En ligne depuis le 3 octobre, Déter, la nouvelle série ado de France.tv Slash offre un nouveau regard sur la jeunesse. La ruralité, c’est la grande oubliée des fictions dites de “prestige”, alors qu’elle occupe la plus grande partie de notre territoire. Déter vient corriger cet affront en plongeant ses héros et héroïnes au cœur de la campagne bretonne. Tournée à une trentaine de kilomètres à l’est de Rennes, à Vitré, la série nous raconte le quotidien d’élèves d’un lycée agricole.
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L’amour est dans le pré
Il y a évidemment des peines de cœur, des amitiés qui naissent, des bêtises plus ou moins pardonnables. Mais une chose est sûre : à la différence de leurs camarades de SKAM, ils et elles ne sont pas là par hasard. Le lycée agricole est un choix mûrement réfléchi, on ne s’y engage pas sans raison mais pour apprendre un métier et/ou par amour du terroir et de la nature.
C’est Sohan, un petit nouveau, qui nous servira de guide. Lui n’a aucune volonté d’y trouver une vocation. Il s’est en fait inscrit pour une seule raison : comprendre ce qui est arrivé à Max, son meilleur ami, qui est inscrit à cet établissement avant de mettre fin à ses jours. Lui qui sait “à peine faire la différence entre une vache et un cochon” comme le fait remarquer une de ses camarades de classe, va devoir retrousser ses manches. Loin des clichés que l’on peut avoir sur ce milieu agricole, Déter s’échine à dépeindre cette jeunesse de la façon la plus juste possible.
Avec empathie et sensibilité, la série met l’emphase sur des sujets qui secouent cette génération, comme le harcèlement scolaire et ses ravages, la transidentité loin des traumatismes à travers le personnage de Lia — son identité de genre n’est pas un sujet, ses ami·e·s savent qu’elle est trans et l’adorent sans réserve, mais elle fait plus face à des discriminations d’ordre administratif — ou encore les rivalités entre les enfants d’agriculteurs et les autres.
SKAM à la campagne
Déter, c’est donc un peu “SKAM à la campagne”. La comparaison n’est pas fortuite puisque deux de ses trois créateurs ont un lien direct avec l’adaptation du format norvégien : Niels Rahou, qui a supervisé l’écriture des saisons 3 à 5 de SKAM France, et Alexandre Gorget qui travaille actuellement sur la saison 11. Le troisième, Sébastien Fabioux, est aussi un adepte des fictions quotidiennes et leur rythme exigeant puisqu’il a été scénariste sur Un si grand soleil. Déter déporte son regard des ados des zones urbaines pour permettre cet effet de loupe bienvenu sur ces jeunes qui vivent un peu en vase clos à l’internat, parfois loin des parents (mais proches des bêtes).
© France Télévisions
En phase avec son décor, la série a même reçu le Label Écoprod Pionnier, qui récompense les productions vertueuses sur le plan énergétique. Un plan d’action écologique a été mis en place, avec des repas bio et locaux, la récupération des eaux de pluie, le recyclage et/ou compostage des déchets ou l’utilisation de toilettes sèches.
Enfin, pour être au plus près de la réalité, la production a rencontré en amont des dizaines d’élèves de lycées agricoles pour des entretiens salutaires puisqu’ils ont debunké pas mal d’idées reçues sur le milieu rural. Oui, les personnes transgenres existent au-delà du périph, non, tout le monde n’est pas hétéro, et oui, le racisme est aussi présent qu’ailleurs. À travers Sohan (Bastien Savarino), Lia (Jeanne Hendschel), Mehdi (Yanis Khiar) et Elsa (Romane Mondoulet), Déter dresse un portrait touchant et sincère de cette jeunesse dont on aurait tort de se détourner. On parie que la série va créer des vocations à la prochaine rentrée scolaire !
La saison 1 de Déter, c’est un épisode de 7 minutes tous les jours, ou un épisode de 35 à 40 minutes chaque semaine sur France.tv Slash (les 5 premiers sont déjà disponibles sur la plateforme).