Une étude alerte sur les risques liés à la tendance de prendre une chouette comme animal domestique.
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Ah Harry et Hedwige… Le lien spécial qui unit le petit sorcier à sa chouette tient une place particulière dans le cœur des fans des livres de J. K. Rowling – surtout après (attention spoiler !) ce que certains considèrent comme l’héroïque sacrifice de l’animal pour sauver son maître dans Harry Potter et les Reliques de la Mort.
Toutefois, selon une étude, cette amitié magique a d’autres conséquences que celle de toucher les fans, et serait responsable de la croissance d’un trafic illégal d’oiseaux en Indonésie. Les professeurs Vincent Nijman et Anne-Isola Nekaris de l’université Oxford Brookes ont constaté une forte augmentation de la demande pour ces oiseaux sur le marché indonésien depuis la publication de la série Harry Potter dans le pays :
“Des centaines d’espèces d’oiseaux sauvages sont mises en vente sur les marchés des oiseaux de Java et de Bali, en Indonésie, pour faire face à la demande d’animaux domestiques et d’oiseaux chanteurs.
Dans le passé, il n’y avait que très peu de chouettes sur ces marchés, mais depuis la sortie des Harry Potter au début des années 2000, leur popularité a augmenté.”
En plus d’une enquête quantitative rétrospective du nombre de chouettes en circulation sur le marché, les chercheurs ont mené 109 études en parallèle pour identifier les différents facteurs expliquant cette augmentation. La concordance des dates les a confortés dans la théorie selon laquelle les romans de J. K. Rowling ont popularisé l’idée d’avoir une chouette comme animal domestique. Ils écrivent ainsi :
“La proportion de chouettes dans l’ensemble des oiseaux représentés sur ces marchés est passée de moins de 0,06 % avant 2002 à plus de 0,43 % après 2008, suggérant un ‘effet Harry Potter à retardement’.”
Pour les chercheurs, cette mode est inquiétante car elle pourrait mettre en péril la conservation des espèces les plus rares. Leur étude révèle que de nombreuses espèces de chouettes (dont la chouette effraie, le petit-duc de Java et la chouette leptogramme) sont traquées pour être vendues entre 5 et 25 euros. Elles sont toutes surnommées par les vendeurs “burung Harry Potter” (“les oiseaux d’Harry Potter”).
Si les écologistes s’inquiètent des effets négatifs de ce changement soudain, la mode des chouettes est popularisée par les réseaux sociaux. Le problème, c’est que le pays ne contrôle absolument pas sa population de chouettes et ne dispose d’aucune loi qui imposerait des quotas sur la chasse des oiseaux.
Vincent Nijman et Anne Nekaris pensent qu’il est temps de placer ces oiseaux sur la liste des espèces protégées, afin de sensibiliser les acheteurs potentiels. “Elles sont vivantes et mignonnes quand vous les voyez sur le marché, mais d’un point de vue réaliste, elles sont déjà mortes”, a déclaré Vincent Nijman au site scientifique Nature.com.
En 2012, J. K. Rowling elle-même s’était exprimée contre le mauvais traitement des chouettes en affirmant : “Si mes livres vous ont poussés à croire qu’une chouette peut être plus heureuse dans une petite cage enfermée dans une maison, je saisis cette opportunité pour déclarer fermement que vous avez tort.”
Traduit de l’anglais par Sophie Janinet