En 2014, alors qu’elle n’avait que 13 ans, Malak Mattar est restée enfermée chez elle pendant 51 jours, tandis que la bande de Gaza, dont elle est originaire, ployait sous les tirs de l’armée israélienne.
À voir aussi sur Konbini
Terrorisée par les conflits et le sang versé chaque jour tout autour de chez elle (selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), 1 462 citoyen·ne·s palestinien·ne·s – dont un tiers d’enfants – ont été tué·e·s entre le 8 juillet et le 26 août 2014), l’adolescente a “ressenti le besoin de relâcher toute son énergie négative” en peignant, rapporte sa biographie.
© Malak Mattar
En quelques semaines, elle réalise 300 peintures. Ses premières œuvres étaient “assez violentes et infusées de sang”, détaillait-elle en juin 2021 à GQ. Désormais âgée de 21 ans, la peintre concède que ses créations ont beaucoup évolué. Quoi qu’il en soit, son pays d’origine et les atrocités qu’il connaît restent au cœur de son travail :
“Je ne peins pas en dépit de la guerre et de l’occupation. Je peins à cause de cela. Puisque je vis en période de guerre, une grande partie de moi veut documenter tout ça. J’ai l’impression que tout ce que je fais me survivra, survivra à tout le monde. Même un portrait qui n’a rien à voir avec la situation en question devient un élément de documentation, parce que c’est moi qui l’ai peint”, explique-t-elle.
© Malak Mattar
Ses personnages de femmes aux traits graphiques et au regard inquisiteur voyagent hors de Gaza et de la Palestine. Deux ans seulement après avoir commencé à peindre, Malak Mattar peut enfin vivre de son art, en toute indépendance.
Raconter des histoires, malgré tout
Partageant ses œuvres sur les réseaux sociaux, la peintre connaît un succès international et son travail a été exposé à “Jérusalem, en France, en Espagne, en Turquie, au Costa Rica, en Inde, au Royaume-Uni et dans onze États américains”, précise-t-elle.
Cette reconnaissance, qu’elle accueille comme une bénédiction, charrie sont lot de responsabilités. Ce sont d’ailleurs ces “responsabilités” qui l’ont, selon elle, “fait grandir si vite”. “Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années” et Malak Mattar a déjà le recul nécessaire pour ne pas vouloir être qu’une “ambassadrice” de la “tragédie” qui est pour elle intrinsèquement liée à Gaza : “Ce que j’aime, c’est créer et raconter des histoires.”
“Autoportrait”. (© Malak Mattar)
© Malak Mattar
Malak Mattar. (© Maha Sliem)
Vous pouvez retrouver le travail de Malak Mattar sur son compte Instagram et sur Etsy.