Samedi 18 juin, le magazine LA Weekly a présenté publiquement ses excuses à Sky Ferreira. En cause ? Un édito aussi subjectif que sexiste au sujet de la chanteuse.
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Art Tavana est le critique musique “le plus énervé et le plus geek” du LA Weekly. Depuis trois jours, il est aussi sans soute le plus controversé de l’hebdomadaire américain.
Samedi 18 juin, le journaliste publie “Sky Ferreira’s Sex Appeal Is What Pop Music Needs Right Now” (soit “Le sex-appeal de Sky Ferreira est ce dont la musique pop a besoin aujourd’hui”), un édito dans lequel il revient sur sa fascination pour la jeune chanteuse. Mais ce qui aurait pu être une ode à son talent, à sa créativité, se transforme rapidement en une obsession dérangeante pour son corps, laissant clairement sa carrière de musicienne au second plan.
Dès les premières lignes, Sky Ferreira est comparée à Madonna non pas pour sa musique ou son attitude, mais pour ses seins :
“Sky Tonia Ferreira, 23 ans, a un nom qui sonne comme une voiture de sport chargée à la nitro, qui évoque la deuxième génération de la pop star italo-américaine Madonna, la femme la plus ambitieuse en matière de soutien-gorge rose conique. Sky et Madonna ont des seins similaires en termes de taille, avec lesquels elles peuvent causer de sérieux dégâts.
Quand Ferreira a sorti son premier album, Night Time, My Time, il y a trois ans, la pochette sur laquelle elle posait seins nus a failli faire exploser Internet. Les misogynes ont crié à une tentative désespérée pour vendre des disques ; les féministes y ont vu un coup calculé de la part d’une jeune femme provocatrice. Un troisième groupe anonyme (dont je fais partie) n’a pu s’empêcher de se remémorer les seins atomiques de Madonna – les deux nibards qui ont changé le cours de l’humanité.”
“Pourquoi ne pouvons-nous pas voir son sex-appeal comme un talent”
Art Tavana poursuit son papier en enchaînant les comparaisons entre Sky Ferreira et d’autres artistes femmes, en semblant complètement oublier que l’activité principale de son sujet n’est autre que la musique.
Elle est encore et toujours comparée à la Madone, mais aussi à d’autres grandes chanteuses comme Christina Aguilera ou Ariana Grande (qui selon le journaliste n’ont aucun talent), Britney Spears (qualifiée de “stupide produit“), Lorde (une “chanteuse indie pop dépressive“) Katy Perry ou encore Taylor Swift (“qui ont perpétuellement l’air mal à l’aise” selon l’expert).
La musique de Sky Ferreira n’est mentionnée qu’à une seule petite reprise et sans grande analyse. Mais après tout, “prétendre que l’apparence ne compte pas dans la musique pop est ridicule“, justifie Art Tavana avant de conclure son papier en apothéose :
“Pourquoi ne pouvons-nous pas voir son sex-appeal comme un talent, et non comme un privilège ? Le sex-appeal de Ferreira, comme celui de n’importe quel femme, n’est pas entièrement un cadeau de Dieu. Ce n’est pas quelque chose avec lequel elle est simplement née. Il doit être affûté et utilisé comme l’épée de Beatrix dans Kill Bill : avec une précision délicate et mortelle.”
Rapidement, l’article, qui réduit clairement la chanteuse à son physique, est montré du doigt et accusé de sexisme, certains lecteurs demandant à ce qu’il soit retiré du site.
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Traduction : @Cryptoterra : “Est-ce que les chefs d’édition ont viré le titre ‘Un nichon donne la trique à un critique musical’ ?”
@Blaquechris : “On a l’impression de lire ‘J’adore sa musique mais elle me donne vraiment une érection’.”
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Traduction : “@LAWeeklyMusic : Ce que Slash est à la guitare, @skyferreira l’est au fait d’être bonne.”
@Jesshopp : “Parmi toutes les merdes du journalisme musical en ligne, vous avez clairement remporté la compétition.”
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Traduction : “Une dernière fois pour ceux du fond : vous réduisez l’art d’une femme au fait de savoir si vous voulez la baiser ou pas, vous êtes minables.”
“Nous avons dépassé les limites”
Vingt-quatre heures seulement après cette publication, Andy Hermann, chef de la rubrique musique au LA Weekly, s’est ainsi fendu d’un papier dans lequel il avouait que lui et son confrère Art Tavana avaient “dépassé les limites” :
“Il y a une mince frontière entre être provocant et être offensant, et chaque journaliste se doit de la respecter. Quand Art Tavana a écrit un éditorial sur son obsession pour Sky Ferreira, que j’ai édité et publié hier sous le titre ‘Le sex appeal de Sky Ferreira est ce dont la pop musique a besoin aujourd’hui’, j’ai pensé que nous étions du côté de la provocation. Mais la plupart des personnes qui l’ont lu ont senti que nous étions passés du côté offensant du territoire.”
De son côté, Sky Ferreira, visiblement reconnaissante de ces excuses publiques, n’a pas hésité à remercier les deux journalistes sur son Instagram (non sans ironie), en postant le 19 juin une photo d’elle avec Madonna prise le jour où les deux avaient “comparé leurs tailles de bonnets [de soutien-gorge] “.
Deux jours plus tard, elle s’est également exprimée sur le sujet via Twitter, en affirmant notamment qu’elle était “clairement bien plus que [son] ‘sex-appeal’ ou que [ses] ‘nibards’, dont [elle n’a] par ailleurs aucunement honte“.
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