L’intensité du regard de la top model allemande Tatjana Patitz en manteau à capuche noir sur une plage du Touquet, l’énergie indomptable de Naomi Campbell ou la conquérante Tina Turner en mini-robe sur le parvis de la tour Eiffel… Les pièces du couturier Azzedine Alaïa prennent vie sur les images cinématographiques et en noir et blanc de Peter Lindbergh.
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Cette exposition à la Fondation Alaïa à Paris raconte “une collaboration artistique et amicale” dans les années 1980-2000 et “dit beaucoup d’un temps de la mode qui était beaucoup plus libre, plus ouvert”, déclare à l’AFP Olivier Saillard, historien de la mode et commissaire de l’exposition avec le fils du photographe, Benjamin Lindbergh.
Tatjana Patitz et Linda Spierings, Le Touquet, 1986. (© Peter Lindbergh/Peter Lindbergh Foundation, Paris)
“Aujourd’hui, on est saturés d’images, […] à cette période-là, six images valaient mieux que des stories sur Instagram qui se regardent en deux minutes”, souligne-t-il. La photo n’est pas “toujours faite pour être consommée, mais aussi pour être appréciée”.
Le même concept résonne également pour la mode qui s’interroge plus que jamais pendant la crise sanitaire du Covid-19 sur la surproduction et la frénésie imposée par le rythme des collections. La perfection de la coupe d’Azzedine Alaïa et le noir, “la couleur la plus intemporelle”, que le couturier mort en 2017 “aimait beaucoup”, rendent ses tenues indémodables.
Azzedine Alaïa et Tina Turner, Paris, 1989. (© Peter Lindbergh/Peter Lindbergh Foundation, Paris)
“Azzedine ne voulait pas qu’on jette ses vêtements d’une saison à l’autre, il travaillait une veste qui pouvait se rectifier pendant dix ans, jusqu’à arriver à un point de maturité tel qu’il était fier qu’elle existe pour des années”, souligne M. Saillard. La collaboration Alaïa-Lindbergh fait partie des grandes rencontres artistiques qui ont marqué l’histoire de la mode, comme celles de Christian Dior et Richard Avedon ou Yves Saint Laurent et Helmut Newton.
“Ils étaient tous les deux des étrangers, Peter venait d’Allemagne, Azzedine de Tunis. C’est amusant de voir comment ces deux êtres exilés de leur pays d’origine ont été le couturier et le photographe les plus parisiens. Quand on est loin de chez soi, on se reconnaît peut-être plus dans l’œil de l’autre”, estime Olivier Saillard. “Il y avait une grande connivence artistique dans ce format intemporel, dans ce noir et blanc, dans une forme très rigoureuse de la composition qui les unissait, dans le goût pour l’architecture industrielle”, conclut-il.
Naomi Campbell, Paris, 1992. (© Peter Lindbergh/Peter Lindbergh Foundation, Paris)
Marie-Sophie Wilson, Paris, 1988. (© Peter Lindbergh/Peter Lindbergh Foundation, Paris)
Azzedine Alaïa et Linda Spierings, Le Touquet, 1986. (© Peter Lindbergh/Peter Lindbergh Foundation, Paris)
“Azzedine Alaïa, Peter Lindbergh”, une exposition à voir jusqu’au 14 novembre 2021 à la Fondation Alaïa (Paris).
Konbini arts avec AFP