Le grand prix du 48e Festival du cinéma américain de Deauville a été attribué, samedi soir, à Aftersun, de la réalisatrice Charlotte Wells, film poignant sur les relations d’un père en vacances avec sa fille de 11 ans. Ce long-métrage, qui succède au palmarès à Down With the King de Diego Ongaro, a reçu la plus haute distinction du festival.
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Aftersun, dont la date de sortie sur les écrans en France n’est pas connue mais qui a été acquis par Mubi au Festival de Cannes 2022, est le premier long-métrage de la réalisatrice Charlotte Wells, née en 1987 en Écosse et qui vit à New York. Ce film, très personnel et émouvant, raconte les vacances estivales, fin des années 1990, de Calum, un Anglais, père divorcé âgé d’une trentaine d’années, interprété par Paul Mescal (connu surtout dans la série Normal People), avec sa fille de 11 ans, Sophie, jouée par Frankie Corio, sur la côte turque.
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Aftersun est un coming-of-age movie, sombre et solaire à la fois, qui prend des airs de film de vacances. Piscine, plongée, glaces et karaoké, les vacances de Sophie et Calum semblent douces et placées sous le signe d’un amour père/fille sincère. Le récit de leurs vacances est entrecoupé des images qu’ils ont filmées, tour à tour, avec le petit caméscope familial, et rappellent à Sophie, désormais adulte et à son tour mère de famille, ce père adoré mais insaisissable.
Après des scènes de joie et de sourires, par petites touches presque imperceptibles, Charlotte Wells dessine, en filigrane de ses souvenirs d’été, un portrait plus sombre de ce père ambivalent mais entièrement dévoué à sa fille. En un crachat à son reflet dans le miroir, une crise de larmes ou un mot d’excuse à sa fille, on devine un mal-être qui nimbe le récit d’une mélancolie qui nous a noyés dans une mer de larmes.
Le long-métrage traite aussi de façon subtile le passage de Sophie de la petite enfance à la pré-adolescence, durant lequel elle noue des relations avec des adolescents dans le club de vacances et découvre les premiers flirts. D’une manière fine et personnelle, Aftersun explore les thèmes du bonheur, des liens familiaux, de la paternité et du souvenir.
Un film “impressionniste”
“Par l’art de la mise en scène, la réalisatrice arrive à faire un miracle de chaque instant filmé”, s’est enthousiasmé auprès de l’AFP le président du jury du festival de Deauville, Arnaud Desplechin. Yasmina Khadra, autre membre du jury, juge Aftersun “très émouvant, avec cette petite fille qui essaie de sauver son père, de lui prouver que la vie mérite d’être vécue. J’ai aimé ce rapport. D’un seul coup, c’est elle, la maman de son propre père, et elle essaie de l’enchanter”, a réagi l’écrivaine.
Léa Drucker, également membre du jury, s’est dite “emportée” par ce film “impressionniste”. “Je me suis mise à pleurer tout de suite. On a l’impression qu’on est dans la mémoire de quelqu’un et c’est extrêmement subtil”, a confié l’actrice. Le jury de la critique, composé de cinq journalistes, a aussi décerné son prix à Aftersun, qui avait déjà remporté, en mai, le prix de la French Touch à Cannes.
Konbini avec AFP