La justice new-yorkaise a annoncé vendredi la restitution de deux dessins de l’artiste autrichien Egon Schiele (1890-1918) qui avaient été volés par l’Allemagne nazie et exposés dans des musées aux États-Unis. Fille aux cheveux noirs (1911), dessin au crayon détenu par l’Allen Memorial Art Museum de l’université Oberlin dans l’Ohio et estimé à 1,5 million de dollars, et Portrait d’un homme (1917) qui était au Carnegie Museum of Art de Pittsburgh, d’une valeur d’un million de dollars, ont été rendus aux héritier·ère·s du collectionneur d’art juif autrichien et artiste de cabaret Fritz Grünbaum, assassiné par les nazis. “C’est une victoire pour la justice et la mémoire d’un artiste courageux, d’un collectionneur d’art et d’un opposant au fascisme”, s’est félicité dans un communiqué du parquet de Manhattan Timothy Reif, un membre de la famille de Fritz Grünbaum, tué à Dachau en 1941.
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Le 20 septembre dernier, le parquet de l’État de New York pour l’arrondissement de Manhattan du procureur Alvin Bragg avait annoncé que le musée d’art moderne de New York (MoMA), la Morgan Library de New York, le musée d’art de Santa Barbara (en Californie), la collection Ronald Lauder et le fonds Vally Sabarsky à Manhattan avaient rendu sept œuvres de Schiele, figure de l’expressionnisme autrichien. Une huitième a été restituée directement à la famille Grünbaum par le collectionneur Michael Lesh en octobre, rappelle un communiqué de M. Bragg.
Six dessins, dont des aquarelles, ont été vendus aux enchères en novembre chez Christie’s, à New York. Le procureur Bragg s’est réjoui que son parquet – en lutte depuis des années contre le vol et le trafic d’œuvres d’art du monde entier – ait pu en quelques mois “restituer dix pièces volées par les nazis” à Fritz Grünbaum en Autriche en 1938 et revendues ensuite pour financer une partie de la machine de guerre allemande. Les héritier·ère·s de Grünbaum, artiste autrichien de cabaret et grand collectionneur d’art, se battent en justice depuis des décennies pour recouvrer la possession de ses œuvres, surtout des dessins de Schiele.
Fritz Grünbaum avait été forcé de signer une procuration au profit de sa femme, Elisabeth. Cette dernière avait été ensuite obligée de remettre toute la collection aux nazis avant d’être déportée et tuée au camp de concentration de Maly Trostinec, près de Minsk, au Bélarus. Les héritier·ère·s avaient plusieurs fois échoué en justice aux États-Unis mais après l’adoption de la loi “Hear” par le Congrès en 2016, la justice new-yorkaise leur avait donné raison pour deux premières œuvres rendues en 2018.