Le 27 février dernier, à douze jours de la cérémonie des Oscars où Anatomie d’une chute est nommé dans cinq catégories, Canal+ diffusait le film de Justine Triet suivi d’un documentaire sur les coulisses du film intitulé Anatomie d’une chute, l’ascension de Justine Triet.
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Le dispositif est simple : quelques images de making-of, des scènes coupées et les protagonistes du film et de sa fabrication qui dissertent face caméra. Mais à film passionnant, coulisses tout aussi passionnantes, et après une nouvelle pluie de récompenses à la cérémonie des César vendredi dernier et tout autant de discours et d’interviews, il reste encore des choses à découvrir sur cette formidable ascension et le succès de ce film qui relève “d’une forme de magie et de vertu”.
En décembre 2023, Edith Chapin, la réalisatrice du documentaire, a rencontré Justine Triet et Arthur Harari (coscénariste d’Anatomie d’une chute), Marie-Ange Luciani et David Thion (ses producteurs), Laurent Sénéchal (son monteur), Olivier Goinard et son équipe (en charge du son), Sandra Hüller et Virginie Efira (les actrices fétiches de Justine Triet), Vincent Courcelle-Labrousse (l’avocat consultant sur le film) ainsi que Milo Machado-Graner, Swann Arlaud, Antoine Reinartz et Jehnny Beth, alors que le film était déjà un succès en France et jouissait d’un emballement médiatique aux États-Unis.
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Pourtant ensemble et malgré une foi immense dans le talent de la réalisatrice du film, ils se souviennent d’incertitudes quant au potentiel succès public de ce dernier, surtout Justine Triet, qui évoque, sans rancœur, l’accueil “tiédasse” réservé à Sibyl, son dernier long-métrage. Mais si Justine Triet et Arthur Harari pensaient que le film allait “faire trois entrées”, ils assumaient pourtant son côté “radical”. Deux mois de tournage, quarante-trois semaines de montage et une version de 3 heures et 30 minutes finalement raccourcie à 2 heures et 30 minutes plus tard, Anatomie d’une chute est un phénomène mondial.
Derrière ce film d’une précision clinique au trouble quasi hypnotisant, le documentaire retrace un “chaos organisé”, selon sa productrice Marie-Ange Luciani, et que la réalisatrice revendique. On ne peut réfréner quelques frissons quand l’équipe se remémore l’annonce de la Palme d’Or, on s’émeut devant les formidables essais du tout jeune Milo Machado-Graner et on est troublés devant les images d’une longue scène d’amour entre Sandra et son avocat, finalement coupée au montage.
Mais c’est peut-être, comme souvent, Virginie Efira – que la réalisatrice a révélée dans un autre registre pour faire d’elle l’une de nos plus grandes actrices françaises – qui aura les mots les plus justes pour qualifier l’incroyable cinéma de Justine Triet :
“Elle est dans le pratique. Elle ne théorise pas au départ ce qu’elle va filmer ensuite […]. Elle n’essentialise pas les femmes. À partir de ce moment-là, évidemment qu’on va sortir des prototypes et notamment du prototype du féminin. Elle regarde l’endroit de la nuance, de la complexité, chez tous les individus, et donc chez la femme aussi.”
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La Bataille de Solférino, Victoria et Sibyl, les trois précédents longs-métrages de Justine Triet, sont disponibles sur Canal+.