Cette semaine, on a vu le pape François vêtu d’une longue doudoune blanche immaculée Balenciaga (le pontife aurait donc renoncé à son vœu de pauvreté ?) ; Emmanuel Macron maîtrisé par des CRS (le président se serait finalement joint aux foules qui manifestent à travers le pays ?) ; mais aussi Donald Trump arrêté ; Barack Obama et Angela Merkel partageant une glace à la plage ; et des policiers enlaçant des manifestantes.
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On ne fait pas durer le suspense plus longtemps, évidemment, toutes ces images sont fausses et sont le fruit, particulièrement réussi, d’intelligences artificielles. Il y a quelques mois encore, une image créée par une IA créative montrait clairement son manque d’humanité : doigts en trop, dents en trop, détails en trop.
Les images fourmillaient de bizarreries qui, à condition qu’on s’y penche deux minutes, prouvaient leur inauthenticité. Mais ces incohérences sont de moins en moins nombreuses, puisque ces logiciels corrigent de mieux en mieux leurs bugs et incohérences, et progressent à une vitesse folle.
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La dernière version de Midjourney, sortie ce jeudi 16 mars 2023, est par exemple capable de générer des mains à cinq doigts. Cela est loin d’être anodin puisque les tentacules d’autrefois constituaient les rares indices nous permettant de déceler une origine artificielle.
De plus, Midjourney, qui s’était fait connaître pour ses ambiances plutôt sombres et oniriques, s’est désormais orienté vers un style beaucoup plus réaliste et photographique. Sa V5 présente une qualité augmentée, des détails améliorés, une gamme stylistique plus large et une meilleure compréhension des prompts (les textes descriptifs qui permettent de créer l’image).
Ces possibilités ouvertes par Midjourney ont donné des idées aux internautes qui ont imaginé des scènes aux allures photojournalistiques. Depuis, les esprits s’échauffent. Le débat concernant le remplacement des artistes, photographes, graphistes, illustrateur·rice·s par des machines est doucement remplacé par la peur de se faire avoir par, non plus des fake news, mais des fake images.
Comment repérer une “fausse” image ?
Pour contrer cette désinformation par l’image, certains spécialistes commencent à distribuer leurs pistes de suggestions. L’AFP conseille par exemple de repérer tous les détails incohérents des scènes présentées, les filigranes parfois laissés par les sites (une barre multicolore pour DALL-E, un crayon rouge pour Crayion), et d’étudier le grain de l’image et ses perspectives, souvent “incorrectes”, insiste l’expert numérique Vincent Terrasi.
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Enfin, au vu des progrès fous des intelligences artificielles, il est surtout nécessaire de surinterroger ce qui passe devant nos yeux. Dès la sortie de la V5 de Midjourney et face aux faux événements historiques générées par IA (comme “la Grande Cascade” qui aurait décimé l’Oregon en 2001), le graphiste 3D Del Walker insistait sur les questions à se poser : “La bonne chose à faire est de s’interroger : est-ce que cette photo cite de vraies sources ? Est-ce qu’on peut prouver l’origine de cette image ?” Pour ce faire, la quête de la source de l’image, via une recherche inversée sur un moteur de recherche par exemple, est toujours une bonne idée.
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Nombre d’utilisateur·rice·s de Midjourney se sont réjoui·e·s de voir le programme proposer un style plus réaliste, qui leur permettrait d’affiner leur style en jouant avec les prompts. Reste donc à voir quelle utilisation de ces logiciels primera et, en attendant, il ne reste qu’à aiguiser notre œil et notre esprit face à la multitude d’images qui nous tombent dessus à chaque minute passée sur nos écrans.
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