Le brouillard se désépaissit enfin. Ce serait dans la ville italienne de Lecco, en Lombardie, près du lac de Côme, que Monna Lisa aurait été peinte, pense la géologue et chercheuse Ann Pizzorusso. Jusqu’à présent, on considérait que l’arrière-plan du tableau était davantage le fruit de l’imagination de Léonard de Vinci, qui se serait inspiré d’images symboliques, qu’une reproduction d’un lieu spécifique. Toutefois, des chercheur·se·s ont pensé y voir, par le passé, le village de Bobbio, situé dans la province d’Arezzo.
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C’est d’abord grâce à l’analyse du pont visible dans le tableau que l’experte a fondé ses conclusions, validées par des expert·e·s de l’art italien du XVIe siècle, dont Jacques Franck, spécialiste du grand maître et ancien consultant au Louvre, le musée qui possède et expose La Joconde. En effet, selon la géologue, le pont du tableau ressemble grandement au pont d’Azzone Visconti, qui se trouve à proximité de la ville de Lecco. Ainsi, les montagnes qui entourent Monna Lisa seraient la chaîne des Alpes, et le lac qui y coule serait celui de Garlate.
Si ce type de pont voûté est légion en Europe, il était en revanche impossible de baser cette théorie seulement sur cette comparaison. Ann Pizzorusso a donc également étudié la roche et la végétation présentes sur le tableau avec celles de Lecco. “La botanique de la version du Louvre est parfaite, car elle montre des plantes qui auraient prospéré dans une grotte sombre et humide. Mais les plantes de la version londonienne sont inexactes. Certaines n’existent pas dans la nature”, précise l’experte dans les lignes du Guardian.
De plus, dans cette région, le calcaire recouvre la plupart des roches, et la couleur de la chaîne de montagnes peinte par Léonard de Vinci correspondrait au blanc-gris typique de ce type de roche sédimentaire. “Grâce à ses notes, nous savons que [Léonard de Vinci] a passé beaucoup de temps dans la ville de Lecco et dans une région située plus au nord”, explique la géologue, qui a visité Lecco bien des fois pour ses recherches. Pour boucler la boucle, c’est lors d’une conférence, organisée “à l’endroit exact” où le peintre italien aurait réalisé son plus grand chef-d’œuvre, qu’Ann Pizzorusso a fait part de ses études, avec le plus grand enthousiasme.