Mignot imagine un projet qui redonne toute sa valeur au temps : “J’avais carte blanche pour créer sur un territoire donné : la Normandie, pour moi, c’était globalement Françoise Sagan, Marguerite Yourcenar et quelques peintres impressionnistes.”

Temps Présent. (© Julien Mignot)

La Normandie, douce et abstraite

Dans la continuité de son travail sur la question des limites et des transitions, il installe une chambre photographique à flanc de falaise et capture lentement des paysages, du lever au coucher du soleil. “Je ne voulais pas capturer l’instant mais faire la somme des couleurs : le rouge du coucher de soleil, le ciel gris, les reflets dorés sur la mer.” Dans la pratique, Julien Mignot reste des heures planté à côté de sa chambre photographique à ajuster les réglages selon la lumière. Le résultat : des paysages normands doux et abstraits où se superposent les heures du jour.

À l’occasion du Festival du cinéma américain de Deauville, le photographe a réutilisé ce procédé pour réaliser des portraits dans l’obscurité des salles de cinéma. Qu’ils soient ceux d’anonymes, d’invité·e·s du festival ou d’acteur·rice·s de l’industrie, Julien Mignot a discrètement pris leur portrait grâce à un appareil de très longue focale, à l’image de ceux qu’utilisent les paparazzis.

Temps écran. (© Julien Mignot)

“J’attendais une scène un peu lumineuse pour faire mes réglages et cadrer mon sujet, puis je déclenchais le temps de la scène suivante. L’idée était d’observer les émotions qui passaient sur le visage des gens lorsqu’ils regardent un film avec intensité”, détaille le photographe.

Célébrer le public de cinéma

Les légers mouvements de chacun⸱e rendent souvent les personnes identifiables sur les images, bien que certain·e·s, comme Francis Ford Coppola, soient facilement reconnaissables. “Il y a une forme d’égalité dans une salle de cinéma, on se retrouve tou·te·s à vibrer devant le même film. Cette série est une manière de rendre hommage au public, mais aussi une façon de se souvenir que regarder des films ensemble est précieux à l’heure où le temps face aux écrans est très majoritairement individuel”, rappelle Julien Mignot.

Temps Écran. (© Julien Mignot)

Le festival Planches Contact se tient du 19 octobre au 5 janvier 2025, à Deauville, et vous pourrez y découvrir la série de Julien Mignot.

Konbini, partenaire de Planches Contact.