La vie douce dans la campagne islandaise documentée par Agnieszka Sosnowska

La photographe Agnieszka Sosnowska a documenté pendant vingt ans son quotidien dans la campagne islandaise et vient de publier sa première monographie aux éditions Trespasser. Photographiés avec une chambre photographique grand format, les sujets sont immortalisés avec tendresse et douceur, renforcées par la monochromie. Née en Pologne et ayant grandi à Boston, la photographe a trouvé refuge en Islande, pays où elle se sent chez elle. En pleine nature, dans le calme des paysages, Agnieszka Sosnowska rend compte de la douceur de la vie islandaise et des moments de bonheur, le tout avec simplicité.

“J’ai grandi à Boston et je suis partie en Islande il y a 25 ans sur un coup de tête. J’en suis tombée amoureuse et je suis restée. Avec mon mari islandais, j’ai choisi de vivre dans la nature, de ne pas la visiter. Cette décision n’a pas été sans épreuves. Ensemble, nous avons construit une vie dont je sens que nous ne faisons que la commencer. Chaque jour, je recherche des coins de calme. Quand j’y suis, je m’arrête et j’écoute longuement. Ces endroits existent autour de notre ferme, avec des amis et les étudiants à qui j’enseigne. Ces endroits sont mon quotidien. Ils sont mon tout”, confie la photographe.

Une forme de symbiose découle des images. On ressent fortement la dimension communautaire des images, capturées avec bienveillance. On pourrait presque entendre le vent souffler à travers la fenêtre et le clapotis de l’eau. Tout est pur, comme si tout semblait être correctement à sa place, et rien ne semble laissé au hasard. Le vieillissement d’une fenêtre ou encore l’humidité d’un mur deviennent des sujets que l’on contemple. On découvre alors la vision de Sosnowska, qui illustre à merveille le silence, la tempête et l’austérité de certains paysages. Le livre photo nous transporte dans un voyage sensoriel, qui nous fait ressentir le froid du vent, la sensation d’un bain chaud en extérieur et la fraîcheur du linge qui pend.

Le titre För, signifiant “voyage” en islandais, nous berce à la vue des paysages, mais rappelle aussi bien le voyage de la photographe, celui de quitter le Massachusetts pour se rendre en Islande et savourer un nouveau quotidien. De plus, le voyage évoque les empreintes du quotidien que nous laissons derrière nous sans en apporter une quelconque signification. Pourrait-on alors imaginer qu’Agnieszka Sosnowska serait là pour les immortaliser en leur donnant de l’importance ? L’authenticité des portraits rappelle la beauté du quotidien et la possibilité de rendre beau tout ce qui nous entoure.

La photographe nous rappelle que cette vision du voyage et de sa vie en Islande est subjective, en rythmant son livre avec des autoportraits. Elle et son mari, vieillissant durant deux décennies, permettent d’émettre une certaine temporalité lors de la lecture. On remarque que l’artiste se positionne en privilégiant le thème de la nature et de sa cohabitation avec l’humain. “En prenant ces photos, j’appartiens à un groupe. Je fais partie de quelque chose de plus grand que moi. Ces photographies sont à la fois mes mythes et ma vérité. Elles sont mon amour, mes espoirs, mes peurs et ma force”, écrit Agnieszka Sosnowska. Elle remet alors en question le fait d’appartenir à quelque chose, à un groupe, à un environnement. Cette énergie de groupe qui rend parfois plus légitime, plus fort·e.

Ce livre est le premier d’Agnieszka Sosnowska publié par la maison d’édition Trespasser, qui a le don d’éditer des livres photo sensibles mettant toujours en avant les détails du monde que l’on ne prend pas assez le temps d’observer. Les rencontres, l’amour, les histoires que les gens racontent et qui prennent de l’importance lorsqu’elles sont immortalisées avec justesse et finesse sont les thèmes principaux du catalogue de la maison d’édition Trespasser.