Le Problème à trois corps, nouvelle série des créateurs de Game of Thrones, a donné le coup d’envoi vendredi à Lille du festival international Séries Mania, pour huit jours de projections, animations et rencontres. John Bradley et Jess Hong, acteur·rice·s de cette superproduction de science-fiction, ont foulé le tapis rouge dans la soirée, avant la projection de deux des huit épisodes attendus sur Netflix le 21 mars. Encore plus d’“ambition”, de la réalité virtuelle bluffante et des personnages soignés : Le Problème à trois corps réunit encore les ingrédients du succès, font valoir deux de ses acteur·rice·s à l’AFP. Les showrunners David Benioff et D. B. Weiss ont quitté la fantasy et adapté la trilogie culte du romancier chinois Liu Cixin, pour cette première saison.
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Les acteur·rice·s John Bradley et Jess Hong, présent·e·s lors de la projection, étaient entouré·e·s de casques de jeux vidéo façon Daft Punk, un des symboles de la superproduction états-unienne. Elle navigue entre les époques, les lieux et les protagonistes : une astrophysicienne chinoise prend une décision radicale dans les années 1960, dévoilée peu à peu, et au Royaume-Uni de nos jours, de jeunes scientifiques, la bande des cinq d’Oxford, tentent de percer le mystère de phénomènes paranormaux. Ils se retrouvent confrontés à une menace planétaire.
Message universel
“En termes de taille, d’envergure et d’ambition, ça va même probablement plus loin que Game of Thrones, qui se déroulait chronologiquement. Là, une partie est située en Chine dans les années 1950-1960, une partie en 2024 en Grande-Bretagne, une partie dans un jeu de réalité virtuelle”, souligne John Bradley auprès de l’AFP. L’acteur jouait, dans la saga moyenâgeuse et son monde de dragons, le timide Samwell Tarly, meilleur ami de Jon Snow. Il campe désormais Jack Rooney, un entrepreneur millionnaire. “Ce qui est similaire à Game of Thrones, c’est l’investissement dans les personnages.” “C’est la base”, même “quand des choses énormes arrivent, que ce soit une invasion par une armée de marcheurs blancs ou une invasion de vies extraterrestres”, note l’acteur.
“C’est une histoire sur l’humanité qui doit répondre à une crise existentielle”, abonde à ses côtés l’actrice néo-zélandaise Jess Hong, propulsée sur la scène internationale par son rôle de Jin Cheng, une physicienne au centre de la série. “J’espère qu’il y a quelque chose pour tout un chacun” dans cette série, entre personnages attachants, aspects dramatiques, côté thriller, et encore effets spéciaux dignes d’un “festin visuel”.
La série ne sera pas visible en Chine, où Netflix est interdit, au grand dam des acteur·rice·s, en particulier de Jess Hong, dont une partie de la famille y vit. Dans ce casting volontairement cosmopolite, le rôle de Jack Rooney, un homme décomplexé, tantôt comique, tantôt grossier, a été créé spécialement pour John Bradley. Il a droit à quelques clins d’œil dans des scènes. “David et Dan m’ont dit : ‘Il te ressemble plus que tous les personnages que tu as joués jusqu’à présent.’ Mais si je pouvais être aussi confiant, aussi sûr de mes opinions, aussi à l’aise quant à ma place dans le monde, je pense que je serais beaucoup plus heureux !” lance l’intéressé. Le Britannique a pourtant accompagné, dans les années 2010, le phénomène Game of Thrones et ses bataillons de fans.
Est-il possible de rééditer un tel succès, qui avait démarré sur la chaîne HBO ? “Quand on a commencé Game of Thrones, la télé avait une tout autre place, le streaming n’avait pas vraiment décollé. Il y avait une diffusion hebdomadaire, donc une saison occupait la conversation pendant dix semaines !” relève John Bradley, un brin nostalgique. “C’était avant la binge culture“, renchérit Jess Hong. Son partenaire de jeu rembobine : “Il a fallu attendre les saisons 3 ou 4 de Game of Thrones pour que ça devienne vraiment énorme” mais, là, “il faut vraiment démarrer sur les chapeaux de roues” en audience. Une possible saison 2 en dépend.
Ouverture en grande pompe
La ministre de la Culture Rachida Dati était également présente à la cérémonie d’ouverture de cette sixième édition de Séries Mania. Les organisateur·rice·s ont retenu 52 séries de 21 nationalités, après en avoir visionné 369. L’Afrique du Sud, la Lettonie et la Nouvelle-Zélande y sont représentées pour la première fois, mais pas l’État d’Israël en raison de la réduction des tournages dans le pays, selon la directrice générale du festival Laurence Herszberg.
Comme de coutume, une pléiade de stars fera le déplacement, notamment Patricia Arquette (Médium, The Act, Severance…), Peter Mullan, qui tient le rôle principal d’After the Party, en compétition internationale, mais aussi Audrey Fleurot (HPI), Niels Schneider (Le Monde n’existe pas) ou encore JoeyStarr (Machine). Les festivalier·ère·s pourront également assister à des conférences de l’auteur Douglas Kennedy, président du jury Panorama international, du réalisateur Jean-Xavier de Lestrade, du présentateur radio d’Affaires sensibles Fabrice Drouelle, de l’actrice Kelly Rutherford (Gossip Girl) ou du comédien Laurent Lafitte, tout en découvrant “les métiers cachés des séries” lors d’une exposition.
Côté compétition internationale, le jury présidé par le scénariste franco-états-unien Zal Batmanglij (The OA), accompagné notamment de Bérénice Bejo, devra départager huit séries, dont deux françaises : Dans l’ombre (France TV), adaptée du roman d’Édouard Philippe, avec Melvil Poupaud et Swann Arlaud, et Rematch (Arte), sur l’affrontement entre Garry Kasparov et l’ordinateur Deep Blue en 1996.
Cette dernière illustre l’un des grands thèmes de la sélection, l’intelligence artificielle, également au cœur des Dialogues de Lille, dédiés aux professionnel·le·s. Autres tendances fortes, “le désir et la sexualité”, “le mysticisme” et surtout le “retour à l’intime et à la famille”, selon Laurence Herszberg, citant la série du rappeur Booba, Ourika, où un étudiant hérite de l’empire familial de la drogue pendant les émeutes de 2005, ou la série états-unienne-australienne Apples Never Fall, adaptée d’un roman de Liane Moriarty (Big Little Lies). L’année dernière, le festival, qui se déploie dans toute la ville de Lille, a revendiqué 85 000 visiteur·se·s.
Konbini, partenaire de Séries Mania.