Pour la deuxième année consécutive, Hong Kong est nommée la “ville la plus chère du monde” par Time Out. Et s’il est coûteux d’y vivre, il est tout aussi onéreux d’y mourir. Un emplacement dans un cimetière privé s’élèverait officiellement à 280 000 dollars de Hong Kong (plus de 30 400 euros) et pourrait officieusement monter jusqu’au quadruple de ce montant, précise CNN. Les places publiques sont plus abordables mais très prisées : les permanentes sont toutes occupées et les parcelles “récupérables” sont “sujettes à une exhumation obligatoire après seulement six ans”, donnant place à une ronde interminable.
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D’un point de vue architectural aussi, la mort imite la vie : les cimetières de Hong Kong s’élèvent à la verticale, à l’image des gratte-ciels de la région et de la densité de la métropole. Le photographe Finbarr Fallon s’est intéressé cinq ans durant (de 2015 à 2019) à ces paysages monumentaux qui surplombent la ville comme une ombre, presque bienveillante, de la mort.
“Dead Space”. (© Finbarr Fallon)
Dead Space présente ces multitudes de tombes vues d’en haut, souvent immortalisées à proximité des tours. “Je voulais montrer cette relation entre les vivants et les morts dans une seule composition”, explique le photographe. Une troisième division s’insère dans les images : aux côtés de l’empilement de lieux où vivre puis mourir, l’artiste a pris en compte la verdure qui encercle l’aire urbaine, grignotée par la pierre et l’acier.
Une perte de repères à l’infini
Le gouvernement pousse la population à choisir la crémation plutôt que l’inhumation mais, quoiqu’il arrive pour Finbarr Fallon, ces cimetières demeurent une “anomalie spatiotemporelle” et une “interface entre la vie éternelle et les forces modernes des lois du marché”. Photographiés comme des œuvres d’art architecturales, volontairement sous un ciel nuageux, ces lieux se parent de dimensions plurielles, poétiques, nostalgiques et, plus concrètement, mortelles.
L’impression de gigantisme est accentuée par les choix techniques et de composition de l’artiste. Il a pris des vues au drone et a utilisé des téléobjectifs afin d'”aplatir” la composition en “compressant le premier plan et l’arrière-plan”. La petitesse des personnages parfois présents sur les images renforce également cet effet monumental. La répétition illimitée des tombes, de leur couleur et de leurs motifs sonne comme un écho à l’infini de l’au-delà : la géométrie devient l’occasion de se perdre dans des considérations philosophiques.
“Dead Space”. (© Finbarr Fallon)
“Dead Space”. (© Finbarr Fallon)
“Dead Space”. (© Finbarr Fallon)
“Dead Space”. (© Finbarr Fallon)
“Dead Space”. (© Finbarr Fallon)
“Dead Space”. (© Finbarr Fallon)
“Dead Space”. (© Finbarr Fallon)
“Dead Space”. (© Finbarr Fallon)
“Dead Space”. (© Finbarr Fallon)
“Dead Space”. (© Finbarr Fallon)
“Dead Space”. (© Finbarr Fallon)
Vous pouvez retrouver le travail de Finbarr Fallon sur son site et sur son compte Instagram.