Le genre dans la société égyptienne réinventé dans les photos d’Ibrahim Ahmed et Lina Geoushy

Le genre dans la société égyptienne réinventé dans les photos d’Ibrahim Ahmed et Lina Geoushy

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© Ibrahim Ahmed/TINTERA ; © Lina Geously

Les artistes confrontent histoire, héritage et questionnements contemporains autour du genre.

Jusqu’au 24 septembre, les Rencontres de la photographie d’Arles donnent à s’émerveiller, à découvrir et à réfléchir devant les images de dizaines d’artistes. L’occasion de s’attarder sur les autoportraits et les collages d’Ibrahim Ahmed et Lina Geoushy, exposés jusqu’au 27 août entre les murs de l’église des Frères Prêcheurs dans le cadre du Prix Découverte Fondation Louis Roederer qui met en lumière la création émergente.

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Présentés par la galerie britannique et égyptienne Tintera, les deux artistes ont pour point commun de travailler autour des représentations visuelles du genre en Égypte à travers des autoportraits et de se nourrir d’archives personnelles et collectives. Le duo “joue avec son image dans une sorte de reconstitution performative de ce qu’il aimerait voir évoluer dans la société”, explicite Tanvi Mishra, commissaire de l’exposition.

Déconstruire les masculinités

#16, certaines choses semblent oubliées. (© Ibrahim Ahmed/TINTERA)

Né au Koweït et désormais installé au Caire après être passé par le Bahreïn et les États-Unis, Ibrahim Ahmed dévoile ses questionnements sur l’identité fluide, le poids des normes et sa relation à la masculinité. Son entreprise de déconstruction du genre passe par un travail d’édition, de découpage et de collage, afin de créer une coupure visuelle et de démanteler les stéréotypes de la masculinité hégémonique.

Dans ses autoportraits, l’artiste instaure un dialogue intergénérationnel sur la masculinité grâce aux images de son père trouvées dans un album de famille. Sa démarche intime fait résonner son expérience personnelle et familiale avec l’évolution de l’expression et de la représentation des masculinités dans la société.

Autoportrait en féministe et activiste égyptienne, Doria Shafik, 2023, Pionnières. (© Lina Geoushy)

Réécrire l’Histoire

De son côté, la photographe et artiste visuelle Lina Geoushy se remémore ses souvenirs du cinéma égyptien des années 1940 à 1960 : marquée par ce qui s’avère être l’âge d’or du cinéma dans son pays natal, l’artiste se souvient des personnages féminins puissants qui crevaient l’écran. En grandissant, la dissonance avec la réalité vécue par les femmes égyptiennes la frappe et participe à nourrir ses réflexions et projets féministes.

Portée par le souhait de rendre visibles les femmes oubliées de l’Histoire avec sa série Pionnières [Trailblazers], Lina Geoushy mêle images d’archives et autoportraits dans lesquels elle interprète des icônes, activistes et figures importantes dans l’histoire de la libération des femmes, à l’instar de Doria Shafik, philosophe, poète et éditrice féministe égyptienne.

Archives militaires, 1965/1951, Pionnières. (© Lina Geoushy)

#77, tu ne peux reconnaître ce que tu ne connais pas. (© Ibrahim Ahmed/TINTERA)

L’exposition “Transmission et abandon de la performance de genre” d’Ibrahim Ahmed et Lina Geoushy est à voir jusqu’au 27 août 2023 à l’église des Frères Prêcheurs dans le cadre du Prix Découverte Fondation Louis Roederer lors des Rencontres de la photographie d’Arles.

Konbini, partenaire des Rencontres de la photographie d’Arles.