Le jour où Éric et Ramzy m’ont offert ma première (et très chaotique) interview de ma carrière

Le jour où Éric et Ramzy m’ont offert ma première (et très chaotique) interview de ma carrière

Image :

© Warner Bros.

photo de profil

Par Robin Panfili

Publié le

J’avais 16 ans et je les rencontrais, dans ma ville natale, pour la promo de leur film "Seuls Two".

Cet été, on a décidé de vous raconter nos moments d’interview les plus fous, du meilleur au pire. Entre grandes gênes, petits bonheurs et chaudes larmes, on vous dévoile tout.

À voir aussi sur Konbini

Il y a quelques années déjà, je débutais ma carrière de journaliste dans une petite radio locale de ma ville de naissance, dans le sud-ouest de la France. C’était avant les études, l’école de journalisme et les stages, lors d’une petite parenthèse bénévole que j’avais entreprise, à 15 ans, sur mon temps libre, à côté du lycée. Parmi mes missions : des reportages un peu légers sur la vie de tous les jours, sur les activités au centre aéré du coin, ou des micros-trottoirs à la volée pour l’émission d’actualité.

Un jour où je n’avais pas cours, mon rédacteur en chef m’envoie un SMS. Je ne me souviens plus exactement de la formulation, mais il me proposait de me rendre, avec mon dictaphone, dans le joli hôtel de ma ville, rencontrer deux sommités de ma jeunesse : Éric et Ramzy. Les deux humoristes étaient alors en pleine promotion du film Seuls Two. Dans ma petite ville, on n’était pas nombreux pour venir les interviewer — le quotidien local, une radio concurrente et un blog associatif — mais c’était pour eux une étape obligée avant d’assister à l’avant-première du film au cinéma.

Dans le lobby de l’hôtel, je n’ai pas vraiment le temps de me tourner les pouces. C’est l’une de mes premières vraies interviews, avec de vraies stars alors, évidemment, je stresse, je tremble un peu, et mon cœur bat à mille à l’heure. Avant d’arriver, j’avais bien fait mon travail : lu plein d’interviews, rédigé mes questions dans l’ordre… J’avais dix minutes en face-à-face, il fallait être efficace pour ramener suffisamment de “matos” à mon rédacteur en chef.

Au moment d’entrer dans la cour de l’hôtel, les chaises et les tables sont toutes vides. Une attachée de presse m’indique l’endroit où m’asseoir. “Ils arrivent”, sourit-elle. Je suis prêt, je pose mes questions sur la table et je branche le dictaphone que je pose également sur la table, juste devant leurs deux chaises. Puis, les voilà, tout sourires. Ils s’assoient devant moi et on se présente. Ils s’interrogent sur mon si jeune âge, me vannent et me laissent finalement lancer ma première question.

© Warner Bros.

Je ne me souviens plus de la première question, mais ce qui est certain, c’est qu’elle a déclenché chez eux quelque chose. Avant même de répondre, Ramzy attrape le dictaphone avec sa main et commence à parler dedans. Sur le ton de la plaisanterie, Éric, lui, essaie de dire un mot, mais Ramzy l’en prive en écartant son bras. Ils se marrent et je me contente de figer un sourire sans parvenir à sortir aucun mot de ma bouche.

C’est à ce moment précis que Ramzy se lève et profite d’un petit arbre pour percher le dictaphone. Éric, plus petit en taille que Ramzy, essaie tant bien que mal de l’attraper mais la branche est trop haute. Dans le comique et l’absurde qu’on leur connaît, ils se marrent et s’agitent dans la cour de l’hôtel. L’attachée de presse n’est pas loin mais elle détourne le regard. Sur les dix minutes qui me sont accordées, les trois quarts viennent de s’écouler dans un sketch improvisé d’un dictaphone perché dans un arbre. “Ah ah, ben viens l’attraper Éric, allez, le journaliste nous attend, ah ah”, lance un Ramzy hilare.

Finalement, ils reviendront à table et répondront presque sérieusement à deux questions — ce qui est bien suffisant pour mon rédacteur en chef — avant que je ne laisse ma place à un autre journaliste. Je suis sorti de l’hôtel dans un drôle d’état, à la fois fasciné et sonné. Avec le recul, j’aime à me rappeler cette anecdote et je la raconte souvent car, après tout, c’est peut-être le chaos et la drôle d’énergie de cette interview qui m’ont peut-être donné envie de continuer ce métier. Qui sait ?