L’acteur Alain Delon est mort à 88 ans

L’acteur Alain Delon est mort à 88 ans

Monstre sacré du cinéma français mais aussi icône très critiquée, Delon a divisé toute sa vie.

Un monstre sacré du cinéma est mort, qui fascinait et divisait à la fois: l’acteur français Alain Delon s’est éteint à l’âge de 88 ans, ont annoncé dimanche matin ses trois enfants dans un communiqué commun à l’AFP.

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“Alain Fabien, Anouchka, Anthony, ainsi que (son chien) Loubo, ont l’immense chagrin d’annoncer le départ de leur père. Il s’est éteint sereinement dans sa maison de Douchy, entouré de ses trois enfants et des siens”, affirment-ils d’une même voix tout en demandant de bien “respecter [leur] intimité, dans ce moment de deuil extrêmement douloureux”. L’acteur est décédé vers trois heures du matin a précisé à l’AFP son fils Anthony.

Dernier grand monstre sacré du cinéma français, Alain Delon fascinait autant qu’il divisait. Égocentrique assumé et toujours loin des acteurs cérébraux, Delon était un instinctif de génie. Il s’enorgueillissait de n’avoir jamais travaillé sa technique et s’appuyait sur son charisme, mélange unique de beauté incandescente et de froideur cassante.

Une carrière unique qui inspira le monde 

“C’est pas un acteur normal, Alain Delon. C’est un objet de désir. Il n’est même pas ni sexy, ni masculin, ni féminin: c’est une beauté infernale”, soulignait le comédien Vincent Lindon dans le documentaire Revolvers en 2012.

Cette matière était de l’or pour les cinéastes et nombre de ses films sont des monuments du 7e art. Parmi eux, Plein soleil de René Clément (1960), qui lui donne une aura internationale, Rocco et ses frères (1960) et Le Guépard (1963) de l’Italien Luchino Visconti, ou encore La piscine de Jacques Deray (1969) dans lequel qui il partage l’affiche avec l’actrice Romy Schneider.

Le cinéaste le plus important dans sa carrière est Jean-Pierre Melville, qui le dirige dans deux chefs d’œuvre, Le samouraï (1967) et Le cercle rouge (1970), avant Un flic en 1972.

Ces rôles définissent le mythe Delon, qu’il exploitera dans de nombreux autres polars par la suite: l’homme d’honneur viril et taiseux, obligé de se battre seul contre des forces qui le dépassent. Ce personnage archétypal inspirera des réalisateurs du monde entier, comme le Hong-Kongais John Woo ou l’Américain Quentin Tarantino, alors même que le Français n’a jamais percé à Hollywood.

Une icône néanmoins très critiquée

Mais si l’acteur Delon était unanimement admiré, l’homme lui a souvent été critiqué et même jugé antipathique. Certains lui ont reproché ses prises de position, en faveur de son ami, le leader d’extrême-droite Jean-Marie Le Pen, pour la peine de mort ou contre l’homosexualité, qu’il avait qualifiée de contre-nature.

Son retour à Cannes, en mai 2019, avait d’ailleurs été précédé d’une polémique, des féministes contestant l’honneur fait à Delon. Cet homme de droite revendiqué, nostalgique des années De Gaulle, était aussi moqué pour son ego et son habitude de parler de lui à la troisième personne.

Rarissime au cinéma depuis la fin des années 90, l’acteur avait fait les gros titres à l’été 2023 quand ses trois enfants avaient porté plainte contre sa dame de compagnie parfois décrite comme sa compagne, suspectant un abus de faiblesse. Avant de se mener une bataille quant à la santé de l’acteur, affaibli un AVC en 2019.

Quelques jours avant, en mai 2019, il était revenu goûter aux lumières du tapis rouge cannois pour recevoir une Palme d’or d’honneur, entre larmes et discours aux accents testamentaires: “C’est un peu un hommage posthume, mais de mon vivant“, avait déclaré l’acteur.

“Je vais partir, mais je ne partirai pas sans vous remercier”, avait ajouté celui qui a vécu ses dernières années dans sa propriété de Douchy (Loiret), ceinte de hauts murs et dans laquelle il prévoyait de longue date de se faire enterrer, non loin de ses chiens.