L’argent récolté par Leonardo DiCaprio pour sa fondation et la production du Loup de Wall Street est sans doute issu de la corruption massive qui fait rage en Malaisie.
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C’est une affaire de gros sous bien compliquée. La fondation de Leonardo DiCaprio aurait accepté de l’argent d’un fonds souverain malaisien, 1Malaysia Development Berhad (1MDB), monté par le premier ministre malaisien Najib Razak en personne en 2009 et détenu par le gouvernement.
Or cette compagnie est dans le collimateur du FBI depuis plusieurs années pour une affaire de fraude massive : d’après la justice américaine, ses dirigeants auraient détourné 3,5 milliards de dollars (près de 3,13 milliards d’euros). Comme le relate ici Le Monde, en 2015, le Wall Street Journal a révélé que le premier ministre malaisien a “siphonné” l’équivalent de 546 millions d’euros à 1MDB. En d’autres termes, les sommes récoltées par Leonardo DiCaprio pour ses bonnes œuvres ont de grandes chances d’être issues des fruits de la corruption des oligarques malaisiens.
En conséquence, le 25 août, le fonds suisse Bruno Manser a écrit une lettre ouverte à charge à destination de l’acteur hollywoodien. L’ONG écolo basée à Bâle demande à Leonardo DiCaprio et sa fondation de rendre les sommes perçues auprès de 1MDB. D’après Lukas Straumann, directeur du fonds Bruno Manser, il s’agit d’une “honte” et d’un agissement “en totale contradiction avec les buts déclarés de la fondation Leonardo DiCaprio”. L’ONG demande à l’acteur de The Revenant de “rendre l’argent au peuple malaisien” et de présenter ses excuses.
“Il doit être exemplaire dans sa manière d’endosser le rôle”
Cerise sur le gâteau, elle ajoute qu’il est de la responsabilité de l’acteur philanthrope, en tant qu’ambassadeur des Nations unies de lutter contre la corruption. Auprès de The Hollywood Reporter, M. Straumann commente :
“C’est deux poids, deux mesures. Ça endommage sa crédibilité et la crédibilité de la fondation [DiCaprio]. S’il veut vraiment être un modèle, un ambassadeur des Nations unies pour la paix et le changement climatique, alors il doit être exemplaire dans sa manière d’endosser le rôle.”
Il n’y a pas que les ressources de la fondation DiCaprio qui sont à remettre en cause : le film Le Loup de Wall Street, dont l’acteur vedette est également le producteur, aurait été financé en partie par les avoirs de 1MDB. Parmi les producteurs du film de Martin Scorsese se trouve également Riza Aziz, gendre du premier ministre malaisien, cofondateur de la société de production et de distribution Red Granite Pictures – productrice du Loup de Wall Street.
Riza Aziz se retrouve accusé d’avoir orchestré le pillage de 1MDB aux côté de Jho Low, milliardaire malaisien qui a été reconnu coupable de la “disparition” de 700 millions de dollars via l’antenne genevoise de la compagnie pétrolière PetroSaudi, d’après Le Temps.
DiCaprio pas accusé directement
Or les deux businessmen et la star se connaissent bien, depuis 2010 au moins. S’il n’est pour le moment pas nommé directement – et donc pas accusé – Leonardo DiCaprio apparaît dans le dossier de l’enquête du FBI sous le nom “acteur hollywoodien 1”. Il a été entendu par les autorités américaines dans le cadre de l’affaire.
Les liens entre Jho Low, Riza Aziz et Leonardo DiCaprio dateraient de 2010. Les trois hommes ont été vus ensemble sur les gradins de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud. Tout comme à l’époque dans différents clubs de nuit, dont le Hakkasan, à Las Vegas, appartenant à Khadem al-Qubaisi, ex-dirigeant du fonds souverain émirati IPIC et de la Falcon Private Bank, lequel fait l’objet de poursuites pénales en Suisse et ailleurs pour son rôle dans le scandale 1MDB.
D’après le directeur du fonds Bruno Manser, c’est clair : “De l’argent a été dérobé de la trésorerie et remis directement entre les mains de Leonardo DiCaprio. C’est de l’argent sale et il devrait le rembourser.”
Cette situation plutôt embarrassante a contraint la semaine dernière Leonardo DiCaprio à annuler une collecte de fonds pour la campagne présidentielle de Hillary Clinton. Si la raison invoquée est celle d’un conflit d’agenda, Le Temps croit savoir que c’est la publicité autour de ses “mauvaises fréquentations” qui l’oblige à se retirer.