Ils savent se faire discrets tout en imprégnant notre subconscient : les éléments de décor sont, dans une série aussi mystérieuse que Severance, le socle subtil de sa mythologie et de son atmosphère. Ce travail minutieux, c’est celui de Catherine Miller et David Schlesinger, cheffe accessoiriste et chef décorateur.
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Le duo, interviewé par le magazine Variety, a partagé ses secrets de fabrication et le sens caché derrière les tableaux et posters croisés dans cette saison 2. Et, comme le confirme Catherine Miller : “Rien n’est laissé au hasard”. Elle sait de quoi elle parle puisqu’elle travaille sur la série depuis la saison 1 !
Pour façonner les décors des méandres de Lumon, il y a bien sûr eu pas mal d’allers et retours entre l’équipe, le créateur de Severance Dan Erickson, et le producteur exécutif et réalisateur Ben Stiller. Les œuvres d’art présentes dans la série sont en effet autant d’indices visuels sur l’histoire et la mythologie de l’énigmatique entreprise et surtout, de son fondateur Kier Eagan.
“Kier Pardons His Betrayers”

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La plus emblématique de cette saison 2 est évidemment la fresque “Kier Pardons His Betrayers” (soit “Kier pardonnant ceux qui l’ont trahi”), qui est une métaphore de la rébellion étouffée dans l’œuf de nos quatre protagonistes. Ils sont, comme les personnages représentés sur le tableau et ensevelis jusqu’aux épaules, pris au piège.
Mais le fondateur, dans un acte de clémence digne d’un saint homme, leur pardonne leurs péchés. Si la dimension sectaire de Lumon était déjà présente par petites touches dans la série, la saison 2 ne fait plus aucun mystère sur le culte de la personnalité qui entoure Eagan.
Pour une scène censée représenter le pardon, c’est surtout une forme de menace qui en émane. La peinture, créée par l’artiste Danny Aviles et inspirée des affiches de propagande de l’ère soviétique, résonne en effet comme un avertissement.
Les bâtiments en arrière-plan font référence à l’usine dans laquelle Harmony Cobel travaillait étant petite, et que l’on a vue dans l’épisode 8. Et, si les teintes chaudes du tableau semblent presque étrangères à l’univers de Severance, c’est là aussi un choix très délibéré de la part de l’équipe artistique.
La vie des inters est plutôt baignée de tons bleus, verts, et gris. Catherine Miller explique que la couleur rouge n’est apparue pour la première fois dans l’enceinte de Lumon, à l’étage des dissociés, qu’à l’épisode 4 de la saison 1, avec le livre The You You Are. “C’est l’étincelle de la révolution”, dit la cheffe accessoiriste.
L’iceberg de Milchick

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David Schlesinger raconte à Variety que c’est l’acteur Tramell Tillman qui, en mentionnant un iceberg, a donné l’idée de placer ce tableau de l’artiste Lisa Lebofsky dans le bureau fraîchement redécoré de Milchick. Il y a même eu plusieurs essais avec des tailles différentes, mais le chef décorateur explique que le grand format “dominait trop l’espace sur le mur” et que “l’espace négatif qui l’entoure est vraiment puissant”.
Les posters motivationnels

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En début de saison 2, nos quatre protagonistes découvrent une salle de pause elle aussi redécorée. Lumon veut leur montrer à quel point ils comptent pour l’entreprise en leur rendant la vie plus agréable. Une volonté totalement factice qui trouve sa représentation dans l’apposition d’affiches motivationnelles dont le ridicule n’aura pas échappé à nos inters.
On peut y lire “Hang in there” (“Accroche-toi”), ou encore “I’m a frolic-aholic” (qu’on pourrait traduire par “j’adore m’amuser”), ou “Bee ever merry” (“Sois toujours joyeux”). On les doit, elles aussi, à l’artiste Danny Aviles, aidé pour les slogans par Tansy Michaud. Là encore, l’inspiration vient des posters de propagande de l’ère soviétique. Comme souvent dans Severance, sous le vernis naïf et incongru se cache quelque chose de beaucoup plus sinistre…