Si de plus en plus d’internautes payent pour écouter de la muque en ligne, l’Ifpi alerte sur la croissance parallèle du “stream ripping”, d’après lui la technique de piratage la plus en vogue.
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Mardi 13 septembre, la Fédération internationale de l’industrie phonographique (Ifpi) a rendu publics les résultats d’une étude Ipsos qui porte sur l’évolution des comportements par rapport à la musique enregistrée.
Résultat : si le streaming est devenu la voie royale pour écouter de la musique sur Internet, de trop nombreux internautes, au goût du syndicat mondial de l’industrie musicale, consomment des contenus par le moyen de pratiques illégales – et ce, même dans un contexte de reprise de croissance pour ce secteur qui n’avait plus connu cela depuis près de vingt ans, mis à part un sursaut en 2013.
Pour ce bilan, le syndicat a étendu son analyse aux pays correspondant aux 13 marchés les plus lucratifs au monde : l’Australie, le Japon, la Corée du Sud, la Suède, l’Allemagne, l’Italie, la France, le Royaume-Uni, l’Espagne, le Brésil, les États-Unis, le Mexique et le Canada. L’étude porte sur les cas de 900 personnes par pays, âgées de 16 à 64 ans, et se veut ample.
Un jeune sur deux pratique le “stream ripping”
D’après l’Ifpi, près de la moitié (49 %) des 16-24 ans, 40 % des 25-34 ans, et trois internautes sur dix sans distinction d’âge, ont utilisé des outils pour pirater de la musique depuis les plateformes de streaming, pendant les six derniers mois. Véritable bête noire de l’Ifpi, cette technique de téléchargement illégal est baptisée “stream ripping” et a progressé de… 20 % depuis l’année dernière. Ouch.
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D’après des allégations de la Riaa (la Recording Industry Association of America, le puissant syndicat du disque aux États-Unis) qu’on peut lire dans le Wall Street Journal, les 30 sites les plus célèbres qui proposent des solutions de “stream ripping” aux internautes ont attiré 900 millions de visiteurs, en juillet 2016 seulement.
“Les nouveaux usages de consommation de musique ont influencé les comportements de piratage : aujourd’hui, le stream ripping est devenu la pratique la plus répandue, dépassant les autres formes de téléchargement”, affirme le rapport commandé par l’Ifpi.
Le streaming divise les générations
Reste que la plupart des internautes de ces pays leaders du marché de la musique ne sont pas hors-la-loi. D’après l’Ifpi, sept personnes sur dix consomment légalement : ils achètent de la musique “en dur” (CD, vinyle…) ou sur des formats dématérialisés (téléchargement payant). Mais ce n’est pas tout, car de plus en plus de personnes utilisent les services de streaming, notamment les plus jeunes.
La fracture entre les générations est palpable lorsqu’on sait qu’un tiers des internautes de 16 à 24 ans utilise un service de streaming payant, quand 62 % d’entre eux ont recours au streaming sans distinction d’offre, qu’il soit gratuit ou payant. Or les jeunes représentent l’avant-garde de la tendance dominante : si, en tout, quatre internautes sur dix utilisent le streaming, ils sont un sur quatre à écouter leur musique préférée sur une plateforme payante. Et par rapport à 2015, ce taux a progressé de 20 %.
YouTube, géant des plateformes d’écoute
Le Monde note que cette étude sort à la veille de l’annonce par la Commission européenne de sa réforme des droits d’auteur. Notamment dans un contexte où YouTube, site de vidéos gratuit, est massivement utilisé comme plateforme musicale par des millions d’internautes, notamment dans les pays latins (Mexique, Brésil, Italie et Espagne).
L’Ifpi compte faire plier YouTube (et donc Google), qui se cache derrière son statut de plateforme vidéo pour ne pas reverser autant de droits relatifs aux contenus musicaux que le font les autres plateformes de streaming audio.
D’après l’Ifpi, 82 % des utilisateurs de YouTube (qui en revendique 1 milliard) utilisent le service pour écouter de la musique. Ce chiffre grimpe à 93 % chez les 16-24 ans. L’Ifpi juge donc qu’il s’agit du “service de musique le plus utilisé” au monde.
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Interrogé par Les Échos, Guillaume Leblanc, directeur général du Syndicat national d’édition phonographique (Snep) juge la plateforme de vidéos sévèrement :
“YouTube a aussi une responsabilité et doit prendre des mesures techniques permettant de protéger les contenus audio qu’il héberge aussi bien que les contenus vidéo.”
La réponse du site de vidéos : “L’utilisateur moyen de YouTube consomme environ une heure de musique par mois, bien moins que les plateformes uniquement musicales”. Entre les deux géants, industrie musicale d’une part et Google de l’autre, le duel de gros sous est loin d’être réglé.